Le taux de chômage a continué à augmenter à un rythme ralenti en métropole (+0,1 point) pour atteindre au 3e trimestre 10,5% de la population active, alors que celui des jeunes est resté stable à 24,5%, a annoncé jeudi l'Insee.

Le chômage est à un niveau record en France

afp.com/Pascal Guyot

Le nombre des inscrits à Pôle emploi fin janvier 2014 a encore augmenté en janvier (+8.900 chômeurs sans activité, soit +0,3% sur un mois). A un mois des municipales, alors que le gouvernement a échoué à inverser la courbe du chômage à la fin de l'année 2013 - +10.200 nouveaux chômeurs en décembre -, c'est un premier rendez-vous à haut risque pour le gouvernement. "Nous allons faire reculer le chômage en 2014", a assuré ce matin le ministre du Travail, Michel Sapin.

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>> Infographie:L'évolution de la courbe du chômage sous François Hollande

Le chômage sera donc sous les feux récurrents de l'actualité cette année. Voici un petit lexique pour comprendre les enjeux des chiffres publiés et décrypter les éléments de langage du gouvernement.

1. Chômeur

Qu'est-ce qu'un chômeur ? Une personne qui n'a pas de travail, diriez-vous spontanément. La définition statistique est plus complexe. Un chômeur est considéré comme actif, par opposition aux inactifs (retraités, étudiants, personnes invalides). C'est un actif n'ayant pas d'emploi et qui en recherche un activement. Les frontières entre l'emploi, le chômage et l'inactivité sont cependant assez floues.

Il existe ainsi ce qu'on appelle le "halo du chômage": ce sont des personnes sans emploi qui souhaiteraient travailler, mais qui ne sont pas classées comme chômeurs. Le plus souvent, c'est parce qu'elles ne recherchent pas d'emploi, quelquefois parce qu'elles attendent le résultat de démarches antérieures. Les autres recherchent un emploi, mais ne sont pas disponibles, généralement parce qu'elles poursuivent des études ou suivent une formation, ou parce qu'elles gardent leurs enfants. D'autres personnes sont en "sous-emploi" ce sont des personnes qui travaillent à temps partiel et qui souhaitent travailler plus, qui ont contre leur gré travaillé moins que d'habitude, pour cause de chômage partiel.

2. Catégories A, B et C

Chaque mois, Pôle emploi publie le nombre d'inscrits sur ses listes. Les chômeurs sont répartis par catégorie. La catégorie A correspond aux demandeurs d'emplois n'ayant pas du tout travaillé au cours du mois. Ils étaient 3,3 millions fin décembre. C'est le chiffre qui fait référence. Pour autant, il ne faut pas oublier les autres catégories, qui correspondent aux demandeurs d'emploi en activité réduite (mois de 78 heures travaillées au cours du mois pour la catégorie B, plus de 78 heures pour la catégorie C), aux demandeurs d'emploi en stage, formation, en arrêt maladie, en convention de reclassement personnalisé (CRP), en contrat de transition professionnelle (CTP) ou en contrat de sécurisation professionnelle (CSP) (catégorie D), et aux demandeurs d'emploi en contrat aidés ou en création d'entreprise (catégorie E). Au total, fin décembre, on comptait 5,56 millions de demandeurs d'emploi en France.

3. Radiations administratives

Un chômeur est radié des listes de Pôle emploi lorsqu'il ne répond pas à une convocation, lorsqu'il fait une fausse déclaration ou lorsqu'il refuse une offre "raisonnable" d'emploi (motif ajouté par la droite sous Nicolas Sarkozy en 2008), une formation, un contrat d'apprentissage ou de professionnalisation, un contrat aidé, une action d'insertion. La suspension qui en découle peut aller de 15 jours à 12 mois suivant la cause. Les radiations administratives sont montées en flèche en décembre (+60.000 contre +40.000 en moyenne), en raison d'un redressement statistique dû au changement des règles de gestion. La radiation est une sanction.

Même si les radiations font couler beaucoup d'encre, le principal motif des sorties de Pôle emploi reste la cessation d'inscription pour défaut d'actualisation (environ 200.000 chaque mois). Cela intervient quand le demandeur d'emploi n'a pas actualisé sa déclaration de situation mensuelle. Chaque mois, tous les demandeurs d'emploi sont tenus de renouveler leur inscription et d'actualiser leur situation. Ils disposent d'environ 15 jours pour porter à la connaissance de Pôle emploi les changements affectant leur situation et susceptibles d'avoir une incidence sur leur inscription. Une relance de Pôle emploi est réalisée environ 5 jours avant la date limite d'actualisation. Celui qui oublie de le faire ou le fait avec retard sort automatiquement de la liste. Il peut se réinscrire immédiatement.

4. Chômeurs indemnisés

Tous les demandeurs d'emploi ne sont pas indemnisés. La règle actuelle est 1 jour cotisé = 1 jour indemnisé. Il faut néanmoins avoir cotisé au moins quatre mois pour bénéficier de l'assurance chômage, et la limite est de deux ans. Au-delà, les chômeurs tombent dans les minima sociaux. Fin décembre, il y a avait 802.700 inscrits à Pôle emploi ayant droit au RSA. Près de 3 millions de demandeurs d'emploi étaient indemnisés par Pôle emploi (chômage, formation ou pré-retraite).

5. Chômeurs de longue durée

Un demandeur d'emploi inscrit 12 mois ou plus sur les listes de Pôle emploi est qualifié de chômeur de longue durée. S'il est inscrit depuis 24 mois ou plus, il est considéré comme chômeur de très longue durée. Fin décembre, plus de 2 millions de demandeurs d'emplois étaient inscrits depuis plus d'un an à Pôle emploi (+13,3% en un an), un record. Parmi eux, 591.000 personnes étaient au chômage depuis plus de trois ans. La durée moyenne d'inscription à Pôle emploi est de 511 jours, soit 33 de plus que fin 2012.

6. Taux de chômage

La notion de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle Emploi est différente de celle du taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT), publié chaque trimestre par l'Insee: certains demandeurs d'emploi ne sont pas chômeurs au sens du BIT et inversement certains chômeurs au sens du BIT ne sont pas inscrits à Pôle emploi. Le chômage au sens du BIT constitue un indicateur de référence pour l'analyse des évolutions du marché du travail, les comparaisons internationales, et est considéré comme plus pertinent par les économistes. Le BIT considère qu'une personne est au chômage si elle est sans emploi, qu'elle en recherche un et qu'elle est disponible pour travailler. Il ne prend pas en compte les demandeurs d'emploi ayant eu une activité réduite, ce qui rapproche sa définition de la Catégorie A de Pôle emploi. Le taux publié par l'Insee est calculé à partir d'une enquête réalisée auprès de 100.000 personnes de 15 ans et plus. Ce taux s'élevait à 10,9% en France (y compris Dom) au troisième trimestre 2013. Le taux pour le quatrième trimestre sera publié le 6 mars.

7. Boîte à outils

Que fait le gouvernement pour lutter contre le chômage? Il a mis en place une "boîte à outils", selon les termes utilisés par Michel Sapin: 340.000 emplois aidés classiques, 50.000 emplois d'avenir supplémentaires, 100.000 formations d'urgence pour les chômeurs et une accélération du contrat de génération, dont le dispositif vient d'être modifié pour bénéficier plus aux entreprises de taille moyenne.

8. Pacte de responsabilité

Le traitement social du chômage n'ayant pas vraiment fonctionné en 2013, sauf un peu pour les jeunes - le nombre d'inscrits à Pôle emploi de moins de 25 ans est en baisse de 0,3% sur un an -, le gouvernement a changé de braquet en début d'année: il mise désormais sur les entreprises. Le pacte de responsabilité proposé au patronat - un allègement du coût du travail de 30 milliards d'euros pour favoriser les embauches -, fait figure d'arme ultime. Le gouvernement n'a pas donné d'objectifs chiffrés, mais le Haut conseil pour le financement de la protection sociale a d'ores et déjà prévenu que la baisse des cotisations ne jouera que de façon limitée sur les créations d'emplois. Ses estimations vont de 134.000 à 300.000 emplois préservés ou créés.

9. Tendance

Depuis plusieurs mois, l'exécutif préfère regarder les chiffres en tendance sur plusieurs mois. "Ce qui compte, ce sont les tendances, ce qui se passe mois par mois n'a pas d'intérêt", a encore redit Michel Sapin. Le mois dernier, le ministre du Travail. Ainsi, l'évolution des demandeurs d'emploi sans aucune activité est passée de +30.000 par mois au 1er trimestre 2013, à +18.000 par mois au 2e, +5.500 par mois au 3e trimestre et +2500 par mois au quatrième, aime à rappeler le gouvernement. Certes, l'augmentation du chômage a été moins forte en 2013 qu'en 2012, mais 177.800 chômeurs sans activité supplémentaires ont quand même poussé la porte de Pôle emploi l'an dernier.

10. Croissance

La prévision de croissance du gouvernement pour 2014 est de 0,9%, celles des organismes internationaux vont de 0,8% à 1,1%. "Avec 1% de croissance, il est possible de créer de l'emploi", a affirmé aujourd'hui Michel Sapin. " On commence légèrement en dessous de 1% à créer des emplois. A partir de 0,7 ou 0,8%, explique à L'Expansion Peter Jarrett, économiste à l'OCDE. Mais compte tenu de la forte natalité française, avec un nombre de jeunes sur le marché du travail plus élevé que celui des départs à la retraite, ce n'est pas suffisant pour stabiliser le taux de chômage. Avec 1% de croissance en 2014, il devrait augmenter de quelques dixièmes. Il faudrait 1,4% pour le stabiliser. " Les économistes estiment généralement que 1,5% est nécessaire pour faire refluer le chômage.

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