Birmanie : pas de nettoyage ethnique des Rohingyas, selon Aung San Suu Kyi

Cette minorité musulmane est l'objet de violences systématiques, d'après l'ONU, qui a diligenté une enquête.

Des migrants Rohingyas au bangladesh, qui ont fuit les violences ethiques dans l'ouest de la Birmanie, où vit cette minorité musulmane, le 25 décembre 2016 à Teknaf
Des migrants Rohingyas au bangladesh, qui ont fuit les violences ethiques dans l'ouest de la Birmanie, où vit cette minorité musulmane, le 25 décembre 2016 à Teknaf (AFP/STR)

    La polémique enflait depuis plusieurs années. Et Aung San Suu Kyi a décidé de réagir publiquement. La dirigeante birmane a rejeté les accusations de nettoyage ethnique de la minorité musulmane des Rohingyas dans un entretien à la BBC alors que l'ONU a lancé une enquête dans le pays d'Asie du Sud-Est.


    «Je ne crois pas qu'il y ait de nettoyage ethnique. J'estime que le terme de "nettoyage ethnique" est trop fort pour expliquer ce qu'il se passe», a assuré l'ancienne dissidente dans un entretien diffusé mercredi à la télévision.


    Aung San Suu Kyi, arrivée au pouvoir il y a un an et dont le parti vient de remporter presque la moitié des sièges vacants aux élections législatives partielles, avait déjà rejeté, fin mars, la décision des Nations unies d'envoyer une mission d'enquête sur les récentes exactions contre les Rohingyas, imputées à l'armée.


    Selon «la Dame de Rangoun», il y a «beaucoup d'hostilité» dans cette province de l'ouest du pays, où vit plus d'un million de Rohingyas, mais «ce sont aussi des musulmans qui tuent d'autres musulmans».
    «Ce n'est pas uniquement une question de nettoyage ethnique», a précisé le Prix Nobel de la Paix 1991. «Il s'agit de deux camps face à face et nous qui essayons de résorber le précipice entre eux.

    Crimes contre l'humanité

    Traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans le pays depuis des générations. L'armée birmane a lancé le 10 octobre une offensive d'envergure dans l'Etat Rakhine (ouest) où vivent les Rohingyas, après des raids meurtriers de groupes armés contre des postes-frontières. Cette campagne de plusieurs mois a abouti, selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, à un «nettoyage ethnique» et «très probablement» à des crimes contre l'humanité.


    Rapportant des récits de meurtres, de viols en réunion et de tortures commis par les soldats birmans, des dizaines de milliers de Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh. La Birmanie mène sa propre enquête sur de possibles crimes contre les Rohingyas.
    Aung San Suu Kyi a assuré que les quelque 75.000 personnes parties se réfugier au Bangladesh voisin après l'opération militaire seraient «en sécurité s'ils veulent revenir».