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Ruches connectées Label Abeille : un business model entre vente et parrainage

Des ruches connectées pour suivre la santé des abeilles et réduire leur mortalité, c'est le pari de Label Abeille. La start-up se développe sur un modèle économique hybride : des ventes aux particuliers et aux apiculteurs, mais aussi du parrainage de ruches souscrit par des entreprises dans le cadre de leur RSE.

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(shutterstock.com)
Publié le 19 avr. 2017 à 14:00Mis à jour le 25 mai 2017 à 11:00

Entre 30 et 50% des abeilles disparaissent tous les ans depuis près de 20 ans. En cause, notamment, les pesticides, la pollution de l’air, les parasites... Cette disparition est évidemment un problème pour la sauvegarde de l’espèce, et celui de l'activité des apiculteurs. Mais la sauvegarde des abeilles est aussi un enjeu écologique majeur pour la biodiversité et toute la planète, puisque les abeilles assurent 80% de la pollinisation des fleurs, et donc des fruits et des légumes. Début 2015, Bertrand Laurentin, Orléanais de 31 ans, a imaginé un boîtier connecté, baptisé Label Abeille, qui permet de « garder un œil et une oreille dans la ruche. Ma démarche est de suivre la santé des abeilles et de prévenir lorsqu’elles ne vont pas bien, pour agir rapidement ».

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Concrètement, Label Abeille surveille les butineuses en rendant les ruches intelligentes. L’objet ressemble à une grosse abeille, jaune et noire, à placer sous une ruche classique. À l’intérieur, différents capteurs (poids, température, humidité, luminosité, orientation de la ruche…), dont les données sont transmises à une application dédiée pour surveiller la santé de la colonie et sa productivité, en temps réel. L’apiculteur peut ainsi réagir au plus vite si l’un des indicateurs est anormal. L’application donne même des préconisations suivant les anomalies détectées. A la clé, une chute de la mortalité des abeilles jusqu’à 40%.

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La ruche connectée est fabriquée et assemblée dans un établissement et service d'aide par le travail (Ésat) du Loiret qui compte une centaine de personnes handicapées. Début 2016, l’embauche du 1er CDI marque le début de la commercialisation de la ruche connectée, avec une première série industrielle de 500 unités fabriquées. Trois embauches sont prévues pour 2017. Niveau distribution, la start-up travaille avec cinq des principaux distributeurs apicoles dont le leader européen sur le marché. Des partenariats techniques et scientifiques sont à l’étude, notamment pour intégrer une caméra video à l’objet connecté. « Le but est d’aller plus loin dans la détection des maladies et l’analyse de l’environnement des abeilles ».

Label Abeille

80% du chiffre d'affaires est constitué de parrainages de ruches

La distribution directe qui représente 20 % seulement du chiffre d'affaires, sert à crédibiliser le concept et permet de se faire connaître via une centaine de particuliers clients et une vingtaine d’apiculteurs connectés. L'essentiel de l'activité de la start-up est à 80% en indirect. « Concrètement, ce sont les grandes entreprises qui portent la démarche », explique Bertrand Laurentin. Ces entreprises tendent la main à la filière apicole en valorisant leur engagement en faveur de la biodiversité.« S’il n’existe pas en France d’incitation pour que les entreprises adoptent une politique RSE, les grands groupes s’engagent par conviction sans forcément cerner toutes les problématiques et leurs impacts. »Loin du greenwashing, Label Abeille propose une solution innovante : plutôt que des ruches sur le toit des entreprises, elle favorise le parrainage de ruches chez un apiculteur partenaire.

Les avantages du parrainage chez Label Abeille sont identiques à ceux de l’installation de ruches sur un toit : suivi des ruches à distance grâce à l’interface Label Abeille, campagne de communication autour de l’engagement pour la biodiversité, pots de miel aux couleurs de l’entreprise ou de la collectivité. « Une entreprise parraine cinq ruches en moyenne. » La force de la start-up ? Un tarification accessible et simple : 79 euros HT par ruche et par mois, dont 10 euros reversés à l’exploitant pour qu’il puisse développer son cheptel. L'objectif à trois ans de Bertrand Laurentin est de convaincre 20 % des entreprises françaises de plus de 500 salariés de parrainer des ruches connectées. En quelques mois, il a déjà signé avec une dizaine de clients grands comptes de divers secteurs – Shiseido International, Orange, Thélem Assurances, Crédit Agricole, Candriam, les Crudettes...

Label Abeille a butiné 500.000 euros via des concours

Pour financer son développement, Label Abeille a obtenu près de 500.000 euros de prêts d'honneur, subventions et concours d’aide à l’innovation. Lauréate I-lab Emergence, elle a été sélectionnée par Initiative France et a reçu le prix Coup de cœur de HEC Challenge+ qui lui assure un accompagnement intensif. Localement, elle bénéficie du soutien d’Orléans Val de Loire Technopole, de la région Centre-Val de Loire et de Total Développement Région. La dynamique de Label Abeille est par ailleurs boostée au titre de « jeune pousse » au sein de SNCF Développement.

Enfin, la start-up a bénéficié d’un prêt d'honneur à taux zéro de Réseau Entreprendre Val de Loire. Grâce au mentoring d’un chef d’entreprise en activité, Réseau Entreprendre aide aussi Bertrand Laurentin dans sa gestion et son pilotage. « La réalité de l’entreprise, ce sont des buissons remplies d’épines tous les jours avec des difficultés en finance, gestion ou RH. » L'entrepreneur apprécie de pouvoir échanger et partager son quotidien avec d’autres entrepreneurs chaque mois et de voir que tous vivent les mêmes problématiques. « Ensemble on réfléchit mieux. Il y a des astuces et des leviers à connaître. Cela va au-delà du réseau, c’est un écosystème qui permet aussi d’échanger des contacts. »

Bertrand Laurentin, fondateur de Label Abeille.Label Abeille

Label Abeille souhaite essaimer à l'international

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Côté concurrence, mises à part les balances connectées qui donnent le poids des ruches, « aucun concurrent direct ne propose des prestations similaires aussi complètes, fiables et précises ». Bien que lauréate Netva 2016* décerné par le Ministère des affaires étrangères, la start-up a choisi de ne pas aller trop vite. « Nous avons pris des contacts et sommes en étroite collaboration avec des distributeurs et des investisseurs en Europe, aux Etats-Unis et au Canada mais il était encore trop tôt pour nous déplacer là-bas. Nous préférons asseoir notre place auprès des grandes entreprises sur le marché français.» Step by step, Labeil Abeille envisage son lancement à l’échelle européenne d’ici à trois ans avec un chiffre d'affaires de 3,9 millions d'euros. Son objectif : toucher 20% des sociétés européennes (hors France) d'ici cinq ans.

* Programme initié entre autres par le Ministère des Affaires étrangères et du Développement international qui a pour mission d’accompagner 23 start-ups innovantes françaises dans leur développement en Amérique du Nord

laure de Ré (Réseau Entreprendre)

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