Un Airbus d'EasyJet et un Boeing de Ryanair, le 6 juillet 2015 sur le tarmac de l'aéroport de Lille-Lesquin, dans le nord de la France

Un Airbus d'EasyJet et un Boeing de Ryanair, le 6 juillet 2015 sur le tarmac de l'aéroport de Lille-Lesquin, dans le nord de la France

afp.com/DENIS CHARLET

La compagnie irlandaise Ryanair et la britannique EasyJet ont engagé une campagne de lobbying intense pour que les négociations sur un nouvel accord sur le transport aérien figurent parmi les priorités dans les discussions entre l'UE et la Grande-Bretagne.

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La perspective d'une sortie de la Grande-Bretagne de l'UE hérisse le directeur général de Ryanair, Michael O'Leary. D'ores et déjà la compagnie a annoncé geler les créations d'emplois en Grande-Bretagne où elle opère depuis 19 aéroports. Et désormais, Ryanair (qui prévoit de transporter 44 millions de passagers en 2017 de et vers des aéroports britanniques) envisage même, en cas d'échec des négociations entre l'UE et le Royaume Uni, qu'il n'y ait plus "de vols vers et en provenance du Royaume-Uni" à partir de mars 2019.

"Graves perturbations" à prévoir selon Barnier

Mais "en l'absence, très improbable, d'accord, les services de transport aérien entre le Royaume Uni et chacun des Etats membres de l'UE seraient régis par les cadres bilatéraux préexistants", indique un expert du secteur sous couvert de l'anonymat tout en soulignant l'aspect inédit de la situation.

A quelques jours du déclenchement officiel du Brexit intervenu mercredi, le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier lui même a mentionné de "graves perturbations du trafic aérien vers et depuis le Royaume-Uni" parmi les conséquences d'une absence d'accord entre l'UE et la Grande-Bretagne sur la question des nouvelles frontières de l'Union.

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Le marché unique du transport aérien avait ouvert la voie, à la fin des années 80 à la révolution low cost. En 1992 il avait autorisé l'accès aux liaisons aériennes intra-communautaires, avec une libéralisation des tarifs, puis en 1997 l'accès au marché intérieur de chaque État. Une vingtaine d'années plus tard, Ryanair s'est hissée au premier rang des transporteurs européen avec 117 millions de passagers transportés en 2016.

"Lobbying actif" chez Ryanair et EasyJet

Ce qui va poser problème pour les compagnies britanniques "c'est d'opérer au sein de l'Union Européenne des vols qui partent d'un point en dehors du Royaume-Uni", souligne Stéphane Albernhe, Partner transport aérien au sein du cabinet Archery Strategy Consulting.

Pour l'heure, Ryanair et easyJet sont "entrées dans une phase de lobbying actif, elles font du bruit, se mettent sur les écrans radar, et c'est ce qu'elle peuvent faire de mieux actuellement, car la période qui s'annonce va être compliquée en terme de négociations", souligne Stéphane Albernhe. Pour "sécuriser ses droits de trafic en Europe", EasyJet s'est engagée depuis plusieurs mois dans la quête d'un Certificat de transporteur aérien (CTA) dans un autre pays de l'UE.

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Se pose aussi le problème, des liaisons avec les Etats-Unis réglementées depuis 2007 par l'accord "ciel ouvert" entre l'Union Européenne et les Etats-Unis. Sans compter les difficultés liées à la détention des capitaux des compagnies qui doivent être "communautaires", c'est-à-dire détenues et contrôlées par des Etats membres de l'UE ou leurs ressortissants pour garder leur place au sein du marché unique du transport aérien. "Il faudrait en théorie déconstruire certains Meccanos industriels qui ont été montés dans ce secteur", commente Stéphane Albernhe. Un sacré chantier en perspective.

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