Le fléau des punaises de lit à Paris : un phénomène «explosif»

Les punaises de lit empoisonnent la vie de centaines de personnes à Paris. 

Paris, vendredi 31 mars 2017, rue Nationale (XIIIe). Voici un pot de punaises (vivantes) récupérées dans un des appartements infestés.
Paris, vendredi 31 mars 2017, rue Nationale (XIIIe). Voici un pot de punaises (vivantes) récupérées dans un des appartements infestés. LP/C.C.

    Il y a quelques années, on n'en entendait pas parler. Et puis, là, c'est «explosif», des termes même d'un spécialiste. Les punaises envahissent Paris, les appartements, les lits, les sommiers, les meubles et… piquent les jambes, les mains des Parisiens. Pour certains, c'est une vie de misère (lire ci-dessous).
    Ce vendredi, au pied d'un immeuble HLM de la RIVP (Régie immobilière de la ville de Paris), rue Nationale (XIIIe), un matelas infesté traînait sur le trottoir, descendu par un résident. «C'est presque tous les jours !», se lasse Michel, l'une des victimes.

    «On pense qu'elles viennent d'Amérique du Nord»

    Le phénomène est assez récent : «ça fait deux à trois ans, décrypte Olivier Perret, directeur territorial Nord de la gérance. On pense que les punaises viennent d'Amérique du Nord». Ce que confirme une gérante d'hôtel de la rive gauche qui se bat régulièrement avec les bestioles, «ramenées à chaque fois par des touristes américains». Mais «Punaise land» n'est pas à quelques encablures de la tour Eiffel, mais à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne). Eurodisneyland Paris est infesté de punaises de lit et passe son temps à traiter les chambres de son parc hôtelier après le passage de ses hôtes… Américains.

    Une solution : la congélation

    Reste qu'à Paris, l'affaire est prise au sérieux. La RIVP, le deuxième plus gros bailleur de la capitale, qui a 200 immeubles touchés sur son millier d'immeubles, soit 20 %, de son patrimoine, a lancé une campagne de communication en direction des gardiens et d'affichage en direction de ses locataires : «Éradiquer les punaises de lit, c'est urgent !». Mais surtout la RIVP expérimente ce qui s'annonce comme une arme fatale contre les punaises : la congélation ! «C'est un procédé canadien, détaille Olivier Perret. C'est une chambre froide géante dans laquelle on plonge les sommiers et meubles des locataires. À - 25°C, les punaises ne survivent pas».

    La RIVP n'est pas le seul à se battre contre les vilains insectes. Paris Habitat et les autres bailleurs sociaux doivent y faire face ainsi que les copropriétés, les institutionnels, les hôtels… Voyant ce nouveau marché, certaines sociétés de désinsectisation franciliennes, plus habituées aux problématiques souris, rats et cafards, s'équipent, se forment et se sont même lancées dans l'élevage de chiens renifleurs de punaises !

    Aujourd'hui, le nouveau marché pourrait avoir de beaux jours devant lui… Notamment à cause d'un certain flou juridique… qui pénalise les locataires. «Le traitement est "une charge locative"», indique la RIVP. «Au-dessus d'un certain seuil, on prend les choses en charge», insiste Olivier Perret. Le bailleur a traité un immeuble infesté, rue Compans (XIXe) qui l'est d'ailleurs à nouveau… 312 logements. Coût total de l'opération : 170 000 euros.

    «Ça fait deux ans que je dors avec des gants et des chaussettes»