Jean-François Copé : les bons comptes de son microparti

 

Le président de l'UMP, Jean-François Copé, parie sur une «immense abstention» de l'électorat de gauche à Grenoble (Isère).
Le président de l'UMP, Jean-François Copé, parie sur une «immense abstention» de l'électorat de gauche à Grenoble (Isère). (AFP/Anne-Christine Poujoulat.)

    Microparti certes, mais aux finances florissantes ! Alors que l'UMP est criblée de dettes (55 Mâ?¬ à rembourser sur cinq ans), les recettes du parti créé par Jean-François Copé en 2006, Générationfrance.fr, ont, elles, connu une envolée à faire pâlir d'envie les responsables de la rue de Vaugirard. Confrontés aux huissiers, obligés de licencier des salariés et de rembourser 11 Mâ?¬ à l'Etat en juillet 2013, l'UMP n'a eu d'autre choix que de demander l'aide des militants et d'organiser un sarkothon. Rien de tel pour la petite structure de Copé.

    C'est en août 2006 que ce dernier, à l'époque ministre délégué au Budget de Jacques Chirac, dépose les statuts de son propre parti. Dans la foulée, il crée l'Association nationale de financement de Generationfrance.fr (ANFGF.fr), lui permettant ainsi de recueillir des dons (plafonnés à 7 500 â?¬ par an) et des aides publiques, conformément aux lois sur le financement des partis.

    Mélange des genres

    « J'ai déposé les statuts de Générationfrance.fr en préfecture, nous a confirmé hier Guy Alvès, à l'époque chef de cabinet de Copé à Bercy et actuel dirigeant de la société Bygmalion. Il fallait un trésorier, j'ai donné mon nom pour boucher un trou. De même, je ne pouvais pas inscrire l'adresse personnelle de M. Copé, qui était alors ministre. J'ai donc indiqué ma propre adresse », nous précise Guy Alvès pour expliquer la localisation de Générationfrance.fr au 61, rue de Lourmel, 75015.... qui se trouve aussi être le premier siège social de Bygmalion. Pouvait-il à l'époque y avoir un douteux mélange des genres ? « En aucune façon, répond Guy Alvès. Je n'ai été trésorier que pendant cinq ou six mois en 2006 et Générationfrance.fr n'a réellement pris vie qu'après le départ de Jean-François de Bercy. »

    Dès 2007, cette structure affiche tout de même un budget confortable, qui le situe dans la moyenne haute des micropartis : 221 563 â?¬, constitués pour 221 363 â?¬ de dons et... 200 â?¬ de cotisations des adhérents, selon les comptes déposés auprès de la CNCCFP* (voir infographie). Ségolène Royal, candidate à la primaire socialiste en 2011, n'avait réussi à lever que 52 500 â?¬ de dons. Mais la culture des micropartis étant plus développée à droite qu'à gauche, GF.fr a semble-t-il rapidement su trouver le bon filon.

    Le niveau des dons recueillis en 2010 est en revanche plus étonnant : 428 731 â?¬ (auxquels sont venus s'ajouter 8 140 â?¬ de cotisations). C'est 5 fois plus que ce que François Fillon aura collecté en 2011, avec sa structure France.9 (83 000 â?¬). De quoi susciter quelques jalousies. S'interrogeant fin 2012 sur cette capacité à recruter aussi vite des donateurs, un filloniste le reconnaît : « Avec Générationfrance.fr, Copé -- et c'est son talent -- a pensé à tout. Il a mis en place un système de gens qui travaillent pour lui, lui rédigent des argumentaires, vont parcourir le territoire et recruter des élus de terrain qui seront ses futurs soutiens dans les prochaines campagnes. » Des soutiens fort utiles pour emporter -- dans des circonstances très controversées -- la présidence de l'UMP...

    * Commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques.