Les pharmacies, la nouvelle bataille du dimanche

Déjà ouvertes 24 heures sur 24, des officines viennent de créer une Union qui demande une dérogation au repos dominical, contre l'avis des organisations professionnelles.

 Boulevard Soult (Paris XIIe), lundi. Ouverte 24 heures sur 24, la pharmacie de la porte de Vincennes doit néanmoins fermer 11 dimanches par an.
 Boulevard Soult (Paris XIIe), lundi. Ouverte 24 heures sur 24, la pharmacie de la porte de Vincennes doit néanmoins fermer 11 dimanches par an. LP/PHILIPPE LAVIEILLE

    C'est la nouvelle bataille des pharmaciens. De ceux qui ouvrent non-stop, 24 heures sur 24. Des pharmacies à gros chiffre d'affaires et forte notoriété locale. Elles sont une quarantaine en France. Mais depuis deux ans, des arrêtés préfectoraux ou des décisions d'agences régionales de santé obligent certaines à fermer le dimanche au nom de la bonne organisation des gardes. D'autres travaillent, mais redoutent une interdiction. Une «inégalité de traitement et un paradoxe», dénonce François Ehrhart, pharmacien à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne) qui vient de créer avec douze autres officines l'Union des pharmacies 24 h/24 qui réclame une dérogation. «Il y a là une contradiction avec le Code de la santé publique qui autorise à ouvrir non-stop à condition de ne jamais fermer, pas même une heure», explique-t-il.

    Certains de ces militants* inattendus du travail dominical doivent donc baisser le rideau le dimanche à 8 heures jusqu'à 20 heures. «Là, il faut voir la queue en attendant qu'on ouvre!» rapporte François Ehrhart, qui emploie une soixantaine de personnes dans l'une des plus grosses pharmacies d'Ile-de-France. «La population ne comprend pas que l'on ferme quand l'offre est la plus faible, et alors qu'à côté des centres commerciaux sont ouverts.» Enfin, «on rend service toute la semaine, chaque nuit et jour férié, et il faudrait fermer le dimanche alors que nos stocks permettent de répondre à toutes les demandes?» s'offusque-t-il.

    «Travailler quelques heures quand c'est intéressant, c'est non !»

    Les principaux syndicats de pharmaciens ne sont pas favorables à cette ouverture. Ils redoutent que certaines des pharmacies concernées choisissent les créneaux les plus rentables, comme le dimanche matin, jour de marché. «Ces gens sont dans le business ! Nous, les syndicats, avons l'obligation légale d'organiser les gardes dans chaque département et les pharmaciens sont tenus de les assurer. Alors, si c'est juste pour travailler quelques heures quand c'est intéressant, c'est non !» réagit Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine.

    «Le repos dominical obligatoire est inscrit dans notre convention collective», rappelle de son côté Philippe Gartner, président de la FSPF, la Fédération des pharmaciens d'officine, qui défend «l'activité du pharmacien de garde contraint d'ouvrir de 9 heures à 9 heures le lendemain». A Toulouse (Haute-Garonne), une solution originale a été trouvée : c'est la «pharmacie de nuit», une officine ouverte de... 20 heures à 8 heures.

    * Deux pharmacies à Paris, à Lyon, à Nice et en Seine-et-Marne ; une à Lille, à Aix-en-Provence, à Troyes, au Mans et à Angers.