PS : la délicate chasse aux pro-Macron

À l'issue du bureau national jeudi, Jean-Christophe Cambadélis a décidé d'engager des sanctions contre les socialistes soutenant Emmanuel Macron. Jusqu'où ?

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Le PS est confronté aux frondeurs qui ont rallié Emmanuel Macron.
Le PS est confronté aux frondeurs qui ont rallié Emmanuel Macron. © IP3 PRESS/MAXPPP

Temps de lecture : 3 min

Dans le public de L'Émission politique de France 2 jeudi, Richard Ferrand a timidement levé le doigt quand Emmanuel Macron a demandé aux premiers candidats investis par En marche ! aux législatives de sortir du bois. Macroniste ou socialiste ? Le Finistérien – premier soutien de Macron et investi par les militants PS de sa circonscription en décembre – n'osait jusqu'à présent pas se prévaloir de telle ou telle étiquette politique. Le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis l'a aidé à faire un choix, ce même jeudi soir. Réuni en bureau national, Solférino a décidé d'engager des sanctions contre ceux qui ont fait défection. La commission nationale des conflits (CNC) du parti est également saisie pour ceux et celles qui « appellent à voter un autre candidat que celui issu de la primaire ».

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Lire également - Richard Ferrand : le bras gauche d'Emmanuel Macron

« Ça arrive un peu tard, mais des sanctions vont enfin être prises. Enfin ! » Entre soulagement et désespoir, ce député soutien de Benoît Hamon n'y croyait plus. À situation exceptionnelle « mesure exceptionnelle », a indiqué la porte-parole Corinne Narassiguin, à l'issue d'un bureau national réunissant les cadres du parti. Appelant à l'unité des socialistes derrière le candidat Hamon, Jean-Christophe Cambadélis a retiré le statut de membre du bureau national « à tous ceux qui ont soutenu ou appellent à voter Emmanuel Macron ». Les vallsistes Malek Boutih et Jean-Marie Le Guen ou encore l'ancien ministre Daniel Vaillant devraient ainsi faire leurs valises.

La chasse aux sorcières a démarré. Hamon, le soi-disant rassembleur, veut couper des têtes !

« Toute double appartenance » sera proscrite « conformément aux statuts », a indiqué Jean-Christophe Cambadélis. Sont visés en particulier les candidats aux législatives qui devront signer obligatoirement « une signature d'engagement d'affiliation au groupe socialiste ». « En cas de refus, un candidat socialiste sera désigné », précise-t-il. Ceux qui ont adhéré à En marche ! ou ont parrainé un autre candidat que Benoît Hamon risqueraient l'exclusion « s'ils se maintenaient face aux candidats soutenus par le Parti socialiste ». « La chasse aux sorcières a démarré. Hamon, le soi-disant rassembleur, veut couper des têtes ! » fulmine un député de l'Ouest qui a rallié Macron.

Les cas Valls et Le Drian

Après des semaines de tergiversations et de pressions du camp Hamon et des aubrystes, Jean-Christophe Cambadélis a sauté le pas. « On évite le psychodrame des exclusions », se rassure-t-on chez les socialistes. Jusqu'à quand ? Jeudi, le parti a saisi la commission nationale des conflits (CNC) pour les « cas de ceux qui appellent à voter pour un autre candidat que celui issu de la primaire ». Cette commission des conflits a le pouvoir de suspendre ou d'exclure les contrevenants, mais reste « maître de son calendrier » et ne peut trancher sur les investitures aux législatives, a tenu à préciser Corinne Narassiguin. Comprendre : un candidat socialiste soutenant Macron pourra donc conserver son investiture, sauf s'il a parrainé le candidat ou adhéré à En marche !.

Dans le viseur de la CNC, ce sont surtout les cas Manuel Valls et Jean-Yves Le Drian qui intéressent. Les deux ont récemment appelé à voter pour Emmanuel Macron. À la sortie du bureau national jeudi soir, certains ne se faisaient guère d'illusions : « Bien malin celui qui osera déchirer la carte du parti à des poids lourds tels que Le Drian ou Valls. » Bref, la chasse aux sorcières risque bien de faire pschitt.

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Commentaires (28)

  • FRENCH SNiPER

    Jusqu'aux législatives, pour réintégrer ensuite les élus ou réélus !
    Rien que du classique P. S.
    Il est permis de leur tourner définitivement le dos, en particulier à JCC...

  • Ambroudiane

    Les politiques devraient éviter d'user de ces grossières chausses-trappes qui nuisent à eux-mêmes et à ceux auxquels elles sont destinées (les sans dents) !...

  • Aphroditechild

    C'est simple pour les socialistes qui ne désirent pas soutenir Hamon, ils devraient imiter la tactique de Sapin qui soi-disant se rallie à l'ex petit frondeur, n'aimant pas son programme malgré tout mais qui j'en suis persuadée dans l'isoloir voterait pour Macron. Ainsi, ils ne risqueraient pas l'exclusion au P. S. Puisque de toutes les manières, le bébé hollandais ne sera pas qualifié pour le second tour. Je peux me tromper, seulement user de la diplomatie pour ne fâcher personne vaut mieux que des polémiques absurdes et lassantes pour le peuple qui ne supporte plus les magouilles d'une basse politique menant le pays vers le précipice.