Pesticides : vivre en zone agricole augmenterait le risque de Parkinson

VIDÉO. Les agriculteurs et viticulteurs ne sont pas les seules victimes des produits qu'ils répandent sur leurs terres. Tous les riverains sont concernés.

Par

L'exposition aux pesticides dans l'athmosphère augmente le risque de développer la maladie de Parkinson. 
 
L'exposition aux pesticides dans l'athmosphère augmente le risque de développer la maladie de Parkinson.    © SIPA

Temps de lecture : 3 min

Le « bon air de la campagne » n'est plus qu'une vaine expression. L'atmosphère y est malheureusement chargée de pesticides néfastes pour la santé. Le lien entre pesticides et risque accru de développer la maladie de Parkinson est démontré depuis un certain temps pour les agriculteurs et les ouvriers agricoles. Cette affection est même inscrite, dans notre pays, au tableau des maladies professionnelles chez les travailleurs de la terre. Selon une nouvelle étude, tous les habitants des régions où l'activité agricole est importante auraient également un risque plus élevé que la moyenne de développer cette maladie neurodégénérative. Ce travail a été réalisé par une équipe francilienne dirigée par Alexis Elbaz*.

La newsletter débats et opinions

Tous les vendredis à 7h30

Recevez notre sélection d’articles tirée de notre rubrique Débats, pour comprendre les vrais enjeux du monde d’aujourd’hui et de notre société

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

L'étude n'a pas été simple à mener, car la maladie est relativement peu fréquente. Rarissime avant 45 ans, elle atteint 1 % des plus de 65 ans et connaît un pic autour de 70 ans. Entre 100 000 et 120 000 personnes sont touchées en France et environ 8 000 nouveaux cas se déclarent chaque année. De plus, les spécialistes ne disposent pas de moyens simples pour recenser les patients diagnostiqués. Alexis Elbaz et ses collègues se sont donc basés sur le nombre de personnes nouvellement traitées par des médicaments antiparkinsoniens dans chaque canton français, entre 2010 et 2012 (données issues des bases de l'Assurance maladie). Ils ont ensuite utilisé le recensement agricole national conduit par le ministère de l'Agriculture, en 1988 puis en 2000, pour caractériser l'activité agricole sur chacun de ces territoires. Ils ont ainsi pu établir un lien entre le nombre de malades et l'importance et la nature de l'activité agricole pour chaque canton.

Les régions viticoles les plus à risque

Leur constat est sans appel : plus la surface allouée à l'agriculture est élevée, plus le nombre local de cas est important. Et l'association semble plus prononcée avec certaines cultures, comme celle de la vigne. Dans les régions viticoles, l'incidence du Parkinson serait augmentée d'environ 10 %. « Cette dernière relation est la plus marquée chez les plus de 75 ans. » « Peut-être les personnes les plus âgées ont-elles été exposées plus longtemps que les autres, notamment à des pesticides toxiques qui sont aujourd'hui interdits, comme les organochlorés », avance Alexis Elbaz. « Par ailleurs, il est possible que le poids des facteurs environnementaux soit plus important après 75 ans, tandis que la susceptibilité génétique pourrait jouer un rôle plus important pour les cas survenant chez les plus jeunes. »

Toutefois, les chercheurs estiment qu'il faut interpréter ces résultats avec prudence. Ils jugent nécessaire de confirmer ce sur-risque avec des études conduites à la fois à partir de données individuelles et sur les pesticides les plus à risque. « On dispose souvent de données sur la toxicité aiguë des produits chimiques, mais celles concernant leur neurotoxicité font souvent défaut », regrettent les auteurs. De telles informations seraient utiles pour écarter les composés les plus à risque pour les agriculteurs, et pour la population générale.

LIRE aussi : Lutte contre les pesticides : l'agriculture toujours dispensée


* CESP (U1018 Inserm/Université Paris-Sud/Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), Hôpital Paul-brousse, Villejuif ; Santé publique France, Direction santé travail, Saint-Maurice

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (6)

  • Abrraccourcix

    Je vis dans une région très agricole, et je ne vois pas déambuler de parkinsoniens, nulle part. De plus, au delà de 75 ans est la période d'apparition la plus courante, et l'allongement de l'espérance de vie augmente normalement le nombre de cas.
    Toutes ces catastrophes sanitaires mises sur le dos des agriculteurs, qui ont des concurrents à six pattes et bien d'autres, n'ont aucune incidence sur l'espérance de vie, qui continue d'augmenter. Qu'on m'explique !

  • Pierre l'Alpin

    Une suggestion : effectuer un recensement de parkinson sur la population des travailleurs agricoles connus, et non pas sur la population totale fantaisiste.
    Ça serait pas plus simple, plus rapide et plus fiable ?
    - Et ça ne surprendra plus l'exploitant agricole que je suis.

  • syrcins

    L'environnement, c'est de la responsabilité de tous, et particulièrement de ceux qui jouent les effarouchées sur le thème "c'est scandaleux, ils vont tous nous tuer"...