Venezuela : la tension monte après la mort d'un manifestant anti-Maduro de 19 ans

Jairo Ortiz, un jeune homme de 19 ans qui participait jeudi à une manifestation d'opposants au président Maduro a été mortellement blessé par un tir de la police. 

Des manifestants dispersés par un canon à eau, à Caracas, le 6 avril 2017.
Des manifestants dispersés par un canon à eau, à Caracas, le 6 avril 2017. CHRISTIAN VERON/REUTERS

    La crise politique s'intensifie au Venezuela. Un homme de 19 ans a perdu la vie et des dizaines d'opposants au président socialiste Nicolas Maduro ont été blessés jeudi à Caracas lors de heurts entre manifestants et forces de l'ordre.

    Le pouvoir mis en cause

    Jairo Ortiz a été mortellement blessé après avoir été atteint d'une balle en pleine poitrine, alors qu'il se trouvait sur un barrage dans la localité de Montaña Alta, dans la banlieue de la capitale vénézuélienne, selon Miguel Mederico, directeur de la communication de la police de l'Etat de Miranda.

    Henrique Capriles, ancien candidat à la présidence vénézuélienne et gouverneur de Miranda, a accusé sur Twitter, le ministre de l'Intérieur Nestor Reverol d'être responsable de ce drame car il aurait «obligé les officiers à réprimer (les manifestations) sans tenir compte des vies humaines».

    Dès jeudi soir l'opposition vénézuélienne a cependant appelé à une nouvelle manifestation ce week-end: «Samedi, il faut que le double de personnes soient dans les rues du pays (...), le peuple ne fait rien de mal, il ne fait qu'exiger ses droits», a déclaré Freddy Guevara, le vice-président du parlement, lors d'une conférence de presse.

    En fin de journée, jeudi soir, des affrontements de moindre intensité persistaient entre manifestants et policiers dans l'est de la capitale, près de neuf heures après le début de la mobilisation. En plus de cette mort, des dizaines de personnes ont été blessées: «Nous avons évacué deux personnes avec des blessures à la tête, un avec un bras cassé et une journaliste avec des problèmes pour respirer», a confié le député d'opposition Miguel Pizarro, présent dans la manifestation.

    «Quand nous refondrons la démocratie, nous devrons construire des monuments pour les étudiants et les civils tombés dans cette dictature», a déclaré David Smolansky, maire de El Hatillo.

    La «droite fasciste vénézuelienne» à l'oeuvre, selon Maduro

    Le président Maduro a confirmé de son côté le chiffre de 30 interpellés: «Nous les avons identifiés, et ils vont tomber l'un après l'autre», a-t-il déclaré, en les accusant notamment d'avoir saccagé un lycée. A la télévision, Nicolas Maduro a toutefois assuré que «le Venezuela est en paix, en train de produire, de travailler, et de petits foyers violents (...) ont été neutralisés sans avoir atteint leur objectif: remplir Caracas de violence». «Nous avons fait échouer une tentative de coup d'Etat de la droite internationale et de la droite fasciste vénézuélienne», a-t-il ajouté.

    Les échauffourées ont débuté quand le cortège d'environ 10.000 personnes, rassemblé sur l'autoroute principale de la ville, a tenté de se diriger vers le centre de Caracas, avant d'être bloqué par une barrière installée par l'armée.

    «Nous voulons virer Maduro, nous sommes lassés de cette dictature, nous n'avons pas peur», a confié Yoleidy Rodriguez, étudiante de 22 ans. Dans la capitale, aux abords du Parlement, ce sont les chavistes (du nom de l'ancien président Hugo Chavez, 1999-2013) qui ont manifesté par milliers, dénonçant l'ingérence étrangère dans la crise que traverse le Venezuela.

    Le Venezuela effondré économiquement et en crise politique