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« Je vote Le Pen pour leur montrer que la France n’est pas contente »

Dans les Corbières, le choix du Front national est « un vote de protestation contre l’abandon de la ruralité ».

Par  (Fontiès-d’Aude, Comigne (Aude), envoyée spéciale)

Publié le 04 avril 2017 à 10h25, modifié le 04 avril 2017 à 10h25

Temps de Lecture 5 min.

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Le dégoût est omniprésent. Comme un haut-le-cœur général. Dans le vignoble de l’Aude, les « tripatouillages » politiques qui minent la campagne présidentielle, font au mieux lever les yeux au ciel. Au pire, ils viennent alimenter une colère déjà bien ancrée à trois semaines du premier tour et récupérée ici par le Front national. De nombreux petits villages viticoles ont vu une percée notable du parti d’extrême droite aux scrutins départemental et régional de 2015. Fontiès-d’Aude et Comigne ont même poussé le coup de colère jusqu’à lui donner une majorité de voix.

Ici, on est pourtant en plein Midi rouge, sur des terres où les socialistes tiennent leurs fiefs depuis cinquante ans. Que l’on soit paysan ou de la ville, dans les familles, on vote à gauche comme les parents et les grands-parents. Mais la crise de la vigne est passée par là. Depuis la fin des années 1990, elle ne fait plus vivre. Les parcelles qui ont survécu à l’arrachage, rachetées par quelques domaines, subissent la concurrence des vins espagnols. Et beaucoup des exploitations familiales sont passées en friche. Les enfants, eux, sont partis chercher du travail à Carcassonne ou Narbonne ou sont au chômage. Dans ces villages aux couleurs ocre, on vit chichement, avec de plus en plus de rancœur.

Au détour d’une petite route, Fontiès-d’Aude affiche encore fièrement son domaine viticole. Les élus ont aussi préservé l’agence postale et l’école, des services publics devenus rares dans ces zones rurales du Languedoc. De la campagne présidentielle, on ne voit pas grand-chose si ce n’est par la télévision. Mais le maire, Alain Garino, ex-communiste, sent bien ses électeurs chavirer. « La crise de la viticulture a fait basculer du monde dans les bras du FN. Je vois aussi beaucoup de jeunes qui sont persuadés des solutions de Marine Le Pen parce qu’ils ont peur du lendemain », dit ce quinquagénaire au look décontracté. Le constat est partagé par le député apparenté PS, Jean-Claude Perez : « On sent un vote d’adhésion de trentenaires qui achètent une maison dans les lotissements en bordure des vignes et rament pour rembourser leurs traites à rembourser. » Aux régionales de 2015, ce village de 420 habitants, qui avait voté à 58 % pour François Hollande en 2012, a donné la majorité de ses voix à la liste de Louis Alliot.

« Magouilles »

A Fontiès, la vie est pourtant bien tranquille mais plusieurs cambriolages et deux voitures brûlées dans les vignes durant l’été 2016 ont alimenté la peur. La rumeur a couru que ça venait d’une cité HLM du bourg d’à côté. Michel, fonctionnaire de police à la retraite, y croit. « On n’est pas racistes, les trafiquants de drogue ne sont pas tous arabes mais… Il y a trop de délinquance là-bas. Moi, j’ai voté FN aux régionales et je ne m’en cache pas », dit ce sexagénaire athlétique. Cette fois-ci, pourtant Michel hésite. Il est persuadé qu’avec les « magouilles », il « faut mettre un coup de pied au Parlement parce qu’ils ont tous trempé ». Mais sortir de l’euro comme le propose Marine Le Pen, là, il ne suit plus.

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