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Le siècle de Ieoh Ming Pei, créateur de la pyramide du Louvre

Ieoh Ming Pei en dix œuvres stars

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EN IMAGES - L'architecte sino-américain fêtera mercredi 26 avril son centième anniversaire. Célèbre pour avoir conçu la controversée pyramide de verre dans la cour Napoléon du musée français, il est aussi à l'origine d'un grand nombre d'édifices audacieux et vertigineux entre les États-Unis et la Chine.

Demain, mercredi 26 avril, l'architecte sino-américain Ieoh Ming Pei fêtera son centième anniversaire. En France, son nom reste dans l'ombre de sa plus médiatique réalisation: la pyramide du Louvre, construite dans la cour Napoléon en 1989 à la demande du Président Mitterrand. Après la Tour Eiffel en 1889 ou le Centre Pompidou en 1977, sa conception fut très controversée au sein de l'architecture parisienne. Elle est aujourd'hui un emblème de la Ville Lumière et du musée.

Ieoh Ming Pei aura 100 ans le 26 avril. Photo: Abaca press Abd Rabbo Ammar/ABACA

Ieoh Ming Pei est né à Canton en 1917. Au sourire malicieux derrière des lunettes rondes, l'architecte a été formé à l'école rationaliste. D'abord au MIT (Massachusetts Institute of Technology), puis à Harvard (1948) où il a été l'élève de Walter Gropius, fondateur du Bauhaus, et de Marcel Breuer, l'un des pères du modernisme. Recruté par le promoteur William Zeckendorg, il mène alors plusieurs études pour le cabinet d'immobilier Webb and Knapp à New York avant de fonder en 1954 sa propre firme qui deviendra la Pei Cobb Freed & Partners, aujourd'hui mondialement reconnue.

Dès lors, il conçoit de nombreux édifices aux États-Unis, puis dans le monde entier et notamment dans son pays d'origine, la Chine. En cumulant sens du vertige, inspiration cubiste et matériaux bruts (pierre, béton, verre et acier), l'architecte réalise notamment la JFK Presidential Library and Museum à Boston en 1979; la JP Morgan Chase Tower, plus haut gratte-ciel de Houston culminant à 305 mètres (1982); la Bank of America de Miami (191 mètres, 1986); la Bank of China à Hong Kong (305 mètres, 1990) et le Rock And Roll Hall of Fame de Cleveland en 1995 (qui ressemble étrangement à la pyramide du Louvre). À plus de 90 ans en 2008, il conçoit encore le magnifique musée d'art islamique de Doha au Qatar et l'année suivante le Macao Science Center en Chine.

Mais c'est en 1983, que la profession l'a officiellement consacré en lui décernant le prix Pritzker -équivalent du Nobel de l'architecture- pour son extension du Metropolitan Museum of Art.

La pyramide du Louvre, symbole de l'ère Mitterrand

Quelques années auparavant, en 1978, François Mitterrand -alors Premier secrétaire du Parti socialiste- l'a repéré, séduit par son travail sur la nouvelle aile de la Nationale Gallery of Art de Wahsington. Devenu président de la République, Mitterrand lui confie en juillet 1983 l'un des chantiers les plus délicats et les plus symboliques de son premier septennat.

Pour Pei, c'est non seulement son premier projet en Europe (viendront par la suite l'intérieur du Musée Guimet en 1989, la Tour EDF à la Défense en 2002, le Musée historique allemand à Berlin en 2004 ou la Tour Espace de Madrid en 2007) mais également la première fois qu'il intervient dans un monument aussi chargé d'histoire. Face au Louvre, il part d'un constat simple: «C'est un étrange musée dont l'entrée est invisible parce que latérale. Il lui faut une entrée centrale». Il imagine donc un complexe souterrain avec des éclairages zénithaux, mais la première mouture ne comporte pas de pyramide, seulement un accès par une rampe.

Dès la présentation de la maquette, la critique se déchaîne, menée par les quotidiens Le Figaro et Le Monde, sous la plume de l'historien d'art André Fermigier.

Une œuvre polémique puis iconique

Aujourd'hui encore, l'ancien ministre français de la Culture Jack Lang se dit «surpris par la violence des opposants». La contestation est encore plus virulente que pour le Centre Pompidou, inauguré en 1977. «La pyramide s'inscrivait dans un monument central de l'histoire de France et dans une période d'affrontement idéologique très fort», rappelle Jack Lang, qui a consacré un livre à l'histoire du projet (Les batailles du Grand Louvre, 2010, éditions de la RMN). L'un des épisodes les plus pénibles pour Ieoh Ming Pei a été son passage devant la Commission supérieure des monuments historiques en janvier 1984. L'ambiance est houleuse, confinant au racisme anti-chinois rapporte l'AFP «Ce fut une séance terrible», se souvient Pei qui n'a même pas pu présenter son projet.

Certains allaient jusqu'à imaginer une pyramide comme celle de Kheops qui écraserait le site. La transparence des matériaux restera d'ailleurs une des préoccupations de l'architecte qui fera fabriquer spécialement par la firme française Saint-Gobain un verre réservé jusque-là à de toutes petites surfaces. «Pei avait imaginé le hall sous la pyramide comme un espace entre la ville et les collections, une interface entre l'extérieur et les œuvres», rappelle le président du Louvre, Jean-Luc Martinez, qui a récemment fait réaménager le lieu avec l'accord de l'architecte.

Pourquoi ces transformations? Le Grand Louvre avait été conçu pour une fréquentation de 2 millions de personnes. Elles sont près de 9 millions aujourd'hui. «Des changements étaient nécessaires pour rendre la pyramide à son public», assure le patron du Louvre. «Elle est à la fois le «symbole de la modernité du musée» et «un emblème de Paris à travers le monde». Pour lui, «l'œuvre de Pei s'est élevée au rang d'icône au même titre que la Joconde, La Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace», œuvres star du Louvre.

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