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Économie
Décryptage

Sadiq Khan en opération séduction à Paris après le déclenchement du Brexit

Sadiq Khan, le maire de Londres, mène une tournée-express de 48 heures à Paris. Avec des annonces communes sur le tourisme, les start-up et l’environnement. Objectif: rassurer la communauté financière alors que Theresa May envoie sa lettre de divorce à Bruxelles.

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Anne Hidalgo et Sadiq Khan en visite à Paris, le 29 mars 2017.

Les deux maires ont inauguré un plan de développement économique et touristique commun, destiné à consolider les liens entre Paris et Londres.

Francois Mori/AP/SIPA

L’offensive de charme est enclenchée. Et le parcours millimétré. Ce mercredi 29 mars -le jour même où la lettre de divorce signée par la Première ministre Theresa May a été transmise au président du Conseil européen Donald Tusk- Sadiq Khan est en visite officielle à Paris, pour à peine 48 heures. Avec un leitmotiv: démontrer que la capitale britannique, dont il est maire depuis mai 2016, reste "ouverte et multiculturelle" malgré la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. En sous-texte, il s'agit aussi pour lui d'envoyer un message d'ouverture aux entreprises issues des quatre coins du monde.

Pour ce faire, son agenda a été dûment calibré. Mardi, en fin d’après-midi, l’élu travailliste arrive –en retard– en Eurostar de Bruxelles, où il a rencontré des haut-fonctionnaires, tels Antonio Tajani, président du Parlement européen, Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne, ou encore Maros Sefcovic, vice-président de la Commission. Celui qui s'était engagé dans le camp du "Remain", lors de la campagne pour le référendum sur la sortie de l’Union, a alors promis que "Londres sera toujours un partenaire clé pour Bruxelles et toutes les nations européennes bien après le Brexit".

"Paris-London Business welcome"

Son homologue de Paris, Anne Hidalgo, vient l’accueillir sur le quai de la Gare du Nord. Le temps de quelques poses photos, et une déclaration commune. "Même si nous avons choisi de quitter l’Union européenne, nous n’allons pas cesser d’être des amis", déclare Sadiq Khan, au pied du train. "J’ai choisi de construire avec Sadiq Khan quelque chose qui soit de l’ordre du gagnant-gagnant après le Brexit, parce que Paris est une capitale économique, Londres est une capitale économique, et nos entreprises, nos milieux économiques ont aussi besoin de coopération, même si la compétition existe", souligne Anne Hidalgo, à ses côtés. De fait, les deux tech cities sont bien en concurrence frontale, rivalisant d'inaugurations de nouveaux incubateurs, accélérateurs, et espaces de coworking. Et en levées de fonds: Paris rattrape presque Londres, avec 2,7 milliards d'euros levés, contre 3,2 milliards par sa rivale.

Les deux maires ont inauguré un plan de développement économique et touristique commun, destiné à consolider les liens entre Paris et Londres. Pour cela, officiellement, Paris&Co, l’agence de développement économique de Paris, et son homologue London&Partners ont travaillé main dans la main. Côté tourisme, des "campagnes communes de promotion" seront lancées pour démontrer l’attractivité des deux villes.

Mais l’opération séduction vise surtout à rassurer le monde des affaires. Nom de code de l’opération: "Paris-London Business welcome". Il s’agit d’aider les start-up basées à Paris et à Londres à s’installer dans l’autre capitale. Avec des mesures concrètes, comme une aide à l’installation dans les deux villes, des aides au logement, des opportunités de networking, des tarifs préférentiels pour les trajets en Eurostar entre les deux villes, ou encore un accès à des tarifs préférentiels dans les espaces de coworking, ces espaces de travail collaboratif. Une mesure cruciale, alors que l’accès à ces bureaux partagés a un prix: en moyenne 500 livres (577 euros) par bureau et par mois à Londres.

"Il ne faut pas sous-estimer les opportunités incroyables qui s'ouvrent aux métropoles qui décident de travailler ensemble", estime Sadiq Khan. Cette collaboration n’est pas nouvelle: déjà, le 25 août dernier, tous deux s’étaient promis de travailler ensemble, rassemblés ce jour-là sous la verrière de la Halle Freyssinet, qui accueillera Station F, "l’incubateur aux 1.000 start-up" qui doit ouvrir ses portes fin juin.

Puis Sadiq Khan a entamé sa soirée par un discours sous les ors de l’ambassade de Grande-Bretagne, dans l’Hôtel de Charost, fastueux hôtel particulier sis à quelques encablures de l’Elysée. Là, en continu, un écran a diffusé des témoignages d’entrepreneurs français qui ont développé leur activité à Londres. Tels Maxime Holder, patron de la chaîne de boulangeries Paul, ainsi que Marie Bolloré, qui dirige l'activité véhicules électriques dans l’entreprise familiale.

Tournée business

Le maire de Londres s’est exprimé devant une nuée de venture capitalists et start-uppers anglais et français, qui ont fait le déplacement pour l’occasion. De fait, l’ambassade les accueillait ce matin pour une demi-journée de tables rondes et de discussions sur les investissements dans les start-up à Paris et à Londres. A l’ordre du jour, ce programme de business commun.

Mais Sadiq Khan est longuement revenu, avec émotion, sur l’attentat qui a frappé Westminster mercredi dernier, et a tué quatre personnes –suite auquel il a failli reporter son déplacement à Paris. "Des individus ont voulu détruire notre mode de vie. Les victimes mercredi dernier étaient originaires du Royaume-Uni, de France, de Chine, des Etats-Unis. Londres reste la ville la plus diverse au monde."

Ce mercredi, il a poursuivi sa tournée business à Paris, chez "des super entreprises françaises qui travaillent avec nous à Londres", annonçait-il hier soir. Il s’est entretenu ce matin avec Vincent Bolloré, patron du groupe Bolloré, au siège de Vivendi. Puis, lors d’une conférence de presse, il a dévoilé avec Anne Hidalgo et Park Won Soon, maire de Séoul, et en présence de constructeurs automobiles, un plan commun de lutte contre la pollution automobile. Les voitures seront classées en fonction de leur niveau d'émissions réelles de particules polluantes. Et les deux villes ont pris des mesures pour améliorer la qualité de l'air, Paris interdisant les voitures sur les bords de Seine et Londres planifiant une nouvelle "redevance sur les émissions" pour les véhicules qui ne satisfont pas aux normes minimales.

En fin de matinée, il s’est entretenu avec Emmanuel Macron, "pour discuter du travail continu entre Londres et la France post-Brexit", relate-t-il sur son compte Twitter. Certains y verront sans doute une forme d’adoubement du candidat à la présidentielle.

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