SCIENCESDicter par la pensée, le défi du labo secret de Facebook, Building 8

Dicter par la pensée, le défi du labo secret de Facebook, baptisé Building 8

SCIENCESA la conférence F8, l'entreprise s'est fixée comme objectif d'atteindre la vitesse de 100 mots par minute d'ici quelques années...
Illustration d'activité neuronale dans le cerveau.
Illustration d'activité neuronale dans le cerveau. - DARPA
Philippe Berry

Philippe Berry

Et si on pouvait « taper » sur notre smartphone directement via la pensée ? Et si un patient complètement paralysé pouvait communiquer avec le monde extérieur ? Voici quelques-uns des défis futuristes sur lesquels travaille Building 8, le labo secret de Facebook. A l’occasion de la conférence F8, mercredi, sa directrice Regina Dugan a fait le point sur les avancées. Et a fixé des objectifs d’une ambition folle, sur le modèle des « moon shots » qu’elle poursuivait dans l’équipe Atap de Google jusqu’à l’an dernier.

Passer de 8 à 100 mots par minute via la pensée

La science progresse lentement sur les interfaces cerveau-machine. Récemment, des chercheurs de Stanford ont permis à une femme paralysée de dicter, lettre à lettre, à une vitesse de huit mots par minute en faisant bouger un curseur via une électrode implantée dans son cerveau. Dugan, une ancienne directrice du labo de recherche de l’armée américaine Darpa, espère atteindre 100 mots par minute d’ici « quelques années » sans chirurgie, avec de simples capteurs intégrés à une casquette ou à un bandeau. Facebook fera le point sur ses progrès dans deux ans.

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100 mots par minute, c’est cinq fois plus rapide que la vitesse moyenne à laquelle nous tapons sur un clavier de smartphone. Et c’est presque au niveau d’une conversation orale (entre 110 et 180 mots par minute). Cela révolutionnerait non seulement la médecine, mais également les interactions en réalité virtuelle et augmentée. « Rien que de pouvoir cliquer oui ou non mentalement serait une avancée. Nous voulons créer la souris pour le cerveau », assure Dugan avec un enthousiasme contagieux.

Ne pas espionner nos pensées

Facebook travaille en partenariat avec une douzaine d’universités américaines. L’une des pistes poursuivies s’appuie sur une cartographie de la zone du cerveau impliquée dans le langage via l’imagerie spectroscopique proche infrarouge. Dugan explique qu’il « ne s’agit pas d’espionner toutes nos pensées » mais d’identifier les mots que nous voulons activement partager avant qu’ils ne deviennent un son.

La chercheuse donne un ordre de grandeur vertigineux. Notre cerveau peut mouliner l’équivalent d’un téraoctet de données par seconde. C’est comparable au streaming de 40 films en HD. A l’autre bout, nous parlons à la vitesse d’un modem des années 1980. Mais même à 100 mots par minute, la tâche est titanesque. Quand nous pensons au mot « tasse », il ne s’agit pas d’une simple étiquette. Notre cerveau pense au concept d’un objet contenant un liquide qui permet de boire. « Au final, le langage n’est qu’une compression avec pertes de nos pensées », précise la chercheuse. Le Graal, c’est un système universel capable d’identifier n’importe quel mot, qu’il soit pensé en français ou en mandarin. Et pourquoi pas en klingon.

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