Des membres du collectif "500 Frères" lors d'un rassemblement devant la préfecture de Cayenne, le 7 avril 2017 en Guyane

La mobilisation, comme ici lors d'un rassemblement devant la préfecture de Cayenne, le 7 avril, devrait reprendre, mais divise de plus en plus la population.

afp.com/jody amiet

La trêve n'aura durée que le temps du week-end pascal. Après un mois de conflit social en Guyane, le collectif "Pou la Gwiyann dékolé" a décidé lundi de poursuivre la mobilisation en refermant les barrages qui avaient été levés pour le week-end, jusqu'à la signature d'un protocole d'accord avec le gouvernement.

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Le protocole, d'accord, document de sept pages, élaboré par le collectif, a été envoyé dimanche au gouvernement, qui en a accusé réception. Dans ce protocole, baptisé Projet d'Accord de Guyane, le collectif "acte" le plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros proposé par le gouvernement et propose de rouvrir le dialogue sur les 2 milliards d'euros supplémentaires que réclamaient jusqu'à présent les manifestants.

"Sur les 2 milliards, nous pouvons discuter", "ce ne sont qu'une pompe d'amorçage", a déclaré Valérie Vanoukia, soulignant notamment que dans le texte initial du gouvernement, les questions sur la santé, l'éducation, le foncier et les communes de l'intérieur "n'ont pas eu de vraies réponses".

Pour l'organisation, deux points sont non négociables: "le gouvernement doit acter le fait que le peuple guyanais veut se prendre en main", selon la représentante Valérie Vanoukia, et le gouvernement doit garantir qu'aucun manifestant ayant participé au mouvement ne sera sanctionné judiciairement. Depuis vendredi, des contrôles de police sont ordonnés sur les barrages par la justice, à la suite de plaintes de particuliers pour "entrave à la circulation".

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Les blocages divisent de plus en plus, y compris au sein du collectif

La fermeture des barrages risque d'accentuer les divisions qui sont montées crescendo depuis plusieurs jours dans la population sur ce blocage qui paralyse la Guyane et pénalise l'activité économique. Au sein du collectif également, des divergences étaient apparues ces derniers jours, les socio-professionnels réclamant la levée des blocages pour "sauver les emplois".

Selon le préfet, plus de 500 entreprises guyanaises ont déjà demandé des mesures de chômage partiel à cause du mouvement social.

Le collectif avait déjà prévenu que le rond-point proche du centre spatial de Kourou, où s'effectuent les lancements de la fusée Ariane, resterait fermé, malgré les alertes du PDG d'Arianespace sur les conséquences économiques et sociales de ce blocage.

Depuis un appel à la "grève générale illimitée" le 25 mars, qui bloque notamment le port de Cayenne où transitent 90 à 95% des importations et exportations" de la Guyane, le territoire souffre d'une pénurie dans les commerces, notamment de produits frais, et de difficultés d'approvisionnement de médicaments et de matériel médical. Mais les conséquences de la grève sont plus larges: services administratifs fermés, liaisons aériennes aléatoires, absence de courrier, campagne électorale perturbée.

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