EXPOSITION - "Il est important d'exposer au grand jour certaines figures féminines", assure Catherine Renard, directrice générale de la maison Harcourt. Le mythique studio de photographie met à l'honneur, dans son exposition "Où sont les femmes", du 1er avril au 30 septembre 2017 à Paris, celles qui ont marqué leur temps. L'artiste indienne Pushpamala N. est l'une d'entre elles.
"La condition des femmes est menacée à travers le monde, déplore Catherine Renard pour Le HuffPost. Les avantages acquis sont, plus ou moins, remis en cause dans certaines parties du globe". Et contre cet état de fait, il n'y a pas meilleure représentation que celle de Pushpamala N. pour le studio Harcourt.
Tout comme elle, sa photographie, qui dénote des grands portraits du studio, est haute en couleur et en symbole. Il s'agit pourtant, selon la directrice, d'un "classique peu connu" de leur collection.
Réalisée en 2009 sous l'impulsion de l'artiste elle-même, "La Liberté" a été présentée au public à l'occasion de l'exposition "Paris-Delhi-Bombay" au Centre Georges Pompidou en 2011.
Celle qui s'est inspirée de "La Liberté guidant le peuple" de Delacroix, Pushpamala N. est en réalité à 61 ans une figure de la lutte féminine en Inde. En choisissant de reproduire le tableau, elle "reflète le discours et la position qu'elle tient dans son pays". "Une plasticienne indienne qui reprend ce symbole est l'exemple parfait de la diversité et de la prise de pouvoir des femmes", se réjouit Catherine Renard.
Sous ses airs de toile de maître, la photographie, reprend tous les codes de la peinture pour un résultat plus vrai que nature. "Cela est possible grâce à l'écriture de lumière propre à notre studio, révèle la directrice générale, qui se définit comme la "passeuse" de l'esprit Harcourt depuis 2007. Et la couleur utilisée dans cette photo nous permet de trouver davantage de profondeur".
La filiation entre la photographie et la peinture, il y en a une qui l'avait anticipée depuis longtemps: Cosette Harcourt. En 1934, la co-fondatrice du studio de légende, avec les frères Lumière et Robert Ricci, était "persuadée que la bourgeoisie montante du début du siècle voudrait copier les habitudes des nobles et leurs portraits peints". "Très vite elle a pris le pari que la photo allait surpasser la peinture", assure Catherine Renard.
Cosette Harcourt, une "visionnaire"
Le studio qui, par ses clichés, immortalise le rôle des femmes dans l'Histoire, ne pouvait pas se priver d'exposer le portrait de sa créatrice. Décédée en 1976, Germaine Hirschfeld, son vrai nom d'origine juive-allemande qu'elle a changé avant la seconde guerre mondiale, a été une pionnière de la mode photographique à Paris.
"Cosette était une femme visionnaire. À une époque où les femmes dépendaient encore de leurs maris, où elles ne possédaient ni comptes bancaires, ni droit de vote, elle s'est imposée dans le monde entrepreneurial de Paris", rappelle Catherine Renard soulignant qu'entre les deux guerres les femmes ont tenu un rôle crucial dans l'économie.
Depuis la période de règne de Cosette Harcourt, le studio de photographie a su évoluer. Alors qu'à son ouverture les portraits étaient majoritairement masculins, aujourd'hui la parité entre les hommes et les femmes est bien établie.
Difficile donc de choisir parmi les centaines d'œuvres, les quarante figures qui sont exposées dans "Où sont les femmes". "Nous avons sélectionné sur des critères iconographiques, explique la directrice. L'important était d'avoir une diversité de domaines et une diversité de nationalités".
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