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Twitter fait plier Trump sur la liberté d'expression

La nouvelle administration réclamait l'identité d'un compte critiquant ses politiques d'immigration.Après que le réseau social ait poursuivi le gouvernement, il a retiré sa plainte.

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Le gouvernement américain aurait pu avoir du mal à justifier sur le plan juridique l’injonction faite à Twitter (REUTERS/Lucas Jackson)

Par Anaïs Moutot, Anaïs Moutot

Publié le 10 avr. 2017 à 10:52Mis à jour le 10 avr. 2017 à 11:16

Victoire pour Twitter face à l'administration Trump. Mi-mars, le département de la Sécurité intérieure avait ordonné au réseau social de lui révéler l'identité d'un utilisateur critique vis-à-vis des politiques du gouvernement.

Jeudi, l'entreprise californienne a annoncé poursuivre en justice le gouvernement américain, estimant que sa demande violait la liberté d'expression protégée par le premier amendement de la Constitution. Une démarche qui a conduit l'administration à retirer sa demande en moins de 24 heures.

"La vitesse à laquelle elle a cédé montre à quel point sa demande était inconstitutionnelle", estime Esha Bhandari, l'une des avocates de l'association de défense des libertés individuelles A.C.L.U, qui s'est associée à Twitter dans la poursuite.

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Le gouvernement semblait en effet à court d'arguments juridiques, évoquant une loi relative à des investigations liées à l'importation de marchandises, difficilement applicable dans ce cas...

Eviter un bras de fer

Avec ce retrait, le gouvernement semble aussi vouloir éviter un nouveau bras de fer avec la Silicon Valley. Depuis l'élection de Donald Trump, les relations, d'abord tendues, se sont apaisées récemment, avec une réforme des visas moins sévère qu'attendue et l'espoir d'une réforme permettant de rapatrier la trésorerie stockée à l'étranger en allégeant son imposition. "Nous sommes actuellement dans ce que j'appellerais une paix froide", analyse Georges Nahon, le PDG d'Orange Silicon Valley.

Des tweets critiques

Le compte en question, @ALT_uscis, un acronyme pour "alternative U.S. Citizenship and Immigration Services", a été créé en janvier au moment de la prise de pouvoir de la nouvelle administration. Ses tweets critiquent ses politiques en matière d'immigration, de l'interdiction d'entrée sur le territoire de ressortissants de pays à majorité musulmane à la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique.

Il fait partie d'un réseau de plusieurs comptes - @alt_labor sur les politiques d'emploi, @RogueEPAStaff sur les politiques environnementales - qui seraient tenus par des employés fédéraux, certains encore en poste, voulant exprimer leurs désaccords avec l'administration actuelle.

Ce n'est pas la première fois que Donald Trump essaye de contrôler ce qui se dit sur son réseau social favori. Après son inauguration en janvier, il avait appelé le directeur du service des parcs nationaux pour s'offusquer du retweet sur le compte officiel du département d'une photographie montrant une foule plus large lors de l'inauguration du président Barack Obama en 2009 que lors de la sienne.

Les demandes pour obtenir l'identité d'utilisateurs anonymes sur les réseaux sociaux ne se limitent cependant pas au gouvernement actuel. Twitter a déposé plainte à plusieurs reprises par le passé pour refuser de révéler l'identité de ses utilisateurs. La société est cependant contrainte de communiquer celle-ci dans certains cas criminels.

Précédent d'Apple

L'affaire n'est pas sans rappeler la victoire d'Apple dans sa confrontation avec le FBI en février 2016. La société de Cupertino avait refusé de concevoir un logiciel permettant de déverrouiller l'iPhone d'un des responsables de la tuerie de San Bernardino, comme demandé par l'agence gouvernementale. Le FBI avait finalement retiré son assignation en justice et décidé de recourir à d'autres méthodes.

Anaïs Moutot

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