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Cerveau et psy

Maladie de Parkinson : vivre en zone agricole augmenterait le risque

Plus les activités agricoles sont développées localement et plus le nombre de cas de la maladie de Parkinson est élevé, révèlent des chercheurs de l'Inserm. Le risque serait maximal dans les zones viticoles.

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Paysage viticole au château Fleur Haut Gaussens (Bordeaux)

Selon ces travaux, la présence de vignobles augmente l'incidence locale de la maladie d'environ 10 % !

© Philippe Roy / Aurimages / AFP

En 2013, la maladie de Parkinson était reconnue officiellement en France comme pathologie professionnelle pour les agriculteurs, à cause de leur exposition majeure aux produits chimiques. Mais les professionnels ne seraient pas les seuls concernés : tous les habitants d'une zone où l'activité agricole est dense encourraient eux aussi un risque plus élevé de développer la maladie. C'est la conclusion inquiétante établie par une étude de l'Inserm, réalisée en collaboration avec l'agence nationale Santé publique France et parue dans l'European Journal of Epidemiology.

La présence de vignobles augmente l'incidence de 10 %

Précisons d'emblée que dans cette étude, les chercheurs n'ont pas établi un lien de cause à effet entre l'incidence (nombre de nouveaux cas) de la maladie de Parkinson et l'importance de l'activité agricole dans une zone donnée, mais une association. "Notre travail a été délicat à conduire car la maladie est relativement rare et parce que nous ne disposons pas de moyens simples pour recenser les cas diagnostiqués", explique dans un communiqué Alexis Elbaz, qui a dirigé l'étude. Voici comment, avec ses collègues de l'Inserm, ce dernier a procédé : il a épluché les données de l'assurance maladie pour établir le nombre de personnes nouvellement traitées par des médicaments anti-parkinsoniens dans chaque canton français, entre 2010 et 2012. Puis il a utilisé le recensement agricole national conduit par le ministère de l'Agriculture, en 1988 puis en 2000, pour caractériser l'activité agricole sur chacun de ces territoires. Bien entendu, les différentes variables pouvant influencer la survenue de la maladie ou la fréquence du diagnostic (tabagisme, ensoleillement, niveau socio-économique…) ont été prises en compte.

Bilan de l'analyse : plus la proportion de surface d'un canton allouée à l’agriculture est élevée, plus le nombre de nouveaux cas annuel de Parkinson dans ce canton est élevé. "Et avec certaines cultures, comme la viticulture, l’association semble plus prononcée", précise Alexis Elbaz. Selon ses travaux, la présence de vignobles augmente l'incidence locale de la maladie d'environ... 10 % ! "Cette association est retrouvée dans différentes régions viticoles, et les données sont les même lorsque les agriculteurs et les travailleurs agricoles sont exclus de l'analyse", ajoute le responsable de l'étude. Or la viticulture "conventionnelle" est la culture la plus gourmande en pesticides : elle englobe 20 % de l'utilisation totale de ces substances en France, alors qu’elle n’occupe que 3% des surfaces cultivées. Rien que sur le vignoble bordelais, 2.700 tonnes de pesticides seraient épandues chaque année.

Une association plus marquée chez les seniors

"La relation entre l'activité viticole et la maladie de Parkinson est plus marquée chez les plus de 75 ans, en comparaison des sujets plus jeunes, quelle que soit la population analysée", ajoute le chercheur. "Peut-être les personnes les plus âgées ont-elles été exposées plus longtemps que les autres, notamment à des pesticides toxiques qui sont aujourd'hui interdits, comme les organochlorés (interdits depuis la fin des années 70 en France, ndlr), avance-t-il. Par ailleurs, il est possible que le poids des facteurs environnementaux soit plus important après 75 ans, tandis que la susceptibilité génétique pourrait jouer un rôle plus important pour les cas survenant chez les plus jeunes."

Malgré la forte association mise en évidence dans cette étude, l'on ne peut - pour l'instant - affirmer que vivre dans une zone rurale augmente le risque de développer la maladie de Parkinson. "Il faut rester prudent sur l'interprétation de ces données, met en garde Alexis Elbaz. Un sur-risque modéré pourrait exister, mais il faudrait pouvoir le confirmer par des études conduites à partir de données individuelles et non pas, comme ici, de données groupées par canton". Ce chercheur souligne l'importance d'évaluer les pesticides les plus à risque : "Les modes d’épandage, les produits utilisés et leur quantité dépendent des types d'activité agricole. On dispose souvent de données sur la toxicité aigüe des produits chimiques, mais celles concernant leur neurotoxicité font souvent défaut", déplore-t-il. Ce n'est qu'en identifiant les composés les plus à risque pour les agriculteurs et les riverains qu'une interdiction peut avoir lieu...

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