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VIDEO - L'aumônier de l'Assemblée clame sur CNews que l'IVG "est un crime"
Laurent Stalla-Bourdillon est l'aumônier de l'Assemblée nationale.
Capture d'écran CNews

VIDEO - L'aumônier de l'Assemblée clame sur CNews que l'IVG "est un crime"

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Lors d'un débat consacré au vote des catholiques de France, ce lundi de Pâques sur CNews, Laurent Stalla-Bourdillon a asséné la position la plus dure de l'Eglise sur l'avortement.

Tout se passe tranquillement sur le plateau animé par Pascal Praud sur CNews. Et pour cause, pour le débat portant en ce lundi de Pâques sur le vote des catholiques à l'élection présidentielle, le pluralisme est presque absent de l'émission. Les débatteurs invités - notamment Jérôme Béglé du Point, la journaliste réactionnaire Charlotte d'Ornellas ou encore l'éditorialiste Hélène Pichilowski - sont quasiment tous favorables à l'émergence d'un mouvement politique catholique et conservateur. Pendant une demi-heure, tous défendent les "valeurs" de la Manif pour tous sans rencontrer d'opposition autre que celle de Bruno Roger-Petit, éditorialiste chez Challenges. On a même droit à quelques moments surréalistes, lorsque des avancées sociétales sont imputées à l'Eglise catholique : "Qui a libéralisé la pilule ? Le gaulliste Lucien Neuwirth, avec l'accord de l'Eglise", prétend Jérôme Béglé. Lequel ajoute que la loi Veil sur l'IVG ne serait jamais passée sans "la neutralité bienveillante" du clergé catholique...

Mais Laurent Stalla-Bourdillon va jeter un trouble sur ce bel unanimisme. Cet invité est "directeur du Service pastoral d'études politiques", chargé pour l'Eglise de faire le lien entre le clergé catholique français et le monde politique. Il est aussi l'aumônier de l'Assemblée nationale. Le prêtre avait débuté l'émission sur un ton consensuel, limite bisounours : "Être catholique, c'est avoir conscience que notre humanité est ouverte, pas close sur elle-même, et que nous sommes inspirés. A la messe, les chrétiens se réunissent pour aller se nourrir, pour densifier leur humanité."

L'IVG est un crime
Laurent Stalla-Bourdillon

Mais lorsque le débat se tourne vers la question de l'avortement, le voilà tout de suite beaucoup moins cool. Questionné sur sa position personnelle, il assume : " Ma position est celle de la doctrine de l'Eglise catholique : l'IVG est un crime." Et de justifier le point de vue des catholiques alignés sur cette position : " Un certain nombre de concitoyens ont besoin de défendre des réalités auxquelles ils sont attachés, parce qu'ils sentent que c'est ça qui conditionne la condition de vivre ensemble, le respect de leur identité ou de leur dignité de personnes."

C'en est trop pour Bruno Roger-Petit, qui explose : "-C'est monstrueux ! Quand on dit que l'IVG est un crime, c'est monstrueux !" L'éditorialiste est alors rabroué par ses codébatteurs. Charlotte d'Ornellas : "Est-ce que vous pouvez entendre que c'est précisément parce qu'on est préoccupés par ces femmes obligées d'avorter qu'on tient un tel discours sur l'IVG ?" Hélène Pichilowski enchaîne : " Moi je pense que les catholiques qui ont la vraie foi chrétienne disent que l'IVG est un crime. Ça ne me choque pas. Ce n'est pas dangereux, ce n'est pas du fascisme qu'on impose aux autres. Une femme qui va pratiquer l'IVG ne va pas se sentir criminelle sous prétexte que les croyants la condamnent".

Laurent Stalla-Bourdillon refusera de dire explicitement pour qui il compte voter mais le prêtre ne semble pas franchement hostile au candidat dont l'ombre plane sur l'émission... " Les leaders politiques, on passe notre temps à chercher en eux le mal qu'ils ont en eux. On cherche sans arrêt à nous faire dire 'regardez ce qu'il a fait, c'est pas bien, on ne peut pas voter pour lui'. On cherche l'oie blanche", regrette ainsi le prêtre. Provoquant une nouvelle réaction de Bruno Roger-Petit : "Là on est dans l'absolution de François Fillon, c'est fantastique". Amen.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne