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Présidentielle 2017

Fillon : derrière le grand meeting de façade, le poison Sarkozy-Juppé en coulisses

Au sein de LR, la défaite de François Fillon est plus que pronostiquée. Actée. Il suffit pour s'en convaincre de constater la faible des soutiens apportés par Sarkozy et Juppé. S'il perd, Fillon paiera cher cette défaite, et la droite risque d'imploser.

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François Fillon, le 7 avril 2017 à Saint-Cerin

François Fillon, en déplacement le 7 avril, à deux jours de son grand meeting de la Porte de Versailles. 

Thierry Zoccolan/Afp

Hormis quelques derniers acharnés, par exemple le sénateur Bruno Retailleau qui traverse cette campagne électorale tel un illuminé, les principaux responsables de la droite républicaine sont persuadés que, sauf "miracle politique", François Fillon sera éliminé dès le premier tour de l'élection présidentielle. Ils n'excluent pas davantage l'hypothèse selon laquelle leur "champion" pourrait finir au quatrième rang du premier tour, derrière Jean-Luc Mélenchon. La honte! Et le risque que LR, le principal parti de la droite républicaine, se disloque aussitôt après.

Certes, ils seront tous présents ce dimanche après-midi Porte de Versailles à Paris lors du dernier grand meeting Fillon entourant "leur"candidat et assurant la claque comme il convient en pareilles circonstances, en particulier le si modéré Gérard Larcher, le président du Sénat, et le très droitier Laurent Wauquiez, François Baroin et Valérie Pécresse, incarnations de la tempérance en politique. Mais à y regarder de près, de plus près, de très près, ces quatre là, en principe les fers de lance de la campagne Fillon, seront restés sur leur quant-à-soi du premier au dernier instant. Service (ultra) minimum- une poignée de meetings, quelques interventions audiovisuelles, une présence discrète sur les réseaux sociaux, pas davantage, surtout pas. François Fillon est à ce point conscient de ce retrait à la fois politique et personnel qu'il n'adresse quasiment plus la parole à Larcher, ami intime depuis plusieurs décennies. 

Dans ce contexte plus que tourmenté, Nicolas Sarkozy puis Alain Juppé, les deux principales victimes de la primaire, se sont enfin décidés à intervenir. A quelques jours du premier tour, dans un contexte ultra difficile, il était grand temps. Sauf que là encore, les deux "références" et "référents" de la droite républicaine se sont contentés d'un double service minimum avec de multiples...arrière pensées.

Sarkozy, un soutien convenu et sans enthousiasme

Utilisant sa page Facebook, l'ex-président exprime un  soutien d'une confondante...perversité! Parce qu'il pose d'emblée le postulat selon lequel François Fillon n'est pas, loin de là, le candidat idéal mais que, tant pis, trop tard, il faut faire avec. Lisons et relisons ces premiers mots, apparement emplis de bon sens, mais en réalité d'une infinie cruauté. "Il n'y a pas de place pour les hésitations ou les états d'âme", intime Sarkozy. Fort bien. Mais le rappeler si peu avant l'échéance, c'est une manière à peine détournée de remettre du sel sur les plaies, de signifier à nouveau que François Fillon- et lui seul- a pris la (lourde) décision de se maintenir et, conséquemment, de fracasser la droite, selon toute probabilité...

Ceci dit, ceci précisé, Nicolas Sarkozy peut s'autoriser à enfiler toutes les idées convenues du moment, cet instant si particulier où la droite républicaine, ses cadres, ses électeurs, intègrent  qu'ils vont sans doute perdre l'élection présidentielle 2017, celle qui, par définition, était "gagnée d'avance"... Des mots donc, sans saveur, ni interêt, du Sarkozy plus terne que nature: "François Fillon est le seul parmi les candidats à avoir l'expérience qui lui permette d'incarner et de réussir l'alternance dont la France a tant besoin. J'appelle tous les Français à se mobiliser pour la victoire décidées de la droite républicaine et du centre, les seules en mesure de permettre le redressement". Défense des "idées de la droite" et non pas enthousiasme pour un candidat et son programme, pourtant la définition même de l'élection présidentielle en 5 ème république "gaulliste". 

Juppé, un tweet sec et rien de plus

Alain Juppé sera pour sa part plus elliptique encore. Un tweet, quelques signes, pas davantage, expédié : "Le monde est dans la tourmente, la France a besoin d'un président expérimenté. François Fillon a cette expérience. Je lui confirme mon soutien". Le maire de Bordeaux, claquemuré dans sa ville, ne supporte pas le soupçon de "trahison": qu'il serait "le Valls de droite", qu'en sous-main il pourrait soutenir Emmanuel Macron, qu'au lendemain du premier tour une partie de son entourage rejoindrait le candidat d'En Marche, que son lieutenant Edouard Philippe, le maire du Havre, ferait un remarquable ministre du nouveau président. Alors un tweet pour couper court et retourner à la discrétion, au silence. Jusque cette "nuit des longs couteaux" qui ne devrait plus guère tarder. 

Fillon, s'il perd, paiera la note

A ce jeu du grand massacre, il va de soi que Nicolas Sarkozy se prépare. Non pas tant qu'il veuille reprendre lui même un pouvoir direct sur une droite à la fois disloquée et dans l'opposition; mais l'ex-président entend être le maître d'œuvre d'un nouveau meccano mis en place pour éviter une déroute aux élections législatives. Pour cela, il voudrait confier le parti "Les Républicains" (sa chose, sa création...) et la campagne électorale à un tandem Baroin-Wauquiez qu'il influencerait en permanence. Encore faudrait-il que les deux impétrants le veuillent ou le puissent. Wauquiez, l'ultra-droitier, versus Baroin, le gaulliste-social disciple de Jacques Chirac. Les constructions politiques de Nicolas Sarkozy sont fréquemment tortueuses. Mais cela, les Français le savent et, désormais, ne le prennent plus guère au sérieux. 

Toujours est-il que de ces constructions, François Fillon est absent. S'il perd, il paiera. Cher 

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