Aulnay : presque 3 mois après Théo, la police municipale dérange toujours aux 3000

Presque trois mois après le viol présumé de Théo lors d’un contrôle de police nationale, les policiers municipaux subissent un accueil similaire à celui de leurs collègues de la nationale, dont quatre agents ont été pris à partie et blessés samedi soir. 

Archives.  La police municipale d’Aulnay — ici avec le maire (LR) Bruno Beschizza, a énormément de difficultés pour travailler dans le quartier des 3 000.
Archives. La police municipale d’Aulnay — ici avec le maire (LR) Bruno Beschizza, a énormément de difficultés pour travailler dans le quartier des 3 000. LP/OLIVIER ARANDEL

    Finis, les petits surnoms quasi-affectueux, du style « la mumu ». Place aux insultes et aux pavés. Dans le quartier de la Rose-des-Vents, à Aulnay-sous-Bois, la police municipale n'est plus vraiment la bienvenue — presque trois mois après le drame vécu par Théo, victime d'un viol présumé lors d'un contrôle de police nationale.

    Ils subissent désormais un accueil similaire à celui de leurs collègues de la nationale — dont quatre agents ont été pris à partie et blessés par une cinquantaine de personnes, samedi soir, aux 3 000, lors d'une interpellation.

    « Nos relations avec les jeunes de la cité ont radicalement changé », constate, très amer, Loïc Le Roux, directeur de la police municipale, qui compte 79 agents, soit le plus gros effectif pour une commune d'Ile-de-France.

    « Depuis le 2 février (NDLR : la date du viol présumé de Théo), nous sommes régulièrement caillassés dans le quartier, notamment au croisement des rues Edgar-Degas et Auguste-Renoir, là où a eu lieu l'interpellation de Théo », poursuit-il.

    En deux mois et demi, ses véhicules ont fait l'objet de 27 caillassages, alors que depuis 2014, on en dénombrait « trois ou quatre, au plus ». Ainsi, difficile de patrouiller aux 3 000 : « Avant, on intervenait à trois dans n'importe quelle cage d'escalier. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. Récemment, il a fallu huit agents pour une intervention… » Les attitudes ont changé, aussi. « Ceux qui nous caillassent ne s'enfuient même plus, c'est devenu banal. »

    Après l'affaire Théo, les policiers du 93 craignaient que toute la corporation ne trinque. (LP.)

    Alors, Loïc Le Roux tente de trouver des solutions. « Le mot d'ordre, c'est d'être exemplaire aux niveaux verbal et comportemental », assure l'officier de police. La mairie vient également d'acheter 25 caméras-piéton pour équiper ses patrouilles.

    « Il a été démontré que cela apaise les relations entre le policier et la personne à qui il a affaire, sans compter que cela oblige les agents à être exemplaire à tout moment », assure Loïc le Roux. Reste que c'est l'agent qui déclenche la caméra… quand il le souhaite — son fonctionnement n'étant pas automatique. Des formations hebdomadaires pour les agents ont aussi été « renforcées ».

    Enfin, une grande journée sur les relations police-population sera organisée le 24 mai à Aulnay, en partenariat avec l'association Prox'Aventure — des policiers de terrain bénévoles qui animent des ateliers sur leur métier.

    « On espère 2 000 jeunes de la ville, pour une dizaine d'animations : comprendre la légitime défense, un parcours pour aller chercher une victime, du self-défense… », énumère Loïc le Roux, qui compte bien déployer un maximum de policiers d'Aulnay sur l'opération. « L'idée, c'est que nous apprenions à nous connaître », estime-t-il, pointant le fait que ses hommes comptent « 45 nouveaux, qui ne connaissent pas les jeunes du coin ».

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