Voilà, c’est dit, le Mehmet Uçum, fou du roi de son état auprès du président, deuxième bouche de Recep Tayyip Erdoğan, a déclaré que “même si les Turcs rejetaient la réforme constitutionnelle lors du référendum du 16 avril, le projet ne serait pas abandonné”.
Tu dis NON, c’est oui quand même !
On savait déjà que le référendum n’était qu’un sondage de popularité et une façon de repérer et compter ses ennemis pour Tayyip. Mais, visiblement, il ne s’attendait pas à ce qu’il en reste autant.
Pourtant, il ne ménage pas ses efforts.
Il a emprisonné à tours de bras, empêché les opposants de faire vraiment une campagne pour le NON dans tout le Pays, utilisé l’état d’urgence pour mettre un trait d’égalité entre le NON et la “terreur”.
Tous les médias font bouffer du OUI du matin au soir, et les quelques uns qui résistent sont noyés dans le flot…
Il a même comparé le référendum au “jour du jugement dernier”, menaçant les opposants du courroux du Allah…
Et quand il est allé sur le terrain de “la Turquie seule contre les nazis européens”, il a pourtant joué une carte qui d’habitude rapporte des points. En tous cas, ce fut le cas dans le passé lorsque “les dirigeants européens” (on dit comme ça non?) se sont mis à bouder l’entrée de nos loukoums dans la grande confiserie européenne. Là, il a eu le tort de mélanger les genres et de croire qu’en Syrie les Trump et Poutine allait lui céder des parts, en même temps qu’il pouvait tenir la dragée haute à Mâame Merkel en agitant les gilets de sauvetage des réfugiés en partance de côtes turques. Du coup, il a reçu des NON de l’étranger, en même temps que la livre turque connaissait une syncope passagère.
Le Tayyip en son Palais fait donc annoncer la couleur : “Tu votes, tu votes pas, je ferais quand même !” Un souvenir de la “démocratie” d’après le 15 juillet. “Le Peuple c’est moi, que vous le vouliez ou non. J’ai les clés des boîtes à chaussures et des coffres, les armes, la police, la justice, les minarets avec moi… Je serai Président jusqu’en 2029, même si je dois mettre la Turquie à feu et à sang encore une fois.”
Bon, il a dit quoi au juste, le Mehmet ?
“Le conseiller principal d’Erdoğan, Mehmet Uçum a déclaré que même si le peuple turc rejetait la réforme constitutionnelle qui vise à instaurer un nouveau système présidentiel, le projet ne sera pas mis de côté. Si ce modèle de présidence n’a pas réussi à faire disparaitre certaines hésitations, les problèmes qui éveillent celles-ci doivent être repérés, rediscutés et retravaillés et un nouveau modèle perfectionné encore plus fort, doit éliminer ces hésitations.”
Il faut dire que c’est un peu alambiqué. Mais il dit quand même clairement que le “modèle” est celui qui est pratiqué en ce moment, visiblement état d’urgence inclus. Il se propose d’en rediscuter, chose qu’il n’a pas fait durant la campagne, si on peut parler de “campagne électorale”. Quant au “nouveau modèle, encore plus fort, qui éliminerait les hésitations”… ça fait penser à la carotte et au bâton… au bâton surtout.
On a juste l’impression qu’il veut tout simplement inciter les opposants à ne pas se déplacer…
Bien sûr que je sais que ce référendum qui me fait dire NON est une opération de façade… Bien sûr que je sais que le résultat ne changera rien et que tout va être fait pour le truquer… Bien sûr que je sais que cela divise et éparpille et que même entre partisans du NON, il y a des NON mous et des NON pour renverser la table… Mais on ne peut quand même pas laisser le champ libre sans combattre, surtout sans illusions.
Alors je sais que mon vote sera perdu dans la masse de la triche, comme cette mauvaise humeur que j’écris se perdra sur la toile. Mais est-ce que je vais me taire pour autant ?
Y en a qui diront “evet”, et bien pour moi c’est NON quand même !
Image à la une :
L’ouvrier maçon qui dit NON a encore frappé : “J’ai dit NON, crétin !”