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Politique

Ce que les médias étrangers disent de Jean-Luc Mélenchon

Hémicycle de l'Assemblée nationale

Hémicycle de l'Assemblée nationale - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Sa montée en puissance dans les sondages fait de Jean-Luc Mélenchon un candidat crédible pour l'accès au second tour de la présidentielle. Elle le place aussi au centre de l'attention de la presse internationale.

La progression importante de Jean-Luc Mélenchon dans les enquêtes d'opinion a poussé ses détracteurs à revoir leur perception du candidat à la présidentielle. Ses détracteurs n'ont pas hésité ces derniers jours à le présenter comme un dangereux révolutionnaire. Mais sa montée en puissance lui a aussi permis de trouver une nouvelle audience auprès des médias étrangers. 

Pour le journal britannique, The Guardian, deux dimensions sont à retenir dans le personnage. Dans cet article qui lui est consacré, on commence par souligner ses aptitudes de tribun à tenir une scène. Ainsi, il est dépeint en "showman politique à la dent dure". Mais son programme économique tranché retient aussi l'attention de ce quotidien de centre-gauche à l'orientation libérale assumée. Ainsi, on qualifie sa feuille de route de "radicale, mêlant impôts et dépenses". Imaginant un possible duel entre le candidat de la "France insoumise" et Marine Le Pen, le Guardian assure qu'un "affrontement entre l'extrême-gauche et l'extrême-droite représenterait un bouleversement sismique pour la politique française et européenne". 

Un phénomène mondial

El Pais, journal espagnol de référence, mène aussi une lecture internationale de la campagne de Jean-Luc Mélenchon et envisage, sous ce prisme, la possibilité d'une confrontation de second tour entre Jean-Luc Mélenchon et la présidente du Front national. Pour l'auteur, une telle éventualité reviendrait à faire un "choix entre l’expression de gauche ou de droite de la vague populiste transatlantique". El Pais va plus loin dans cette mise en perspective: "Ce serait la version française, et multipliée par deux, du choc du Brexit ou de la victoire de Trump, la disjonction, non comme au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, entre la rupture et la continuité, mais entre deux versions, provenant des marges idéologiques du système de partis, de la rupture avec l’ordre établi."

Le New York Times, reprenant une dépêche de l'agence américaine Associated Press, évoque la volonté de Jean-Luc Mélenchon d'aller, en cas d'élection, au bras de fer avec l'Union européenne, pouvant aller jusqu'à la mise à exécution de son "plan B", c'est-à-dire une sortie des traités européens. "Un possible départ français de l’Union européenne – un 'Frexit'- serait dévastateur pour le bloc", affirme l'article.

La presse américaine est intriguée

Le grand journal new-yorkais se montre aussi intrigué par la trajectoire atypique de Jean-Luc Mélenchon: "Mélenchon, 65 ans, est un iconoclaste improbable. Il a passé des décennies au sein de la politique mainstream, au service d'un gouvernement socialiste et au Parlement. Aujourd’hui, il conduit une alliance d’extrême-gauche incluant le Parti communiste." Le New York Times voit dans l'aisance et l'absence de complexe de son discours politique les raisons de son succès auprès de l'opinion: "L’esprit acéré de Mélenchon et son éloquente rhétorique anticapitaliste durant les deux débats présidentiels l’ont aidé à renforcer sa position parmi un électorat frustré par les partis traditionnels de droite et de gauche". 

Le site du magazine américain Newsweek a emprunté un chemin de traverse pour en arriver au candidat de la "France insoumise". Son journaliste s'est en effet essayé à "Fiscal Kombat", le jeu vidéo lancé par des partisans de Jean-Luc Mélenchon où un avatar de l'homme politique lutte contre la fraude et l'évasion fiscales en secouant personnages controversés de la politique hexagonale ou figures du libéralisme. L'auteur s'amuse de la difficulté de l'exercice vidéoludique: "Tout comme renverser le capitalisme, le jeu se révèle être un défi. Indiscrétion complète: lors de sa première tentative, votre auteur s'est montré incapable de battre le premier adversaire, l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac-ou, comme le jeu l'appelle, 'Jérôme l'intouchable'". 

Mais il ne s'agit là que d'un prétexte pour aborder le versant plus directement politique de l'affaire: "Jean-Luc Mélenchon manque d'expérience du pouvoir et tient des positions et discours débridés. Mais l'électorat français semble apprécier son style sans fioritures." Pour le magazine, Jean-Luc Mélenchon va devoir amplifier sa dynamique cependant s'il veut parvenir au second tour de l'élection mais, ajoute-t-il, "dans un pays qui semble majoritairement dégoûté des politiciens traditionnels et des réponses conventionnelles, il serait stupide de le croire déjà 'game over'". 

Robin Verner