Le radar de la sonde Cassini les avait repérés à plusieurs reprises : des points brillants apparaissant et disparaissant au gré des survols des mers des régions polaires de la plus grosse lune de Saturne, Titan. Le phénomène qui avait été surnommé "Magic Islands" vient de trouver une explication : il s’agit des bulles de gaz de diazote (N2) qui remontent à la surface périodiquement. A l’origine de la compréhension de cette énigme, des travaux publiés dans la revue Nature Geosciences, menés par une équipe internationale sous la direction de Daniel Cordier du groupe de spectrométrie moléculaire et atmosphérique (GSMA) de Reims.
Instabilités atmosphériques
Avant même l’arrivée de la sonde Cassini de la Nasa, et de son module Huygens fabriqué par l’Agence spatiale européenne ESA, Titan faisait beaucoup fantasmer les astrophysiciens : il a souvent été baptisé la petite sœur de la Terre. En effet, il est le seul astre du système solaire à posséder une atmosphère dense -c’est-à-dire 1,5 fois la pression atmosphérique même si la température est aux alentours de -180°C-. Celle-ci est quasi entièrement composée de diazote N2 avec des traces de méthane (CH4) et d’éthane (C2H6). La surface de Titan présente plusieurs lacs et mers d’hydrocarbures issus d’une chimie complexe et c’est à la surface de l’une d’entre elles que l’étrange phénomène a été repéré : Ligeia Mare justement est une des plus grandes mers dans les régions polaires. Or, le radar de Cassini a repéré une brillance particulière le 10 juillet 2013 qui semblait absente lors du survol du 26 juillet 2013.
Différentes hypothèses ont été abordées pour expliquer cette bizarrerie : un objet flottant à la surface des mers ? Une vague ? Un courant ? Rien de tout cela, indiquent les récents travaux : la pression qui règne au fond de Ligeia Mare rend le mélange diazote, éthane et méthane instable... ce qui produit des bulles de diazote à la surface de cette mer, détectées comme des points brillants par les radars.