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Que pensent les électeurs FN? Les 10 enseignements de notre sondage

L'Ifop a réalisé pour le JDD une "radioscopie" de l'électorat du FN. Voici ce qu'il faut en retenir.

Arnaud Focraud , Mis à jour le
Marine Le Pen le 5 avril, près de Strasbourg.
Marine Le Pen le 5 avril, près de Strasbourg. © Reuters

A une semaine du premier tour de l'élection présidentielle, le JDD a voulu connaître les ressorts du vote Marine Le Pen. Qui sont les Français ayant déjà opté pour le FN et qui pourraient recommencer cette année?Quelles sont les motivations de ces électeurs? C'est à ces questions que tente de répondre l'enquête Ifop-Fiducial*. Il en ressort que le parti d'extrême droite a fortement changé en 20 ans, s'inscrivant complètement dans le jeu politique, bien qu'il n'ait pas encore achevé sa mue. Voici dix enseignements de cette étude.

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30% des Français ont déjà voté FN

Près d'un tiers des 3.200 sondés de l'enquête Ifop pour le JDD indique avoir "personnellement déjà voté en faveur d'un candidat ou d'une liste du Front national", quelle que soit l'élection. Soit au total 966 personnes interrogées. Un cinquième (19%) de l'échantillon total l'ont même fait plusieurs fois, contre un dixième (11%) à n'avoir voté FN qu'une seule fois. Moins de la moitié (40%) de ces électeurs FN a voté pour ce parti aux dernières régionales, ce qui correspond presque aux 15% d'électeurs inscrits (27% des voix exprimées) ayant effectivement choisi la formation de Marine Le Pen lors de cette échéance fin 2015.

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Un vote par rejet toujours majoritaire mais en baisse

Aujourd'hui, encore 60% des électeurs du FN disent encore voter "par rejet des autres partis" plus que par "adhésion" à celui-ci. Une proportion qui est toutefois nettement en baisse par rapport à une précédente enquête réalisée il y a 20 ans, en 1997. A cette époque, ils étaient en effet 84% à choisir le parti de Jean-Marie Le Pen par rejet.

Vote FN

35% des électeurs FN font le même constat du pays que ce parti

Quelles sont les principales raisons qui ont amené des électeurs à choisir le parti d'extrême droite? En premier lieu, une majorité relative de ces personnes (43%) dit vouloir "exprimer [son] mécontentement à l'égard des autres partis politiques". Ensuite, 35% d'entre eux indiquent "partager le constat que ce parti fait sur l'état de la France" et 34% répondent "adhérer aux idées et solutions sur l'immigration et l'intégration" qui sont proposées par cette formation. Ils ne sont en revanche plus que 19% à rejoindre le FN sur ses "idées et solutions économiques et sociales". La seule personnalité de Marine Le Pen est une raison relativement mineure (9%).

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Programme FN

45% des électeurs frontistes votent pour son programme

Dans une autre question de l'Ifop, qui demande à ces sondés frontistes ce "qui compte le plus" dans leur vote, 45% d'entre eux répondent "le programme présenté par le FN" quand ils sont 30% à choisir "les valeurs" portées par ce parti. Là encore, ils ne sont qu'une faible minorité à ne choisir que la seule figure de Marine Le Pen (7%) et les 18% restants ne donnent aucune de ces raisons.

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Marine Le Pen plus "proche des gens" pour 57% de ses électeurs

Les électeurs passés ou actuels du FN jugent à 57% que Marine Le Pen est "proche des gens comme [eux]" que les autres responsables politiques, davantage capable d'"appliquer son programme" si elle est élue présidente à 54% et plus "sincère" à 51%. Des scores évidement moindres chez l'ensemble des Français, puisqu'elle n'est qualifiée de plus proche des électeurs que par 23% d'entre eux et de plus sincère à 22%. En revanche, la candidate n'est jugée que plus "honnête" par 40% des électeurs FN et 17% des sondés.

Un FN davantage "capable de gouverner la France" pour 80% de ses électeurs et encore "raciste" pour 38% d'entre eux

C'est la grande évolution du FN version Marine Le Pen : il est jugé "capable de gouverner" le pays pour 80% de ses électeurs, quand ils n'étaient que 47% en 1997. Dans le même ordre, il est aujourd'hui considéré comme davantage" capable de résoudre le problème du chômage" (à 71%, contre 45% il y a 20 ans), "d'avoir une vision d'avenir pour la France" (à 81%, contre 63%) et même "proche des préoccupations" des Français pour 84%, quand ils étaient 68% à le dire auparavant. La stratégie de dédiabolisation a également - en partie du moins - porté ses fruits, puisque 38% des électeurs FN en 2017 jugent leur parti "raciste" contre 63% en 1997.

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Un maintien dans l'euro ne changerait rien pour la moitié des électeurs FN

"Si Marine Le Pen renonçait à sortir de l'euro et à revenir au franc", son électorat ne serait pas déboussolé, à en croire cette enquête. Plus de la moitié (52%) estime en effet que cela ne "changerait rien à [son] intention de voter à la prochaine présidentielle". Plus surprenant encore : 31% assurent que cela leur donnerait davantage envie de voter pour elle, quand 17% répondent l'inverse, qu'ils auraient moins envie de choisir la candidate frontiste.

Lire aussi : SONDAGE. Forces et faiblesses électorales de Marine Le Pen

74% pour la peine de mort

Sur une série de sujets, l'Ifop compare également l'opinion des électeurs frontistes avec celle de l'ensemble des Français. Certains avis se distinguent. Par exemple, l'électorat FN est le plus unanime (92%) avec la déclaration "La justice est trop laxiste" là où 76% des Français le pensent. De même, ils sont 89% à penser "que la France est un pays de culture chrétienne" (81% en moyenne), 88% à considérer que "la France a perdu sa souveraineté" (67%) et 86% à juger que "l'on ne se sent plus chez soi comme avant" (61%). D'autres sujets sont tout aussi clivants : 74% des frontistes veulent rétablir la peine de mort contre 46% de l'ensemble des électeurs ou, à l'inverse, 37% jugent la France "plus forte" dans l'UE quand ils sont 61% des sondés à le penser.

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La moitié des électeurs FN veut plus d'églises

Interrogés sur l'adhésion au soutien financier des pouvoirs publics (Etat, collectivités territoriales) dans la construction des lieux de culte, les Français y sont favorables à 39% pour ce qui concerne les églises, 18% pour les synagogues et 15% pour les mosquées. L'avis des seuls électeurs FN est plus contrasté entre les édifices chrétiens et les lieux de culte du judaïsme et de l'islam. Ainsi, 51% de ces personnes veulent plus de soutien public à la construction d'églises. Ils ne sont en revanche que 16% à penser ainsi pour les synagogues et 10% pour les mosquées.

De Gaulle, une figure tutélaire moins partagée dans l'électorat frontiste

L'Ifop a présenté une liste de sept personnalités historiques (De Gaulle, Napoléon, Jeanne d'Arc, Robespierre, Louis XIV, Clovis et… Pétain) en demandant aux personnes interrogées de retenir celle qui "correspond le plus à l'idée" qu'ils se font de la France. Sans grande surprise, le général De Gaulle arrive en tête à la fois chez l'ensemble des Français (61%) et les électeurs du FN, mais dans une proportion moindre (55%).Paradoxalement, ces derniers étaient plus nombreux, 64%, à répondre ainsi en 1997. Aujourd'hui, ils choisissent plutôt en second Jeanne d'Arc (15%) que Napoléon (13%) quand les Français donnent plutôt l'empereur (11%) puis la pucelle d'Orléans (10%). Le Maréchal Pétain n'est lui retenu que par 1% des sondés et 3% des électeurs frontistes.

* Sondage Ifop-Fiducial réalisé en ligne du 31 mars au 5 avril 2017 pour le JDD et Sud Radio, auprès d'un échantillon de 966 personnes ayant déjà voté pour le FN, lui-même extrait d'un échantillon de 3.200 personnes, représentatif de la population française en âge de voter. Cette représentativité a été assurée par la méthode des quotas.

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