Val-de-Marne : de la propagande islamiste appelle au boycott des élections près de mosquées

Des affiches ont été découvertes aux abords des mosquées de Limeil-Brévannes et Créteil.

Limeil-Brévannes, ce jeudi. A proximité de l'école Paul-Langevin, rue Emile-Zola, des affiches de "propagande islamiste" ont été retrouvées au petit matin.
Limeil-Brévannes, ce jeudi. A proximité de l'école Paul-Langevin, rue Emile-Zola, des affiches de "propagande islamiste" ont été retrouvées au petit matin.

    Elles ont été enlevées aussi vite que possible. Mais elles suscitent un certain malaise. A quelques jours d'un scrutin présidentiel des plus incertains, des affiches de propagande islamiste appelant au boycott des élections ont été découvertes aux abords des mosquées de Limeil-Brévannes et Créteil.

    Sur fond de flammes et de Marianne, on peut y lire : «Le jugement n'appartient qu'à Allah, O musulman n'annule pas ton islam, ne vote pas et rejette la religion démocratie et son idole Marianne. Voter aux élections démocratiques est du shirk», comprenez de la «mécréance» en arabe littéraire.

    Un exemplaire de l'affiche retrouvée à Limeil-Brévannes et à Créteil. DR

    A Limeil-Brévannes, ce sont les enseignants de l'école annexe Paul-Langevin, qui jouxte la mosquée qui, en arrivant peu après 8 heures, trouvent ces trois affiches, collées sur une armoire électrique et des panneaux de signalisation. Une heure avant, à la sortie de la prière, personne n'avait rien vu. Immédiatement, les enseignants détachent ces affiches aimantées, plastifiées et de bonne facture, et les amènent à la directrice. Elles seront ensuite déposées en mairie, qui alerte la police.

    Dans ce quartier où vivent de nombreux musulmans, si on déplore une telle découverte, on ne paraît pas très étonné. «Je ne comprends pas ce qui se passe en France mais ce n'est pas nouveau, confie Sophia, venue chercher sa fille. Depuis une dizaine d'années, on entend parler de ce genre de phénomène dans les médias.»

    Musulmane pratiquante, Sophia imagine «plausible» la thèse selon laquelle les colleurs d'affiches chercheraient à insinuer que la mosquée à proximité de l'école prêche un islam radical. «Il y a tellement de haine. Et en même temps, quand je vois les attentats, je peux comprendre que les gens fassent des raccourcis. Honnêtement, moi j'ai arrêté de dire que je suis musulmane.»

    La sécurité sera renforcée aux abords des bureaux de vote

    «Indigné», Abdelkader Derni, responsable de la communauté musulmane, est aussi en colère. «Cela discrédite nos actions, nous sommes aux antipodes de ce genre de messages, rappelle-t-il. On ne sait même pas d'où ça vient. C'est lâche. Qu'ils mettent leur nom en bas de l'affiche.»

    Quelle que soit l'origine de cet affichage, les autorités le prennent au sérieux. D'autant plus que fin février, un homme soupçonné d'avoir préparé avec d'autres un attentat a été interpellé dans ce même quartier. Selon le cabinet du maire (LR), Françoise Lecoufle, la sécurité sera renforcée aux abords des bureaux de vote de ce quartier.

    A Créteil, c'est carrément sur une des portes de la mosquée que des affiches ont été placardées. «Avant 4 heures du matin», précise Karim Benaïssa, président de la communauté des musulmans. C'est le gardien, arrivé avant la première prière du matin, qui fait cette découverte. Ce «non événement» laisse songeur le responsable musulman, qui souligne l'aspect «professionnel» de l'affiche et attend «confirmation» de l'origine islamiste. «A qui profite l'acte ?», interroge-t-il. Et d'insister : «Les musulmans sont conscients que l'échéance de dimanche est très importante.»