C’est un outil inédit que propose « Paris Match » aux électrices et électeurs français. L’idée ? Depuis fin janvier, plus de 700 000 mots prononcés par les prétendants à l'Elysée ont été recensés à la télé, la radio, dans la presse écrite, les meetings ou sur les réseaux sociaux. Le projet piloté par deux journalistes de « Data Match », Anne-Sophie Lechevallier et Adrien Gaboulaud est baptisé « Le poids des mots ». Comment ça marche ? Vous pouvez effectuer une recherche par mots clés et ainsi découvrir ce que chacun des onze candidats à la présidentielle a dit sur le sujet et dans quel cadre.

Un tableau pour y voir clair

 
Pour l’occasion, nous vous proposons de découvrir en exclusivité des mots ou des groupes de mots spécifiques aux droits des femmes que les journalistes de « Data Match » ont extrait rien que pour vous ! IVG, sexisme, féminisme ou encore égalité salariale : découvrez qui emploie le plus souvent ces termes dans le tableau ci-dessous.

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Quelques pistes pour accompagner la lecture de ce tableau

 
Un résultat sans appel, à tempérer toutefois. La surreprésentation d’Emmanuel Macron peut ainsi s’expliquer par le fait que le candidat d’ « En Marche ! » a pris la parole dans plusieurs médias féminins, dont le magazine ELLE, ce qui pourrait expliquer pourquoi il semble davantage utiliser ce champ lexical que ses adversaires. Une autre hypothèse à soulever également : Emmanuel Macron se lançant pour la première fois à la présidentielle, et n’ayant participé à aucune primaire, il a une page blanche à écrire sur ces thématiques. Si on prend l’exemple des candidats de gauche Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, ces thématiques sont davantage associées à leur identité politique et leurs positions a priori connues sur ces sujets.  
 
François Fillon est quasiment invisible dans ce tableau. Seule occurrence utilisée ? « Parité ». Pour situer le contexte, il répondait à ce moment-là à une question d’un journaliste qui lui demandait si son gouvernement serait paritaire s’il était élu.
 
Il est intéressant de remarquer aussi que Marine Le Pen tient sa « ligne ». Ainsi, celle qui se présente comme la candidate des femmes, emploie beaucoup le terme « Droits des femmes », et pourtant… > A lire : « Marine Le Pen candidate des femmes : la grande imposture ? » Comme dans son programme, elle n’évoque à aucun moment l’IVG, contrairement à 2012 où elle parlait des « avortements de confort ». Un positionnement ambigu pour de nombreuses femmes. Ce tableau pointe du doigt le fait que Marine Le Pen utilise donc les termes « droits des femmes » mais sans parler d’égalité. Pour mieux comprendre, voilà les citations en question. Très parlantes, elles montrent comment la candidate du Front national utilise ainsi les droits des femmes pour évoquer… le communautarisme.
 
Marine Le Pen, le 20 mars lors du premier débat présidentiel sur TF1, dès son introduction :
« Le communautarisme entraîne un recul assez phénoménal des droits des femmes dans notre pays. »
En meeting à Mirande le 9 mars :
« M. Macron, lui, ne fera rien pour les droits des femmes, lui qui a mis dans son projet qu’il ne s’opposera pas au burkini, cette scandaleuse régression. »
« La défense des droits des femmes me tient évidemment à cœur, en ce lendemain de journée mondiale, je dois le dire. Mais elle est mise à mal par l’immigration de masse ! Qui ose le dire à part nous ? Je sais que c’est un sujet tabou, que n’aiment jamais aborder les pseudo féministes ou mes concurrents dans cette élection. »
Le 9 février sur France 2 durant « L'Emission politique » :
« Le communautarisme est le vivier du fondamentalisme islamiste et heureusement qu'il y a des candidates comme moi pour défendre les droits des femmes. »

 Sexisme et égalité salariale

 
L’égalité salariale est également peu abordée par l’ensemble des candidats. Quant au terme « harcèlement », il est lié aux termes « harcèlement sexuel » et « harcèlement de rue » et donc utilisé en priorité par Macron, qui s’exprime pour la première fois sur ces sujets. Remarquons également que seul Benoît Hamon parle de sexisme. Un terme qui se révèle moins consensuel qu’on aurait pu l’imaginer.