En 2012, la CFDT et la CGT avaient manifesté ensemble le 1er mai. Sur la photo, François Chérèque et Bernard Thibault, leurs leaders respectifs

En 2012, la CFDT et la CGT avaient manifesté ensemble le 1er mai. Sur la photo, François Chérèque et Bernard Thibault, leurs leaders respectifs

afp.com/THOMAS SAMSON

Avant le 23 avril, la CGT et la CFDT étaient pourtant d'accord pour une mobilisation commune en cas de qualification de Marine Le Pen pour le second tour.

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Mais, le 1er mai, "on ne va pas avec eux, ça, c'est clair". La déclaration mardi de Véronique Descacq, numéro deux de la CFDT, en direction de la CGT, donne une idée de la fracture entre les deux premiers syndicats français.

Le désaccord porte sur le mot d'ordre de la mobilisation: la CFDT, qui n'a pas défilé un 1er mai avec la CGT depuis 2012, entre les deux tours de la présidentielle opposant Nicolas Sarkozy à François Hollande, réclame un appel clair à "faire barrage au Front national", selon Mme Descacq.

La CGT, de son côté, mais aussi Force ouvrière et Solidaires, veulent un mot d'ordre plus large, avec également des revendications sur le pouvoir d'achat ou les salaires.

Pour pousser ces revendications, et aussi parce qu'"on a une conception du rôle du syndicat différente de la CFDT", FO "ne sera pas avec la CFDT, c'est clair", a expliqué de son côté son secrétaire général, Jean-Claude Mailly.

"La CFDT refuse de considérer que l'arrivée de Marine le Pen au second tour est aussi liée aux politiques d'austérité mises en place les cinq dernières années", relève Catherine Perret, membre de la direction de la CGT.

"Nous sommes dans une situation gravissime, plus grave qu'en 2002, parce qu'elle est structurelle et ce n'est pas gagné: Macron ne va pas faire 80% au deuxième tour", relève pour sa part Véronique Descacq.

Hormis les divergences autour du 1er mai, les organisations sont également parties en ordre dispersé sur les consignes de vote.

L'exercice est complexe pour les syndicats: le vote FN est présent dans leurs troupes. Selon un sondage Harris Interactive, lors du premier tour, la présidente du FN a obtenu le plus fort score au sein des sympathisants de Force ouvrière (24%). Elle a capté 15% chez les sympathisants CGT, 14% à la CFTC, autant à l'Unsa, 13% à la CFE-CGC, 13% chez Solidaires, 9% à la FSU et 7% à la CFDT.

En outre, hormis la CFDT, qui a validé la plupart des réformes du quinquennat, les syndicats sont également mal à l'aise pour soutenir un candidat, ex-ministre sous le quinquennat Hollande et artisan de lois sociales décriées (loi Macron, loi travail).

- "Pas des directeurs de conscience" -

Dès l'annonce des résultats du premier tour, la CFDT a appelé à voter pour Emmanuel Macron pour "faire barrage" à Marine Le Pen. Une heure après, son siège parisien était vandalisé.

Le lendemain, CFTC, Solidaires et FSU ont emboîté le pas, appelant à ne pas voter pour le Front national, sans pour autant inviter ouvertement à voter pour l'ancien ministre de l'Économie.

La CGT ne s'est prononcée que mardi, demandant à ses militants que "pas une voix" n'aille à la candidate du Front national.

Contrairement à la CFDT, qui a toujours dit qu'elle appellerait à faire barrage au FN, s'il se retrouvait au second tour, la CGT a longtemps entretenu le flou sur sa position. La centrale de Montreuil a été échaudée par son appel à "battre" Nicolas Sarkozy au second tour en 2012, interprété par ses troupes comme un franc soutien à François Hollande dont elle a par la suite, pendant tout le quinquennat, combattu la politique "d'austérité".

Force ouvrière, comme toujours, ne donne aucune consigne de vote. "Nous ne sommes pas des directeurs de conscience", a expliqué M. Mailly, tout en estimant que Marine Le Pen au second tour était "un problème démocratique".

La CFE-CGC n'a toujours pas indiqué la ligne à tenir à ses adhérents, mais devrait le faire cette semaine, de même que l'Unsa mercredi.

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