Les Bleus affrontent la Grande-Bretagne sans Jo-Wilfried Tsonga, qui a décidé de tirer un trait sur la Coupe Davis en 2017.

Les Bleus affrontent la Grande-Bretagne sans Jo-Wilfried Tsonga, qui a décidé de tirer un trait sur la Coupe Davis en 2017.

afp.com/Miguel Medina

Pas la peine de chercher, les stars ne sont pas là. Blessé au coude droit, Andy Murray, numéro un mondial, est forfait pour le quart de finale de Coupe Davis entre la Grande-Bretagne et la France, qui débute ce vendredi à Rouen et se prolonge jusqu'à dimanche. Jo-Wilfried Tsonga est également absent. Le meilleur joueur français, 10e à l'ATP, a décidé de zapper l'événement en raison de sa récente paternité.

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Papa d'un petit garçon depuis le 23 mars, il a expliqué à Yannick Noah, capitaine de l'équipe de France, qu'il ne faudrait pas non plus compter sur lui pour une éventuelle demi-finale en septembre, au motif qu'il sera témoin de mariage le week-end consacré à ce tour de Coupe Davis. S'ils vont jusqu'en finale, les Bleus devront une nouvelle fois se passer de "Jo", désireux de faire l'impasse sur cette compétition qui échappe à la France depuis 2001. Le Manceau n'est toutefois pas le seul à délaisser quelque peu la Coupe Davis.

Djokovic seul au monde

Chez les cadors du circuit, y participer est même devenu un acte rare. Au premier tour, Novak Djokovic était le seul membre du Top 10 à défendre les couleurs de son pays. Pour justifier leur défection, certains ont plaidé des pépins physiques à l'instar de Milos Raonic, un besoin de repos comme Rafael Nadal et Andy Murray ou un calendrier trop chargé dans le cas de Kei Nishikori. D'autres, Stan Wawrinka par exemple, n'ont même pas cherché à se cacher derrière une excuse.

Plombée par ces absences, qui se multiplient d'année en année, la Coupe Davis perd en prestige et les spectateurs assistent de plus en plus à des rencontres qui opposent des joueurs situés dans les tréfonds du classement ATP. Une situation qui exaspère Yannick Noah. Selon lui, les meilleurs joueurs mondiaux la boycottent en partie parce qu'elle ne leur offre pas de gains financiers, appelés "prize money" dans le milieu du tennis.

Pas de primes, ni de points ATP

"Les arguments des joueurs du Top 10 sont toujours économiques. Je persiste à penser qu'il peut y avoir le côté professionnel avec des tournois importants qui génèrent beaucoup de revenus et aussi un attrait pour une compétition où on représente son pays dans un sport où habituellement on représente juste sa personne. Or, aujourd'hui, je ne l'entends pas", expliquait-il début février dans un entretien accordé à l'AFP.

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Disputer une compétition qui n'apporte pas de points ATP déplaît également à certains joueurs, qui préfèrent se concentrer sur leur carrière personnelle. Ils déclinent une sélection nationale pour participer à la place à des tournois susceptibles de leur faire gagner des places au classement mondial. Mais pour beaucoup, le principal défaut de la Coupe Davis reste son format, jugé trop chargé avec au moins trois tours à passer pour se hisser en finale.

Un format à revoir

"Il ne convient pas aux joueurs, spécialement aux tops joueurs, parce que ça tombe complètement au mauvais moment dans le calendrier. Ça vient immédiatement derrière un tournoi du Grand Chelem ou bien derrière le Masters, et il faut jouer sur trois jours, au meilleur des cinq matchs", déplorait en novembre Novak Djokovic, qui propose que la compétition soit organisée sur seulement deux semaines. Tomas Berdych, lui, milite pour que la Coupe Davis se tienne tous les deux ans pour éviter aux joueurs d'y laisser trop d'énergie.

"Les deux dernières années, j'ai manqué huit semaines pour participer à la Coupe Davis. Quatre pour jouer les matchs et quatre pour les semaines suivantes car tu es trop fatigué pour jouer un tournoi ou même te préparer. Il serait plus logique de la jouer tous les deux ans, plus de joueurs la jouerait vraiment", avançait en 2014 le Tchèque, vainqueur de la Coupe Davis en 2012 et 2013.

Un avenir en question

Malheureusement pour Berdych, cette piste n'est pour l'instant pas à l'étude du côté de la Fédération internationale de tennis (ITF), plus préoccupée par le développement économique de l'épreuve. Dans une interview donnée en septembre à Reuters, David Haggerty, le président de l'ITF, expliquait que la finale pourrait se disputer sur terrain neutre à partir de 2018 afin de "débloquer des revenus qui aideront à faire grandir le tennis". Une annonce décriée par plusieurs acteurs du monde du tennis, notamment dans le clan tricolore.

Sur son compte Twitter, Julien Benneteau, appelé en dernière minute par Noah pour pallier le forfait de Pierre-Hugues Herbert face à la Grande-Bretagne, a notamment qualifié cette mesure de "fin du tennis". "C'est une mauvaise idée. La force de la Coupe Davis réside dans son ambiance, son atmosphère. Sa faiblesse, c'est son format, sa place dans le calendrier", a également pesté Gilles Simon en novembre dernier en conférence de presse, rejoint par Yannick Noah.

"Un terrain neutre, ça va être où? Chez le plus offrant?Je peux vous dire qu'on ne va pas jouer à Yaoundé, ça, c'est sûr. On va aller jouer où il y aura de l'argent. Je suis très inquiet", a réagi l'ancien vainqueur de Roland-Garros au micro de FranceInfo. Vieille de 117 ans, la Coupe Davis doit rapidement se réinventer, sous peine de ne plus attirer aucune star et de ressembler à l'avenir à un modeste tournoi ATP 250.

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