L'Élysée, le palais de tous les plaisirs

Entre la Révolution et l'Empire, l'hôtel de l'Élysée, qui n'est pas encore un palais, va devenir un lieu de débauche, avec tripot, salle de bal et salons à louer...

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L’Élysée sommeille au début du XIXe siècle en attendant sa bonne fée : ce sera Caroline Murat, sœur de Napoléon Ier.
L’Élysée sommeille au début du XIXe siècle en attendant sa bonne fée : ce sera Caroline Murat, sœur de Napoléon Ier. © Gilles ROLLE/REA

Temps de lecture : 3 min

En 1797, l'Élysée n'est plus que l'ombre de lui-même... L'ancien hôtel d'Évreux, racheté par la princesse Bathilde d'Orléans, a déjà connu moult propriétaires, dont Madame de Pompadour, la brillante maîtresse de Louis XV, et un banquier richissime, Nicolas Beaujon, qui l'a rénové selon ses désirs, avec salle de billard, petite ménagerie et parc à l'anglaise. Sous la Terreur, la demeure servit même d'imprimerie nationale, avec ses machines vissées sur le parquet, avant de devenir une salle de vente aux enchères, où le mobilier des suspects passait de main en main... Étant donné que les jardins restent ouverts au public, cela donne des idées aux nouveaux locataires des lieux, les Hovyn, des parvenus belges nouvellement enrichis par les soubresauts de la Révolution : pourquoi ne pas faire des lieux une salle des fêtes géante avec attractions, concerts et bals payants ?

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Un mouton parachutiste

Voilà l'Élysée devenu soudain le lieu à la mode, la Voile rouge du faubourg Saint-Honoré. Après des mois terribles, où on pouvait perdre la tête pour un rien, Paris revit et s'enivre de fêtes : pour 3 livres l'entrée – une somme rondelette pour l'époque –, merveilleuses et bourgeois peuvent déambuler dans des jardins aménagés, danser la valse sur le parquet rénové, jouer à la roulette, déguster une glace ou un café, assister à des spectacles de marionnettes – nos Guignols de l'info de l'époque – ou bavarder sous les frondaisons dès les beaux jours. Lors de l'inauguration, en juin 1797, les Hovyn ont même l'idée de faire décoller un ballon des jardins avec un mouton dans la nacelle, qui s'ouvrit soudain pour le faire redescendre en parachute ! C'est Disneyland avant l'heure.

Haut lieu de la drague

Malheureusement, les recettes ne suivent pas... Loin de se décourager, nos entrepreneurs belges élargissent l'offre en proposant des cycles de conférences, avec abonnement préférentiel pour ces dames, histoire de faire venir les messieurs. Pour le prix – 300 livres par an tout de même –, on peut également accéder à la bibliothèque, flirter dans les salons et les jardins sans être inquiété, tout en parlant littérature. Les plus fauchés se rabattent dans des bains alimentés par la rivière et font trempette pour 15 sous... Bref, l'ancienne demeure aristocratique devient vite un haut lieu de la drague parisienne, ce qui n'est guère étonnant puisque les bosquets des Champs-Élysées, tout proches, accueillent déjà nombre de prostituées.

Chambres à louer

Jusqu'où Hovyn est-il allé dans le libertinage ? On peut tout imaginer puisque des bals masqués deviennent le rendez-vous de toute une faune et que l'on peut louer des chambres privées à l'étage, avec room service sur mesure... Le Directoire finit par taper sur la table quand le taulier belge décide soudain de refaire le coup de l'aéronef avec, cette fois, un couple dans la nacelle pour attirer les badauds. Le spectacle est interdit pour « indécence », les dettes s'allongent, la fille Hovyn reprend l'affaire, renomme les lieux Hameau de Chantilly, organise des spectacles et des danses champêtres avec les petites employées du quartier déguisées en villageoises et loue des baraques à frites sur l'avenue Marigny pour arrondir les fins de mois...

Mais, comme l'argent ne rentre pas encore assez vite, on finit par transformer l'hôtel particulier en immeuble de rapport, avec une quinzaine de logements aménagés dans les différentes pièces et proposés à la location. L'Élysée sommeille ainsi jusqu'au début du XIXe siècle en attendant sa bonne fée : Caroline Murat, sœur de Napoléon Ier, l'achète en 1805 avec son époux pour en faire son palais en lui donnant en grande partie le lustre qu'on lui connaît aujourd'hui.

À lire : L'Élysée de Georges Poisson, éditions Pygmalion. Histoires de l'Élysée de François d'Orcival, Tempus-Perrin.

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Commentaires (21)

  • jllelaron

    Pour les parties fines !

  • Thierry443

    Il serait de bon aloi de rétablir un certain "équilibre"

  • guydel

    J'espère qu'il n'oublira pas de payer avant de partir la casse
    d'objets de valeur de valerie't'