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Interview

Will Lewis : « Google et Facebook ont un biais délibéré contre le journalisme »

Will Lewis DG de Dow Jones et éditeur du « Wall Street Journal ».

Par Nicolas Madelaine

Publié le 17 avr. 2017 à 16:49

Will Lewis, le patron du « Wall Street Journal » veut travailler avec Google et Facebook mais dans le fair-play.

Pourquoi la presse accentue-t-elle sa pression contre Google et Facebook ?

Beaucoup d’éditeurs sont soit en meilleure posture qu’avant, soit plus proches d’éteindre les lumières, deux raisons de réagir. En outre, le public et les marques réalisent que les fake news et les environnements publicitaires dégradants ou bidonnés ont des conséquences. Pendant longtemps, la Silicon Valley nous a expliqué que toutes les infos se valaient. Ce n'est pas vrai. La reconnaissance récente par des centaines de milliers de nouveaux abonnés de la qualité d’une certaine presse fait chaud au cœur. Ne pas être soutenu par Facebook et Google est frustrant.

La position pas très favorable à la Silicon Valley de Donald Trump vous aide-t-elle?

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Il est difficile de dire si Donald Trump aidera ou non la Silicon Valley, même s’il a effectivement moins d’accointances avec les GAFAS que l’administration Obama. En attendant, son accession au pouvoir a été suivie d’un regain d’intérêt pour le journalisme. Je pense que ce qui fait le plus peur à Facebook et Google serait que la publicité leur échappe. Des grandes marques comme Unilever, Procter and Gamble, JPMorgan sont en train de leur dire qu’elles n’en reviennent pas d’avoir été traitées si mal. Il faut que ces deux géants du Web réalisent que ça chauffe. Parallèlement, Bruxelles se penche sur plusieurs sujets. Il faut qu’ils arrêtent de prétendre que leurs algorithmes sont neutres.

Que leur reprochez-vous ?

Qu’ils cessent d’avoir un biais délibéré contre le journalisme professionnel et permettre aux gens de nous trouver. Nous avons récemment publié un édito sur Trump très remarqué ( « A President’s Credibility » ). Lorsque vous le recherchez sur Google, il y a beaucoup d’articles sur cet édito, mais celui-ci est introuvable. C’est absurde. Google nous a répondu que c’est l’algorithme qui choisit la place des articles. Mais il faut que ces groupes cessent de prétendre qu’il ne sont pas des entreprises de média. En fait, Google ne veut pas que cet édito soit visible.

Pouvez-vous vous passer d’eux ?

Que ce soit bien clair, nous voulons travailler avec Google et Facebook. Le moment que nous vivons est plein de promesses pour le journalisme de qualité : la croissance revient après 10 ou 15 ans. Tout ce que nous demandons est du fair-play.

Dans quel cadre se déroulent les discussions  ?

Nous sommes polis, nous leur disons que nous n’hésiterons pas à les complimenter en public. Mais nous sommes animés par la passion de notre métier. Nous leur avons demandé clairement, par courriers et en tête-à-tête, des mesures petites et grandes. Ces conversations se passent au plus haut niveau de nos sociétés respectives.

Quelles mesures concrètes doivent-ils prendre ?

Il y a toutes sortes de remèdes possibles, venant aussi bien des régulateurs que de Google et Facebook eux-mêmes. La plus grande requête que nous leur adressons est de bien vouloir être coopératifs. Il faut que nous puissions joindre ceux qui nous lisent par le biais de leur plate-forme afin de les inciter à s’abonner chez nous. Il faut aussi qu’ils cessent de nous forcer à proposer des contenus gratuitement en nous disant que c’est le seul moyen pour qu’ils remontent dans leurs algorithmes. Ils ont les gens les plus intelligents de la terre et les gestes que nous demandons pour sauver le journalisme professionnel sont très simples. Pourquoi par exemple ne pas classer clairement les formes de journalisme : du meilleur niveau jusqu’au pires, voire les fake news ?

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