Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Guyane : la radicalisation d’un mouvement populaire

Le collectif des « 500 frères », s’il est encore admiré, commence à diviser la population et ne manque pas de poser question, estime le journaliste au « Monde » Patrick Roger.

Publié le 12 avril 2017 à 06h43, modifié le 18 avril 2017 à 03h01 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Des membres du « Collectif des 500 frères » devant la préfecture à Cayenne (Guyane) le 1er avril.

ANALYSE. Qu’il n’y ait aucune ambiguïté. Le mouvement qui soulève la Guyane depuis la mi-mars et qui a pris une ampleur inédite depuis la grande manifestation du 28 mars mobilise toutes les couches de la population. Une nouvelle génération aspire à prendre des responsabilités dans un territoire devenu département français en 1946, mais qui souffre d’un retard structurel de développement.

Les difficultés sont immenses, les inégalités criantes, le personnel politique et économique qui se partage les postes de responsabilité depuis des décennies largement déconsidéré. La population guyanaise exprime un ras-le-bol partagé. En s’emparant de revendications légitimes, elle souhaite prendre en main son propre destin. Le contraste entre la vitrine européenne du centre spatial de Kourou, fleuron de la technologie, et des conditions honteuses pour une partie de la population rend la situation explosive. « Comment pouvons-nous continuer à lancer des fusées sur fond de bidonvilles ? », s’indignait déjà François Mitterrand en 1985.

La Guyane doit faire face à des flux d’immigration sans équivalent sur le territoire national – hormis à Mayotte – et à une explosion démographique auxquelles les ressources dont elle dispose ou qui lui sont allouées ne permettent pas de répondre : 35 000 habitants en 1961, 252 000 en 2016 (officiellement), le double dans trente ans, prévoit l’Insee. Les équipements sanitaires sont saturés, et dans un état de délabrement indigne d’une puissance mondiale, les établissements scolaires insuffisants, les transports collectifs quasiment absents et l’insécurité chronique. Tous les motifs d’une révolte sont réunis.

Tordons le cou à une autre faribole. Entendre François Fillon, premier ministre de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012, dénoncer une situation « résultant d’une absence de politique outre-mer depuis cinq ans » frise l’indécence. Durant le quinquennat précédent, les ultramarins ont eu, non sans raison, le sentiment d’être la dernière roue du carrosse.

D’ailleurs, les années Sarkozy-Fillon ont, elles aussi, été marquées par des mouvements sociaux d’ampleur outre-mer, comme en 2009 dans les Antilles. La gauche a hérité à son arrivée d’une situation considérablement dégradée, notamment à Mayotte et en Guyane, qu’elle s’est efforcée de rattraper tant bien que mal. La loi sur l’égalité réelle outre-mer, votée en fin de législature, pose un jalon important. La droite, sur ce plan, n’a guère de leçons à donner.

Il vous reste 57.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.