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Ces économistes et patrons qui alertent sur le danger Marine Le Pen

Joseph Stiglitz, Thomas Piketty, Jean Tirole, Pierre Gattaz… Economistes de renommée internationale et patrons d’entreprise de toute taille s’engagent contre la candidate d’extrême droite.

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Marine Le Pen a dénoncé dimanche les "flèches venimeuses" des médias et d'adversaires "coalisés", Emmanuel Macron et François Fillon en tête, lors d'une réunion publique à Bordeaux.

Ces économistes et patrons qui alertent sur le danger Marine Le Pen

AFP

On n’instrumentalise pas un Nobel d’économie en toute impunité. Surtout lorsqu’il s’appelle Joseph Stiglitz. Marine Le Pen l’a appris à ses dépens le 19 avril. Depuis des mois, la candidate d’extrême droite cite régulièrement l’ancien chef économiste de la Banque mondiale pour crédibiliser son projet de sortie de l’euro, insinuant que le chercheur star est sur la même ligne qu’elle. En guise de démenti, le Nobel vient de lui opposer une série de tweets cinglants. «J’aimerais que Marine Le Pen arrête de faire comme si j’étais d’accord avec elle et ses idées», écrit-il. Juste après avoir souligné qu’il ne soutenait ni la candidate FN ni son programme et que la famille de sa femme – juive comme lui – avait dû quitter la France pendant la Seconde guerre mondiale...

La crème de la crème des chercheurs mondiaux

La veille déjà, avec 24 de ses pairs, l’économiste avait dénoncé l’absurdité du projet de la patronne du Front national. Le texte, paru dans Le Monde à l’initiative du Nobel français Jean Tirole, est co-signé par la crème de la crème des chercheurs mondiaux, tels l’indien Amartya Sen, spécialiste de la lutte contre la pauvreté, le canadien Robert Mundell, père de la théorie des zones monétaires optimales, ou l’américain Robert Solow, expert de la croissance. «Les programmes antieuropéens déstabiliseraient la France et remettraient en cause la coopération entre pays européens, qui assure aujourd’hui une stabilité économique et politique en Europe», notent les 25 Nobel. Avant de souligner qu’«il y a une grande différence entre choisir de ne pas rejoindre l’euro en premier lieu et en sortir après l’avoir adopté».

Il y a quelques mois, un autre économiste star, Thomas Piketty, avait pris la plume pour condamner les propositions de Marine Le Pen. Certes, l’auteur du best-seller Le capital au XXIème siècle, a depuis rejoint l’équipe de Benoît Hamon, mais ses arguments n’en restent pas moins percutants. «Il faut dénoncer les chiffrages totalement fumeux et extravagants sur le «coût de l’immigration», que le FN porte à 70 milliards d’euros, pactole fabuleux qui est censé tout financer dans le programme lepéniste, relève-t-il dans Le petit manuel économique anti-FN, alors même que les études disponibles démontrent que les immigrés paient davantage d’impôts et de cotisations qu’ils ne reçoivent de transferts et de dépenses publiques.»

Le fameux «protectionnisme intelligent», prôné par Marine Le Pen, est aussi battu en brèche. Le Front national « prévoit une augmentation massive des droits de douane sur les importations européennes et extra-européennes qui se traduira par une forte baisse de pouvoir d’achat pour les classes populaires et moyennes », pointe Thomas Piketty. Dans deux études récentes, les chercheurs du CEPII démontent l’idée selon laquelle l’Union européenne serait « naïve » dans ses relations commerciales avec les autres pays du monde et qu’une sortie de l’euro boosterait mécaniquement les exportations des entreprises françaises. En cas de retour au franc, « l’agriculture française serait moins compétitive et la facture des importations de biens manufacturiers serait plus salée », préviennent les chercheurs Michel Aglietta et Anne-Laure Delattre.

Illusions, fausses promesses et cadeaux intenables

Côté patrons, le président du Medef, Pierre Gattaz, a rompu le silence le 11 avril. «Sortir de l’euro, c’est ruine et désolation pour la France», a-t-il attaqué. « Chez Marine Le Pen, il n’y a pas de vision économique, seulement une stratégie de repli qui consiste à dresser une ligne Maginot entre la France et les autres pays », a-t-il poursuivi. Pourquoi cette offensive ? « Pierre Gattaz ne veut avoir aucun regret. Il considère qu’il faut alerter les Français sur la dangerosité de certains projets », avance un de ses proches.

Dans cette bataille, le Medef n’est pas isolé. « Marine Le Pen prend le parti d’une vision de l’économie simplifiée portée par des considérations idéologiques et éloignées des préoccupations des entrepreneurs », fustige Jean-Baptiste Danet, président de CroissancePlus. Même la discrète AFEP, qui rassemble les grands groupes, s’est fendu d’un communiqué le 7 avril pour défendre l’Union européenne. « Si la France va mal, c’est parce que les réformes structurelles n’ont jamais été faites. L’Europe n’est pas en cause », explique Stéphanie Robert, la directrice.

Le 18 avril, un collectif de 300 entrepreneurs a aussi alerté contre le danger d’un vote FN. « Les extrêmes appuient leurs discours sur des illusions, des fausses promesses et des cadeaux intenables, ont-ils prévenu dans une tribune. Parce que la réalité qui éclaterait dès le lendemain serait celle de taux d’intérêt qui exploseraient et rendraient impossible pour beaucoup de rembourser leur crédit de leur logement, de leur exploitation agricole, de leur véhicule.»

Encore plus concret, Jean-Luc Petithuguenin, patron d’une entreprise de recyclage a écrit à ses 8.000 salariés pour leur expliquer très concrètement les effets du programme de Marine Le Pen sur leur activité. « J’ai des dettes et je devrai les rembourser en euro. Le Front national envisage que la monnaie soit dévaluée de 15 à 25%, donc je vais hériter de 150 millions d’euros de dettes avec zéro actifs en plus », a-t-il répété sur France inter le 19 avril. Ou quand les prévisions des Nobel se retrouvent dans les comptes d’une PME.

 

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