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Baisses de charges : la course à la compétitivité s'accélère en Europe

•L'Espagne poursuit son effort.•La France et l'Italie, qui étaient en retard, réagissent.•Des pressions déflationnistes sont redoutées à court terme.

Par Virginie Robert

Publié le 27 févr. 2014 à 01:01

Depuis le début de l'année, et avec une accélération certaine ces derniers jours, les annonces sur les baisses de charges des entreprises se multiplient dans la zone euro. Lors de ses voeux, François Hollande s'est engagé sur la voie d'un pacte de responsabilité qui prévoit des baisses de cotisations sociales pour les entreprises. A peine arrivé au pouvoir en Italie, Matteo Renzi s'est dit prêt à une « réduction à deux chiffres » de la pression fiscale « avec des mesures sérieuses, irréversibles », assurant « des résultats immédiats dès 2014 ». De son côté, Mariano Rajoy, le Premier ministre espagnol, a proposé il y a deux jours une cotisation unique de 100 euros mensuels pour tout nouveau CDI d'une durée d'au moins trois ans. « Cela suppose, par exemple, pour un salaire brut annuel de 20.000 euros, que le montant payé par l'entreprise en cotisations sociales passera de 5.700 euros à 1.200 euros, ce qui signifie dans ce cas concret une baisse de 75 % », a souligné le chef du gouvernement.

Gagner en compétitivité

Objectif affiché de ces mesures : gagner en compétitivité, prendre des parts de marché et favoriser l'emploi. « Si ce n'est qu'une mesure de plus pour l'Espagne qui cherche depuis un moment à rattraper sa perte de compétitivité, la France et l'Italie étaient en retard par rapport au reste de l'Europe, constate Philippe Gudin, économiste en chef pour l'Europe chez Barclays Capital. « Elles devaient se mettre à la dévaluation interne. »

C'est un choix, adopté il y a dix ans par l'Allemagne, qui s'explique parce que « c'est le seul moyen pour les Etats d'avoir de la croissance grâce à la demande extérieure et un surcroît de compétitivité face à la consolidation budgétaire très rapide exigée dans la zone euro qui pèse sur la croissance interne des pays », explique Eric Heyer, de l'Observatoire français des conjonctures économiques. Il est difficile d'y échapper car « soit on ne bouge pas et les autres nous prennent des parts de marché, soit on bouge et on arrive au mieux à préserver sa part de marché. C'est d'abord une stratégie défensive », ajoute Eric Heyer.

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Cette stratégie a néanmoins le mérite d'accélérer des baisses de coûts et de réaliser des réformes attendues depuis des années. Mais c'est un choix qui a d'autres conséquences. « Elle amplifie les pressions déflationnistes à court terme, ce qui est un problème pour la soutenabilité de la dette », relève Philippe Gudin. Même s'il n'y a pas - à moyen et long terme - d'anticipations de baisse de prix - l'inflation actuelle est trop basse (0,7 % en France, 0,9 % dans la zone euro et 1 % en Allemagne) quand les taux d'intérêt sont à zéro. Cela accentue l'amplitude entre le taux de croissance nominal (croissance réelle ajustée de l'inflation) et les taux auxquels les Etats se refinancent. La dette devient plus difficile à stabiliser. « La Banque centrale européenne va essayer d'éviter que ces pressions déflationnistes ne s'amplifient », prévient l'économiste de Barclays.

Le contexte est difficile : « Les pays agissent en même temps, avec une monnaie qui s'apprécie et en période de faible reprise. Ce sont les pires conditions pour faire de la dévaluation interne, qu'elle soit fiscale ou salariale », constate Eric Heyer. La seule solution pour ce dernier est que la zone euro mène une politique des changes coordonnée, en fonction de la taille des déficits de chacun.

Virginie Robert

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