Jour historique sans charbon en Grande-Bretagne
Par Anne Feitz
Ce n'était pas arrivé depuis l'ouverture de la première centrale électrique au charbon en Grande-Bretagne, il y a cent trente-cinq ans : le pays a passé une journée entière sans utiliser de charbon pour sa production d'électricité. Selon le gestionnaire du réseau britannique, le National Grid, l'arrêt de la centrale de West Burton 1, jeudi, a été suivie vendredi d'une période de vingt-quatre heures sans charbon, un record depuis les dix-neuf heures atteintes en mai 2016. « C'est une étape symbolique, l'entrée dans une nouvelle ère », a commenté Sean Kemp, chez National Grid. « Il y a dix ans, une journée sans charbon aurait été inimaginable », s'est félicitée Hannah Martin, chargée de l'énergie chez Greenpeace UK. Cette journée sans charbon a été rendue possible par le niveau de la consommation, particulièrement bas ce jour-là. Vendredi, 50 % de la production électrique a été assurée par des centrales à gaz, 18 % par des centrales nucléaires et 14 % par des fermes éoliennes. La Grande-Bretagne n'en a pas moins fait ce jour-là un pas important vers la transition énergétique du pays, alors que le pays avait été le premier au monde à utiliser du charbon pour produire de l'électricité avec l'ouverture par Thomas Edison de la centrale Holborn Viaduct, à Londres, en 1882.
Une sortie entamée depuis plusieurs années
S'étant fixé pour objectif d'avoir réduit ses émissions de CO2 de 80 % en 2050 par rapport à 1990, le Royaume-Uni a entamé sa sortie du charbon il y a plusieurs années. Le pays s'est engagé dans un programme volontariste de fermeture de toutes ses centrales à charbon d'ici à 2025. Il a aussi instauré une taxe carbone afin de pénaliser ce combustible deux fois plus polluant que le gaz. La part du charbon dans la production d'électricité, qui atteignait encore 40 % en 2012, est ainsi tombée à 23 % en 2015 et à 9 % l'an dernier. En France, le charbon a quasiment disparu, n'ayant représenté l'an dernier que 1,4 % de la production électrique.
Le remplacement du charbon est toutefois encore sujet à débat outre-Manche. Les énergies renouvelables sont montées en puissance (notamment l'éolien), ayant représenté l'an dernier 22 % du mix électrique, mais leur caractère intermittent nécessite d'autres moyens de production lorsqu'il n'y a ni soleil ni vent. Alors que le gaz a pour l'instant pris le relais du charbon, avec 40 % du mix en 2016, les énergéticiens sont encore réticents à investir dans de nouvelles centrales, faute d'incitations économiques suffisantes. A terme, à partir de la fin de la prochaine décennie, le gouvernement compte aussi sur le nucléaire pour assurer la sécurité énergétique du pays - d'où le projet d'Hinkley Point, dans le nord-ouest du pays, mené par EDF.
Anne Feitz