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Fed : Janet Yellen se rebiffe contre Donald Trump

Remontée à bloc contre des députés Républicains qui souhaitent, comme le président des Etats-Unis, remettre en cause l’autonomie de la Fed, sa patronne a remis les pendules à l’heure hier, lors d’une intervention publique à l’Université du Michigan.

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Janet Yellen à Washington le 15 mars 2017.

Janet Yellen à Washington le 15 mars 2017.

Brendan Smialowski / AFP

Pas question de céder un pouce de terrain face à Donald Trump ! Remontée à bloc contre des députés Républicains qui souhaitent, comme le président des Etats-Unis, remettre en cause l’autonomie de la Fed, sa patronne a remis les pendules à l’heure hier, lors d’une intervention publique à l’Université du Michigan.

 « Notre indépendance est menacée », s’est alarmée Janet Yellen. Invitée à une conférence-débat, la patronne de la Fed faisait allusion à un projet de loi récemment déposé par plusieurs membres du Congrès américain destiné à encadrer les décisions de politique monétaire de la Réserve Fédérale. Le texte de loi prévoit, en effet, que les variations des taux directeurs de la banque centrale américaine s’appuieront sur « une seule règle mathématique simple ». Et que si ses actions s’en écartent, la Fed sera alors soumise à une vérification de la part de l’organisme d'audit, d'évaluation et d'investigation du Congrès des États-Unis chargé du contrôle des comptes publics du budget fédéral des États-Unis (General Accounting Office). Autrement dit, la Fed passerait sous les fourches caudines du Congrès. « Je pense que nos performances économiques sont meilleures et que les Etats-Unis sont mieux servis avec un organisme non partisan protégé des pressions politiques de court terme », a tranché la présidente de la Réserve Fédérale.

Yellen s'oppose à Trump sur la régulation bancaire

Mais ce projet de loi ne constitue pas le seul motif d’agacement de Janet Yellen. La présidente de la Réserve Fédérale s’est montrée aussi très contrariée début février 2017 par une lettre du sénateur républicain Patrick McHenry, vice-président de la Commission des services financiers, lui ordonnant d’abandonner sa participation à des « forums internationaux de régulation bancaire, non conformes aux intérêts américains » selon lui. « Malgré le message clair délivré par le Président Donald Trump visant à accorder la priorité aux intérêts de l'Amérique dans les négociations internationales, il semble que la Réserve fédérale continue de négocier les normes de réglementation des institutions financières mondiales avec des bureaucrates à l'étranger sans transparence et sans en avoir la responsabilité, ni l'autorité. C'est inacceptable », s’indignait le sénateur. Mais pas de quoi déstabiliser Yellen qui lui avait alors répondu que  « des normes de réglementation solides renforcent la stabilité du système financier américain ».

A cette polémique sur le rôle international de la FED, s’ajoute un autre contentieux entre Janet Yellen et la Maison Blanche. La présidente de la Fed est clairement opposée aux décrets de Donald Trump destinés à détricoter la loi Dodd-Frank adoptée après la crise financière, qui limite notamment la spéculation pour compte propre des banques et les contraint à avoir plus de fonds propres réglementaires, afin de réduire leurs risques. Face à un Donald Trump très remonté contre des lois qui étouffent la politique de prêts bancaires, la Présidente de la FED a répondu: « sur la base de données objectives, je ne pense pas que l’on puisse affirmer que les régulations aient asphyxié le crédit bancaire ».

Une véritable partie d'échec

A l’évidence, la « sortie » de Janet Yellen hier face aux étudiants de l’Université du Michigan n’est qu’un épisode supplémentaire, et pas le dernier, dans la  partie d’échec engagée avec Donald Trump, qui n’a cessé de critiquer la politique du dollar fort de la FED pendant sa campagne. A priori, le président américain dispose d’un atout maître face à l’incontrôlable Yellen. Celui-ci doit, en effet, nommer trois nouveaux membres au Conseil des gouverneurs de la Fed - qui en compte sept-, d’ici à la fin de cette année. Mais leurs nominations sont soumises à la confirmation du Sénat. Fort heureusement pour Yellen, selon les experts, une majorité de sénateurs (voire au sein même des Républicains) restent viscéralement attachés à l’indépendance de la FED. Pas sûr donc qu’ils cautionnent les choix présidentiels. Du coup, à défaut de pouvoir dans l’immédiat exercer des pressions directes sur Janet Yellen, le Président des Etats-Unis devra attendre février 2018 pour se débarrasser de la récalcitrante Janet Yellen. Et la remplacer, espère-t-il, par une personnalité plus docile à ses yeux !

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