Big bang en vue dans la banque en ligne. Orange a dévoilé jeudi 20 avril les contours d’Orange Bank, sa nouvelle banque 100 % mobile. Symbole de l’importance de l’événement, son artisan, Stéphane Richard a choisi le Show Hello, le grand raout annuel où l’opérateur télécoms présente l’ensemble de ses innovations, qui se tenait cette année Salle Pleyel, pour donner le coup d’envoi au plus important projet de diversification du groupe.
« C’est un nouveau chapitre important de notre histoire qui s’ouvre. Orange est maintenant aussi une banque. Et une banque avec l’expérience client au cœur de son modèle », a prévenu le PDG du groupe Orange dans un communiqué.
Orange Bank a de quoi agacer ses concurrents : carte bancaire offerte, pas de frais de tenue de compte, retraits sans frais…
Pour se faire une place sur le marché très encombré de la banque, Stéphane Richard avait promis de créer le même séisme que Free (dont le fondateur, Xavier Niel, est actionnaire du Monde), qui avait bouleversé le marché du mobile avec ses forfaits à 2 euros. A l’image du trublion des télécoms, Orange Bank a de quoi agacer ses concurrents. Carte bancaire offerte, absence de frais de tenue de compte pourvu que l’on soit un client un tant soit peu actif (à partir de trois paiements ou retraits minimum), retraits sans frais dans tous les distributeurs automatiques de billets, partout en zone euro : Orange Bank se présente comme une banque entièrement gratuite.
Le client, qui ne se verra exiger aucune condition de revenu, disposera également d’un découvert autorisé et d’un livret d’épargne rémunéré. Il devra en revanche s’armer d’encore un peu de patience : Orange Bank sera d’abord ouverte aux salariés le 15 mai prochain, avant d’être accessible au grand public le 6 juillet.
Dans un deuxième temps, l’opérateur proposera en plus des produits d’assurance (assurance vie, assurance maison, auto…), du crédit à la consommation en septembre puis des prêts immobiliers à la fin de 2017 ou au début de 2018.
Le robot Watson assistera les clients
Autre promesse de l’opérateur, offrir le nec plus ultra des technologies. Ainsi, le client pourra réaliser l’ensemble de ses opérations à partir de son mobile, effectuer des virements par SMS et connaître le solde de ses comptes de manière instantanée.
Inspiré par les néobanques, l’établissement proposera des services astucieux comme la possibilité de bloquer et de débloquer sa carte bancaire depuis son application.
Orange a également choisi de faire de Watson, l’outil d’intelligence artificielle d’IBM, le premier point de contact entre le client et Orange Bank. Ce conseiller virtuel sera disponible 24 heures sur 24 par chat. Auto-apprenant (plus le client lui parle, plus il apprend à le connaître et plus ses réponses sont pertinentes), le robot Watson devrait être capable de réaliser d’ici à la fin de l’année, à la demande du client, des tâches comme épargner ou faire des virements.
Une manière d’optimiser le service de relation client, habituellement gourmand en effectifs. Ainsi, une équipe de 100 personnes, recrutées en interne chez Orange et Groupama Banque, la banque rachetée par Orange l’an passé, sera chargée de répondre aux demandes plus complexes. Orange Bank proposera par ailleurs de payer avec son mobile chez les commerçants, via Orange Cash, et sera compatible avec la solution de paiement Apple Pay intégrée dans les dernières générations d’IPhone.
Orange compte sur les 140 boutiques de son réseau : 890 vendeurs ont été formés pour commercialiser son offre bancaire.
Mais pour se différencier réellement de ses concurrents low cost, aux tarifs alléchants mais sans agences, Orange compte sur les 140 boutiques agréées de son réseau de distribution. Outre les habituels abonnements télécoms, 890 vendeurs ont été formés pour commercialiser les offres d’Orange Bank. Selon nos informations, les commerciaux et boutiques seront rémunérés en fonction du recrutement de clients. En parallèle, des distributeurs de billets seront également installés dans le réseau.
Une menace pour les banques, traditionnelles ou en ligne
Des offres combinant services bancaires et téléphonie seront par ailleurs proposées à la prochaine rentrée, a précisé Stéphane Richard, en marge du Show Hello. « Sur le financement du terminal téléphonique, cela nous donne des solutions supplémentaires », a-t-il indiqué à titre d’exemple.
Avec cette offre qui allie des tarifs attractifs et de l’innovation technologique, bénéficiant de la puissance d’une marque mondialement connue, Orange Bank se fixe l’objectif de rassembler plus de 2 millions de clients en France d’ici à dix ans. L’offre doit également être proposée en Espagne et en Belgique, mais pas avant 2018.
Dans un marché bancaire saturé, où les clients possèdent souvent un compte dans deux voire trois établissements, l’arrivée d’un poids lourd comme Orange représente une menace pour les banques traditionnelles comme pour les banques en ligne. Elles redoutent la connaissance fine de sa base de quelque 30 millions de clients mobiles et haut débit, que le groupe de télécoms pourra tenter de conquérir plus facilement qu’un nouvel acteur classique. Les banques à réseau s’inquiètent également de voir Orange installer dans l’esprit des consommateurs l’idée que les produits et services bancaires sont quasiment gratuits.
Mais avec une telle grille tarifaire, trouver un modèle économique ne sera pas chose aisée pour Orange Bank, particulièrement en période de taux très bas. Quasiment aucune banque en ligne n’est à ce jour rentable en France. Boursorama (Société générale), Hello bank ! (BNP Paribas), BforBank (Crédit Agricole) ou ING Direct sont toujours « en phase d’investissement », mais le PDG du groupe espère qu’Orange Bank atteindra le point mort d’ici quatre à cinq ans. Chez l’opérateur, on veut croire que la banque gagnera sa vie notamment grâce « au crédit et au travail de l’encours, exactement comme les autres banques, sans les frais de service ». L’objectif du groupe est d’atteindre 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 dans les services financiers sur l’ensemble de ses marchés. Une goutte d’eau par rapport aux 19 milliards d’euros de recettes encaissées au total l’an dernier par l’opérateur dans l’Hexagone.
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