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Dans la bibliothèque de… Bernard Pivot

© Alexandre Isard / Paris Match
Valérie Trierweiler , Mis à jour le

Il publie « La mémoire n’en fait qu’à sa tête » et nous a ouvert son temple des lettres. Visite privée.

"Cela ne m’est jamais venu à l’esprit de compter." Non, Bernard Pivot n’a aucune idée du nombre d’ouvrages que contient sa bibliothèque, ou plutôt ses bibliothèques. Son appartement parisien en compte deux : l’une dans le salon et l’autre, plus fournie, dans son bureau. Il faut encore ajouter celle de sa maison du Beaujolais. Mais restons à Paris. C’est là que, chaque jour, une dizaine de livres, au bas mot, arrivent. Quand on est président de l’Académie Goncourt, on devient le lecteur le plus courtisé de France. Pas un n’échappe à sa curiosité. Avec une joie sans cesse renouvelée, il ouvre lui-même les enveloppes (comme lorsqu’il animait « Apostrophes »), lit la quatrième de couverture et se fait rapidement une idée. « Je garde environ trente à quarante livres par an, pas plus. » N’entre pas qui veut dans la bibliothèque du grand Pivot ! Alors, il conserve ceux des amis et ceux qui passeront à la postérité. Les autres sont donnés aux prisons.

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Curieusement, la bibliothèque du salon ne déborde pas. Ni poussière ni volume posé sur la tranche. Pas d’enfer, et même des espaces vides. « Ah, mais oui, bien sûr, il faut des trous pour accueillir les nouveaux arrivants. » Tout est organisé avec minutie et méthode. Un genre par rayonnage, les auteurs classés par ordre alphabétique. Il ne faut jamais longtemps à l’ancien animateur télé pour en retrouver un. A droite de la cheminée, une étagère entière est réservée à la Pléiade. « Mais je préfère lire en édition normale. Sauf quand je cherche une citation.

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C’est dans la Pléiade que j’ai trouvé pourquoi Camus avait appelé son personnage Meursault. » Un peu plus loin, une étagère accueille les ouvrages consacrés… au vin. Une autre, derrière la grande table, abrite les Folio allant de Le Clézio à Sollers. A côté, tous les livres dont il a extrait une citation pour son dernier ouvrage, « La mémoire n’en fait qu’à sa tête ». De chacun dépasse un marque-page. « Vous avez vu, il y a Louise Labé. » Les quelques piles entreposées à même le sol sont en cours d’examen. « Les livres politiques, je les mets directement sur la pile “à donner”. »

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Livre
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Dans le bureau trônent ses ouvrages favoris : les dictionnaires. « Pas une journée sans en ouvrir un, c’est aussi naturel pour moi que boire un verre d’eau. » Il y en a sur tout ! Les mots, bien sûr, mais aussi des dictionnaires érotiques, de l’argot ou des injures : « Celui-là est formidable ! » En face, un rayon consacré à la mort. Et une très grande place est accordée à la poésie : Rimbaud, Baudelaire, Apollinaire ou Jaccottet. Ceux qu’il sort le plus souvent des rayonnages, avec les romans de Modiano. Juste en face, la littérature. Le classement alphabétique entretient de curieuses relations : Marc Levy se frotte à BHL et Duras à Dutourd. « Ces deux-là sont morts, donc ça va. » Tous les classiques ont leur place. Y compris Proust, avec lequel Pivot ne s’est jamais senti à son aise. « Quand on est fils d’épicier et qu’on le lit, on est transporté dans un autre monde. Je me sens sociologiquement plus près de Balzac, Maupassant ou Zola. » Il faut se baisser pour trouver ses propres livres. En revanche, celui dont il est le plus fier est de sa fille Cécile, « Comme d’habitude », un récit éblouissant consacré à son fils autiste.

« La mémoire n’en fait qu’à sa tête », de Bernard Pivot, éd. Albin Michel, 240 pages, 18 euros.

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