Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'ĂŞtes pas inscrit sur Le Monde ?

Fessenheim ou l’impéritie de l’Etat actionnaire

Editorial. François Hollande s’est montrĂ© incapable de faire respecter sa promesse de fermer la centrale nuclĂ©aire. Comment est-ce possible, alors que l’Etat dĂ©tient 83 % du capital de cette entreprise publique ?

Publié le 08 avril 2017 à 09h12, modifié le 08 avril 2017 à 09h12 Temps de Lecture 2 min.

La centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, le 10 avril 2017.

Editorial du « Monde Â». Dans les annales politico-industrielles françaises, l’interminable saga de la centrale nuclĂ©aire de Fessenheim restera comme l’un des meilleurs exemples de l’impĂ©ritie de l’Etat actionnaire.

A l’issue d’un conseil d’administration particulièrement houleux, jeudi 6 avril, au cours duquel se sont affrontĂ©s reprĂ©sentants de l’Etat d’un cĂ´tĂ©, administrateurs salariĂ©s et indĂ©pendants de l’autre, EDF a fini par acter la fermeture des deux rĂ©acteurs nuclĂ©aires de la centrale du Haut-Rhin. Cette fermeture est cependant assortie de conditions et d’un calendrier tels que le prochain prĂ©sident de la RĂ©publique, celui qui sortira des urnes le 7 mai, aura le loisir de conforter cette dĂ©cision ou de poursuivre l’exploitation de la doyenne des centrales françaises jusqu’en 2022, le terme fixĂ© par l’AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire.

D’un côté, François Hollande voulait donner l’impression qu’il tenait au moins en partie sa promesse de 2012 de fermer le site alsacien durant son quinquennat, ce qui n’est pas le cas. Mais le chef de l’Etat avait aussi intégré dans son raisonnement les exigences du PDG du groupe, Jean-Bernard Lévy, et des cinq administrateurs indépendants, qui exigeaient la garantie que les capacités nucléaires d’EDF ne seraient pas réduites tant que l’EPR de Flamanville (Manche) n’entrerait pas en service. Ce sont eux qui ont eu gain de cause, en obtenant que le décret de fermeture ne soit pas pris avant mi-2018.

De l’autre, SĂ©golène Royal, la ministre de l’environnement et de l’énergie, voulait concrĂ©tiser la fermeture – dès le vote acquis chez EDF – par un dĂ©cret en bonne et due forme. Devant l’intransigeance des administrateurs indĂ©pendants, qui ont ignorĂ© ses pressions jusqu’au bout, Mme Royal a dĂ» se contenter de l’inscription in extremis du caractère « irrĂ©versible Â» et « inĂ©luctable Â» de cet arrĂŞt.Une pirouette politique, destinĂ©e Ă  lui permettre de sauver la face, sans aucune portĂ©e juridique.Le dossier Fessenheim n’est donc pas clos.

Comment l’Etat, dĂ©tenteur de 83 % du capital d’une entreprise publique, a-t-il Ă©tĂ© incapable, durant cinq ans, de faire respecter une dĂ©cision prise au sommet du pouvoir ? Les Verts et Greenpeace ont beau jeu de rĂ©pĂ©ter qu’EDF dĂ©cide d’une partie de la politique Ă©nergĂ©tique, devant le flottement des positions du gouvernement.

M. Hollande et Mme Royal ont fait voter en 2015 une « loi de transition Ă©nergĂ©tique pour la croissance verte Â», qui prĂ©voit notamment de ramener la part d’électricitĂ© d’origine nuclĂ©aire de 75 % Ă  50 % Ă  l’horizon 2025. Les Français seraient en droit de penser qu’une inflexion aussi forte, rompant avec cinquante ans d’une politique de quasi « tout nuclĂ©aire Â», se prĂ©pare et se gère avec mĂ©thode. D’autant plus que l’atome civil est une industrie du temps long : sauf bouleversements majeurs, l’EPR de Flamanville pourrait fonctionner ­encore… en 2100.

L’objectif de 50 % gravĂ© dans le marbre de la loi, l’arrĂŞt de Fessenheim en appelait d’autres. Preuve des incertitudes sur les lendemains du nuclĂ©aire, ce programme de fermetures n’a jamais vu le jour et l’on attend les prochaines. La loi contraint EDF Ă  fermer des centrales ; les dirigeants de l’électricien poussent Ă  l’allongement de leur durĂ©e de vie, tout en prĂ©parant avec Areva un « EPR optimisĂ© Â», moins coĂ»teux, pour remplacer le parc ancien. La fin de la dĂ©cennie sera cruciale : c’est, finalement, au successeur de François Hollande qu’il reviendra de trancher et d’engager l’avenir Ă©nergĂ©tique de la France.

Le Monde

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

RĂ©utiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.