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La maladie de Lyme entraîne des suicides parce que les malades sont pris en otage

L’association "Le Droit de guérir" a décidé de planter des tentes, ce mercredi, devant le ministère des Affaires sociales et de la Santé. Elle veut interpeller la ministre Marisol Touraine sur le manque de traitements existants pour soigner la maladie de Lyme. Matthias Lacoste, malade et président de l’organisation, témoigne pour RMC.fr.

Matthias Lacoste, atteint de la maladie de Lyme et président de l'association Le Droit de guérir:

"Toutes les semaines, à l’association, nous sommes confrontés à des tentatives de suicide. Il y en a que l’on arrive à éviter mais d’autres pas. Un jeune de 25 ans s’est donné la mort il y a peu.

Le manque de traitements fait basculer les gens dans la précarité. Ça leur empêche de se soigner car ces traitements ne sont pas pris en charge. Il y a des produits naturels qui fonctionnent mais le malade doit payer de sa poche. Il ne bénéficie d’aucune couverture sociale car cette maladie n’est pas reconnue et n’existe pas officiellement. Elle n’existe que dans sa forme aigüe mais pas chronique.

"Une épidémie et un scandale sanitaire"

Les malades ont été pris en otage. Ils sont soignés, traités mais ne peuvent pas guérir car le système de santé ne leur permet pas. On les maintient dans un état, on déclenche d'autres symptômes que l'on traite avec d’autres médicaments. Il y a un manque de soins. La maladie gène de plus en plus car la reconnaître dans sa forme chronique, c’est laisser la porte ouverte à la vérité. Et la vérité est qu’aujourd’hui, en France, la plupart des maladies auto-immunes ont des origines infectieuses.

La maladie de Lyme représente 5 à 10 millions de personnes en France donc ça gêne. C’est un vrai scandale. Ça fait 30 ans qu’on soigne les gens avec des médicaments qui ne peuvent pas les guérir. C’est une épidémie et un scandale sanitaire.

"Aller chez le vétérinaire pour se faire dépister"

Ça fait neuf mois qu’on a nous a annoncé un plan et neuf mois après, le quotidien des malades n’a pas changé. Pour se faire dépister, on est obligés de se tourner vers un vétérinaire. Il n’existe aucun test de dépistage.

On dit notamment que cette maladie ne se transmet pas que par des piqûres de tiques. C’est sur le papier, c’est joli, ça fait beau sur les brochures du ministère mais dans les faits ça ne se passe pas comme ça. On a de plus en plus de témoignages de personnes qui ont contaminé leur partenaire lors de rapports sexuels. Mais les études se sont arrêtées aux secrétions vaginales et au sperme, où on a retrouvé des agents pathogènes responsables. Les contrôles ne sont pas suffisants, ça ne suffit pas."

Pourquoi le plan de Marisol Touraine fâche l'association

La maladie de Lyme, qui peut être contractée par une piqûre de tique infectée, peut être soignée en quelques jours grâce à des antibiotiques. Or, si elle n’est pas dépistée, des conséquences importantes peuvent toucher le malade après plusieurs mois: fortes douleurs articulaires, insomnie, troubles cardiaques, fièvre, paralysie faciale… Sur notre continent, au moins 85.000 cas sont signalés chaque année.

Face à la pression des associations et à ces chiffres édifiants, la ministre de la Santé Marisol Touraine a lancé en 2016 un plan national de lutte contre la maladie de Lyme. Son but: renforcer la communication sur cette maladie et améliorer le diagnostic ainsi que la prise en charge des malades. Pour l’association Le Droit de guérir, ces mesures n’ont toujours pas été appliquées, et les tests sont loin d'être fiables. D'où l'organisation de ce rassemblement devant le ministère des Affaires sociales et de la Santé.

Propos recueillis par Julie Breon