Attentat des Champs-Elysées : le témoignage poignant du policier qui a tué l'assaillant

Les policiers pris pour cible jeudi soir sur les Champs-Elysées ont été reçus ce lundi en fin de matinée place Beauvau. Le chef d'équipage s'est confié au Parisien sur l'attaque terroriste qui a coûté la vie à son collègue, Xavier Jugelé. 

    Les 4 fonctionnaires de la 32e compagnie d'intervention de la préfecture de police de Paris sont arrivés au ministère ce lundi vers 11h30, visages graves certains ayant les yeux rougis. Ils ont été reçus par le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, le directeur général de la police et le préfet de police de Paris. 

    Le chef de l'équipage de police, un brigadier de 44 ans, a livré «un récit circonstancié, bluffant de sérénité et de recul» selon l'un des participants. En sortant de l'entrevue, il a accepté de nous dire quelques mots, en hommage à Xavier Jugelé, 37 ans, son collègue tué sous ses yeux de deux balles de Kalachnikov dans la tête, alors qu'il se trouvait au volant du car. Deux autres policiers ont été blessés, dont l'un grièvement.

    «Les terroristes n'atteindront pas notre moral»

    Le terroriste, se souvient le chef d'équipage, «s'est présenté face au conducteur, ne lui laissant aucune chance. J'espère que Xavier n'a pas souffert.» «Puis l'assaillant a fait le tour du véhicule et ouvert directement le feu de nouveau sur nous. J'avais donné l'ordre à chacun de sortir. Si on avait été à l'intérieur, on serait tous morts. Le terroriste a pensé que nous étions plus haut sur l'avenue. Pour ma part, j'ai vidé mon chargeur, témoigne le brigadier, qui a effectué plusieurs stages au Raid, l'unité d'intervention de la police. Lui-même avait été brûlé au 3e degré devant l'hôpital Necker, lors des manifestations contre la loi travail, en juin 2016, lorsque sa compagnie est intervenue.

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    «Nous vivons un moment charnière, une période très instable sur le plan international. Mais nous sommes toujours là pour protéger et servir cette France qu'on aime. Ne vous y trompez pas, insiste-t-il, on va repartir sur le terrain. Sans jamais oublier Xavier. Sa mémoire vivra à travers nous. Les terroristes n'atteindront pas notre moral. Vous savez, policier, c'est plus qu'un métier, c'est une véritable vocation. Nous sommes là pour protéger et faire en sorte que les gens puissent vivre en paix. Chacun d'entre nous représente une petite brique du rempart édifié face au terrorisme.»

    Jeudi soir vers 20h45, les policiers ont riposté touchant l'assaillant, Karim Cheurfi, à 13 reprises. L'homme était un criminel lourdement condamné, ayant basculé depuis peu semble-t-il dans la radicalisation religieuse. Un morceau de papier manuscrit retrouvé près de son corps indiquait sa volonté de mourir en martyr au nom de Daech

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