Changement climatique : menace sur la baie du Mont-Saint-Michel

Selon une étude publiée lundi, le dérèglement climatique pourrait remodeler notre littoral. Explications.

Le changement climatique pourrait affaiblir les courants d’eau et modifier, notamment, la topographie du Mont-Saint-Michel.
Le changement climatique pourrait affaiblir les courants d’eau et modifier, notamment, la topographie du Mont-Saint-Michel. (LP/AURÉLIE LADET)

    Aux enfants qui demandent pourquoi la mer se retire, on répond que c'est sous l'effet de la force de gravitation de la Lune. Il faudra désormais ajouter que les marées sont influencées par le changement climatique. C'est ce qu'explique un article publié lundi par le bureau de recherche géologique et minière (BRGM).

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    «Dans certaines zones, les écarts entre pleine mer et basse mer ( NDLR : le marnage) seront renforcés, par exemple de la pointe du Cotentin jusqu'à Calais, détaille l'étude. Dans d'autres, le marnage sera plus faible, notamment dans la baie du Mont-Saint-Michel.» Là où la mer montera moins, le BRGM estime que l'impact pourrait être visuel. «Le changement climatique ne jouera pas seulement sur le niveau d'eau mais aussi sur les courants qui seront plus faibles, détaille Deborah Idier, responsable scientifique au BRGM. Ce qui touchera par exemple, dans la baie du Mont-Saint-Michel, le transport de sédiments et donc la topographie des lieux.»

    Une variation de 15 centimètres

    Les chercheurs estiment que les hauteurs de la pleine mer et de la basse mer pourraient varier de plus ou moins 15 cm par rapport à aujourd'hui, si le niveau moyen monte de 1 m. Un scénario que les climatologues jugent plausible d'ici à la fin du siècle. «Quinze centimètres, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas du tout négligeable», souligne Deborah Idier. A Calais, par exemple, le BRGM estime que l'augmentation du marnage aboutirait à un «risque accru en termes d'érosion et de submersion».

    Les côtes sont déjà victimes d'un lent mais inéluctable recul. C'est que le rythme d'élévation du niveau de la mer s'accélère. Alors qu'elle montait au XXe siècle de 1,7 mm par an, elle grimpe désormais de 3,2 mm par an. «Au sud de l'île d'Oléron, l'érosion atteint des niveaux records en Europe, le trait de côte reculant de 25 à 50 m par an», explique Eric Chaumillon, chercheur au CNRS et professeur de géologie marine à l'université de La Rochelle. Un autre phénomène, inquiétant cette fois pour les pêcheurs et navigateurs, se déroule le long de la façade nord-est atlantique. Au large, les vagues ont grandi de plus d'un mètre en l'espace d'un siècle ! Là encore, la cause pourrait être le changement climatique.