Un premier groupe de chauffeurs de VTC porte plainte contre Uber

Dix chauffeurs de VTC assignent ce vendredi Uber au conseil de prud'hommes de Paris pour «salariat déguisé». Une première salve car une cinquantaine d'autres dossiers devraient suivre.

    Avis de tempête chez Uber. Ce vendredi matin, dix chauffeurs VTC assignent la société californienne au conseil de prud'hommes de Paris et une cinquantaine d'autres dossiers devraient suivre. «L'objectif est de requalifier ces travailleurs indépendants en statut de salariés», explique Sayah Baaroun, secrétaire général du syndicat SCP-VTC, affilié à l'Unsa.

    «Tous les chauffeurs vous le diront : on est les nouveaux canuts payés à la tâche, obligés de répondre au doigt et à l'oeil et l'on ne s'en sort pas», dénonce le syndicaliste.

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    Après des mois de manifestations et de médiations infructueuses, le syndicat a donc fait appel à un ténor du barreau, l'avocat Jean-Paul Teissonière, défenseur, entre autres, des victimes de l'amiante. L'arme juridique, «c'est le seul langage qu'ils semblent comprendre», poursuit Sayah Baaroun. Mais les dossiers sont longs à monter, car les ordres des clients se faisant via Internet ou les applications dédiées, il n'existe aucune trace permettant d'établir le lien de subordination entre les chauffeurs et Uber et de démontrer le salariat dit «déguisé». Pourtant, le prix des courses est fixé par les algorithmes, à la base du modèle économique d'Uber. Pour collecter les données nécessaires à son fonctionnement, la plate-forme surveille et contrôle les chauffeurs 24 heures sur 24. Enfin, les clients sont invités à noter la tenue, la qualité du service et la relation au chauffeur avec des scores qu'Uber se réserve de publier. Autant d'éléments qui, selon M e Jean-Paul Teissonière, prouvent «l'hyperdépendance de ces chauffeurs payés par Uber et abusivement appelés travailleurs indépendants».

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    «Aberration sociale»

    Les juges des prud'hommes vont désormais examiner ce que l'avocat appelle une «aberration sociale». Avec, à la clé, des indemnisations évaluées à six mois de salaires et des dommages et intérêts.

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    Les plaignants réclament des sommes allant jusqu'à 50 000 euros. Une procédure identique déposée aux Etats-Unis a contraint Uber à débourser 94 millions d'euros pour un accord à l'amiable.

    Uber n'est pas seul visé. Concert de klaxons, défilé de berlines noires... J eudi, à Issy-les Moulineaux (Hauts-de-Seine), une centaine de chauffeurs ont manifesté contre Chauffeur privé, rival d'Uber en France. Plusieurs mannequins pendus par une cravate rouge étaient censés illustrer leur situation, les chauffeurs de VTC se sentant littéralement «étranglés» par les plates-formes.