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Présidentielle 2017

Mélenchon et Hamon : la faute morale et la faute politique face à Macron

Au soir du premier tour, Benoit Hamon a appelé à voter Macron tout en le décrétant comme hors la gauche, et Jean-Luc Mélenchon a refusé de choisir entre le candidat d'En Marche et Marine Le Pen. Chacun a commis une faute qui risque de mener la vieille gauche à la mort.

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Les affiches de campagne électorale de Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon

Les affiches de campagne électorale de Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon

(c) AFP

Dimanche 23 avril, 20h02. Le téléphone d’Emmanuel Macron sonne. François Hollande. Quelques mots pour saluer son succès du premier tour. Par la suite, le finaliste de l’élection présidentielle attendra en vain les coups de fil de Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon. En vain. Plus tard, dans la soirée, il en plaisantera. Et en tirera aussi les conclusions au vu du comportement des deux candidats de l’autre gauche, l’un comme l’autre commettant une faute historique. Le premier, une faute morale. Le second, une faute politique.

D’abord Mélenchon, qui a choisi d’en revenir à une ligne digne du Parti communiste des années 20, refusant de choisir entre Macron et Le Pen au second tour (que ne partage pas Pierre Laurent qui lui, a tranché en faveur du vote Macron sans hésiter). A côté de l’histoire. Et de sa responsabilité. Et c’est bien triste pour Mélenchon. Et sa personne. Et sa campagne. Et pour ses électeurs.

Il faut voir et revoir l’allocution du candidat de la France insoumise pour prendre la mesure de l’immense responsabilité qu’il endosse face à l’histoire. Plutôt l’extrême droite qu’un libéral de gauche, qui partage avec lui la même vision de la laïcité. La tragédie Mélenchon.

De Mélenchon hostile au front unique contre la droite et surtout l’extrême droite, Julien Dray avait fait un livre en 2014, La Faute politique de Jean-Luc Mélenchon. Le constat est toujours d’actualité. De fait, le candidat vaincu de la France insoumise est toujours celui qui préfère voir un social-démocrate ou un libéral de gauche battu par l’extrême droite plutôt que vainqueur.

La fuite en avant, la course à l’abîme

Retour à la case départ. La France insoumise, c’est le congrès de Tours 2. La fuite en avant. La course à l’abîme. Et tant pis pour ceux-là mêmes que l’on prétend défendre, l’essentiel, c’est de vivre en pureté oppositionnelle en attendant le Grand soir de la révolution de la France insoumise.

En refusant Macron pour mieux favoriser Le Pen, Mélenchon retombe dans le stalinisme mental, entraînant avec lui une partie de ses électeurs les plus sectaires. Les mots sont rudes? Oui. Nous en convenons. Mais ils sont justes. Parce qu’ils portent la vérité. Et de penser, ici, à ceux des électeurs socialistes qui ont abandonné l’inutile vote Benoît Hamon au nom de l’idée qu’ils se faisaient de la nécessité d’émettre un vote de gauche républicain exemplaire. Ils sont aujourd’hui les dupes du candidat Mélenchon. Trahis. Abandonnés. Derrière le masque de l’instituteur jaurésien citant Victor Hugo en jouant les Malraux au Panthéon se dissimulait un Thorez de l’époque. Un fils du peuple qui, au fond, se moque du peuple dès lors qu’il n’est pas conforme à sa conception du juste peuple. A méditer.

Mélenchon veut donc affaiblir le probable président Macron par tous les moyens, le tout en draguant en vue des législatives l’électorat lepéniste, d’où le sens et la portée de sa position. C’est ainsi.

Quant à Benoît Hamon, la faute relève d’un autre genre, sans aucun doute moins grave que celle du Jaurès factice de la place de la République, mais elle est aussi porteuse d’inquiétude.

Certes, Hamon n’est pas Mélenchon, qui a appelé à voter Emmanuel Macron sans ambiguïté aucune, conscient de l’enjeu principal. Mais pour le reste, le pire candidat socialiste de la Ve République depuis le congrès d’Epinay a persisté dans l’erreur.

« Je vote Macron, bien qu’il ne soit pas de gauche » a déclaré dimanche soir, dans la foulée de son désastre, Benoît Hamon. Comme si le candidat socialiste, fort de ses 6.3%, tout juste devant les 4.7% de Nicolas Dupont-Aignan, pouvait encore s’autoriser le luxe de distribuer les brevets de vertu en bonne et mauvaise gauche, gauche factice et gauche authentique. A croire que Benoît Hamon n’a rien compris du tournant historique qui s’opère sous nos yeux avec cet élection présidentielle.

La vanité de la posture hamoniste

La vanité de la posture hamoniste s’évalue en une constatation: la moitié des électeurs du candidat socialiste Hollande 2012 a voté Macron en 2017. Cette moitié ne s’est ni reconnue, ni identifiée au candidat de la gauche de la gauche du PS, frondeur soutenu par Christiane Taubira, Anne Hidalgo, Martine Aubry et Cécile Duflot… Et au lieu de lui parler, de la comprendre, de lui tendre la main, Benoît Hamon l’ostracise. Vous n’avez pas voté à gauche, honte à vous électeurs de gauche dit-il en substance. Est-ce le meilleur moyen de les convaincre de revenir dans la vieille maison aujourd’hui en ruine? Il est permis d'en douter.

Il fallait écouter, encore, Julien Dray ce dimanche soir, sur le plateau de France 2. Qui disait que Mélenchon et Hamon tournaient le dos, chacun dans leur genre, aux valeurs de la gauche en ne tendant pas la main à Emmanuel Macron. Qui racontait l’histoire d’un rendez-vous manqué entre celui qui était le meilleur d’entre eux placé en orbite par François Hollande, et la gauche socialiste et républicaine. Qui signifiait qu’en s’enfermant dans le sectarisme vis-à-vis d’En Marche et de son candidat, qui file droit vers l’Elysée, Mélenchon et Hamon, les Frondeurs et les Insoumis creusent en définitive leur propre tombe électorale et politique. Qui indiquait que la gauche du monde ancien était morte, et que rien ne pourrait la ressusciter si elle s’enfonce dans le sectarisme.

Passons au bilan. Au moins, Benoît Hamon, fautif politique, a-t-il sauvé l’honneur de sa campagne en appelant à voter Macron, même si dans des conditions qui mettent en danger la survie du PS… Quant à Mélenchon, fautif moral, le voici qui campe sur la même ligne politique que tous ceux qui se refusent aujourd’hui à voter Macron contre Le Pen, à savoir: le NPA de  Poutou, Sens Commun et Christine Boutin. Il est désormais utile de le savoir, les chemins de la France insoumise mènent à la soumission au Front national.

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