Ella Fitzgerald aurait eu 100 ans : l'occasion de réécouter six concerts mythiques

Pour le centenaire de naissance d'Ella Fitzgerald, le présentateur Sébastien Doviane de 'Jazzlive', sur TSF Jazz, nous replonge dans les concerts inoubliables de la “First Lady of Song”.

Par Camille Poirier

Publié le 22 avril 2017 à 18h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 04h08

Née le 25 avril 1917, Ella Fitzgerald aurait eu 100 ans ce mois-ci. L'occasion de revenir sur cette artiste à l'incroyable tessiture et au sens inné de l'improvisation, qui révolutionna le jazz vocal. Après avoir fait ses preuves comme chanteuse d'orchestre, Ella Fitzgerald s'est illustrée comme reine du be-bop et a mené une carrière solo qui lui valu treize Grammy Awards. Jusqu'à son dernier souffle, elle a chanté avec une voix sensuelle la liberté de swinguer. Pour cet anniversaire, le présentateur Sébastien Doviane, qui lui consacre une émission spéciale, commente pour Télérama six prestations mythiques d'Ella Fitzgerald. 

1939. Ella Fitzgerald et Chick Webb Orchestra, au Savoy Ballroom, Harlem

« C'est le premier live enregistré d'Ella Fitzgerald. Elle a alors 22 ans et chante à la tête d'un orchestre dirigé par le batteur Chick Webb. Elle s'est fait remarquer peu de temps avant, en 1934, après avoir participé à un concours de chant à l'Apollo Theater, à Harlem. Dans ce live, on se rend compte de son incroyable talent d'improvisatrice. Elle provoque les instrumentistes et s'amuse avec eux dans un jeu de questions-réponses. “J'essaie de faire avec ma voix ce que j'entends faire dans l'orchestre avec les cuivres” disait-elle. C'est un duel qui fascine, mais qui montre surtout l'importance du live pour Ella qui y déploie l'art du be-bop dans la liberté la plus totale. »

1956. Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, au Hollywood Bowl, Hollywood

« A cette époque, le producteur Norman Granz organisait des concerts JATP (Jazz At The Philharmonic) qui consistaient à emmener le jazz dans de grandes et belles salles au lieu de petits clubs. Ce concert est le premier concert de jazz jamais enregistré au Hollywood Bowl et – étonnamment  la seule collaboration live entre Ella et Louis. Le lendemain, ils entraient en studio à Los Angeles pour enregistrer le mythique album Ella et Louis. C'était un concert énorme, on lui prête 20 000 personnes. Illinois Jacquet, Buddy Rich, Oscar Peterson trio y ont notamment joué, en jam session. Selon Norman Granz, qui a par ailleurs couvé Ella Fitzgerald de 1944 à 1983 et qui a énormément fait pour elle, c'était “le meilleur concert de jazz au monde” ».

1960. Ella Fitzgerald Quartet, au Deutschland Hall, Berlin

« Ce live s'inscrit dans la mouvance songbooks d'Ella Fitzgerald : elle reprend le répertoire de grands musiciens comme Duke Elligton ou Charlie Parker et le réinterprète à sa façon. Ici, elle chante avec le quartet guitare-contrebasse-batterie-piano. Lorsqu'elle entame Knack the knife, elle oublie les paroles et commence à improviser en imitant Louis Armstrong. Dans How high the moon, qui est aussi un grand standard, elle scate un solo de Charlie Parker. C'est par imitation qu'elle a commencé ces solos, même si le bebop n'a pas toujours été bien accueilli. Louis Armstrong, par exemple, disait qu'on ne pouvait pas danser dessus. Mais elle a continué a le faire et c'est comme ça qu'elle a révolutionné le jazz. Ce live lui a valu deux Grammy Awards.»

Mai 1961. Ella Fitzgerald au Crescendo, Hollywood

« Mister Paganini, c'est Ella en live dans toute sa splendeur. Les années 60 ont été compliquées pour elle, car elle a subi le rascisme ambiant. Elle s'est vu refuser l'accès dans un club, le Mocambo, parce qu'elle était noire, et Marilyn Monroe a du intervenir pour la faire jouer. A partir de ce jour, elle n'a plus jamais chanté dans de petits clubs, mais dans de grandes salles et des festivals. Ce live a quelque chose de magique car il s'enchaine parfaitement, presque sans pause. Elle a une grande proximité avec le public et avec les musiciens, elle rit et blague comme elle savait le faire. C'est une ambiance intime, créée par une formation inattendue : guitare, piano et contrebasse. Elle ne peut presque pas faire de duels, alors elle se livre entièrement : c'est son live à elle. »

1973. Ella Fitzgerald : « What's going on », au Carnegie Hall, au Newport jazz festival

« On retrouve une grande partie des musiciens avec lesquels elle a joué à la fin des années 30, comme l'orchestre de Chick Webb dont elle a pris la direction après sa mort. A cette période, elle chante beaucoup plus de funk, de soul ou de gospel. Son meilleur morceau est cette reprise de What's going on de Marvin Gaye. Elle s'éloigne vraiment des grands standards. On y retrouve le guitariste Joe Pass, et leur interprétation est vraiment magique.»

1975. Ella Fitzgerald et Joe Bass, « Cry me a river », Hanovre

« Ce live a été enregistré à Hanovre, et il est d'une beauté absolue. C'est le genre de concert qu'on aimerait regarder d'une traite. Elle chante en duo avec le guitariste Joe Pass, des ballades à la fois très tristes et en même temps pleines d'humour. Fidèles à ce qu'elle est, finalement, car ella n'a pas eu une vie facile, elle était très seule et s'est entièrement dévouée à la musique. Mais elle était aussi très drôle et elle avait une force de vie incroyable. »

A écouter : Jazzlive, émission spéciale Ella Fitzgerald, présentée par Sébastien Doviane, mardi à 21h sur TSF Jazz. 

 

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