Attentat en Egypte : le président Sissi déclare l'état d'urgence pour trois mois

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a annoncé dimanche soir l'état d'urgence pour trois mois, après des attentats à la bombe contre deux églises coptes qui ont fait au moins 44 morts. 

 Le président égyptien a observé une minute de silence en hommage aux victimes du double attentat meurtrier ayant frappé dimanche deux églises coptes.
 Le président égyptien a observé une minute de silence en hommage aux victimes du double attentat meurtrier ayant frappé dimanche deux églises coptes. The Egyptian Presidency/Handout via REUTERS

    Nouvel épisode dans l'histoire tumultueuse de l'Egypte avec l'état d'urgence. Après la mort d'au moins 44 personnes en ce dimanche des Rameaux dans un double attentat revendiqué par Daech, le président Abdel Fattah al-Sissi a déclaré dans la soirée le retour de cette mesure d'exception pendant trois mois.

    La décision, annoncée dans une déclaration solennelle à la télévision, doit encore être approuvée par le Parlement. Mais cela ne devrait pas poser de problème. L'hémicycle est dominé par les partisans du président Sissi, qui dirige le pays d'une main de fer depuis qu'il a destitué en 2013 son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi.

    «Il y a une série de procédures qui vont être prises, en premier lieu l'état d'urgence pendant trois mois», a précisé le président égyptien, le visage grave, ajoutant que la mesure avait été prise pour «protéger» et «préserver» le pays. Pour rappel, ce régime élargit considérablement les pouvoirs de la police en matière d'arrestation, de surveillance, et peut imposer des restrictions à la liberté de mouvement.

    Une partie du Sinaï déjà sous état d'urgence

    L'Egypte a été durant trente ans sous état d'urgence. Celui-ci n'a été annulé qu'un mois avant l'arrivée au pouvoir du président islamiste Mohamed Morsi, en 2012. Son abrogation était l'une des demandes principales des militants qui ont mené la révolte de 2011 contre Hosni Moubarak.

    Après la destitution du président Morsi à l'été 2013, l'état d'urgence a été rétabli durant un mois, alors que les forces de sécurité réprimaient dans le sang les partisans islamistes de l'ancien président, et que des églises et propriétés chrétiennes étaient attaquées. Depuis octobre 2014 et un attentat meurtrier, une partie du nord de la péninsule du Sinaï, où Daech est très actif, est constamment sous état d'urgence.

    Donald Trump approuve

    Le retour de ce régime restrictif sur l'ensemble du territoire intervient alors que la question des droits de l'homme en Egypte est régulièrement soulevée par les ONG. Le 3 avril, la visite du président Sissi aux Etats-Unis a réveillé cet épineux dossier, alors que sa relation avec Barack Obama était plus qu'houleuse pour ces raisons-là

    «Inviter M. Sissi pour une visite officielle à Washington au moment où des dizaines de milliers d'Egyptiens croupissent en prison et où la torture est de nouveau à l'ordre du jour est une étrange façon de bâtir une relation stratégique stable», a estimé Sarah Margon, responsable de Human Rights Watch dans la capitale fédérale américaine. Au centre des interrogations, figure une loi de 2013 qui stipule que les manifestants doivent informer le ministère de l'Intérieur de leurs projets de manifestations. Le ministère peut alors refuser cette permission. Les activistes réfractaires risquent jusqu'à deux ans d'emprisonnement.

    Le président Sissi «a fait un travail fantastique dans un contexte très difficile», a conclu début avril M. Trump au terme de leur rencontre. Une semaine plus tard, le chef d'Etat américain garde le cap. Dimanche, quelques heures après le double attentat revendiqué par Daech, le Républicain s'est même dit sur Twitter «confiant dans la capacité du président à gérer la situation comme il se doit».