S’estimant «censuré», l’humoriste Pierre-Emmanuel Barré démissionne de France Inter

L'humoriste a diffusé ce mercredi sur Facebook la vidéo d'un sketch refusé par l'émission «La Bande originale». S'estimant censuré, il annonce au Parisien qu'il démissionne de la station. 

Pierre-Emmanuel a diffusé sur sa page Facebook une vidéo de sa chronique refusée.  
Pierre-Emmanuel a diffusé sur sa page Facebook une vidéo de sa chronique refusée.   FB

    «Salut Nagui, salut tout le monde! Ouh, ah non y'a personne en fait parce qu'on m'a demandé de ne pas faire cette chronique ce matin à France Inter». Ce mercredi sur sa page Facebook, le chroniqueur, Pierre-Emmanuel Barré, a diffusé une vidéo reprenant ce sketch refusé, mot pour mot.

    Avec son style «trash», l'humoriste y défend le point de vue des abstentionnistes, refusant de choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. En quelques heures, sa vidéo a été vue plus d'un million de fois.

    "Je sais pas qui va gagner le 7 mai, mais je peux déjà vous dire qu'il y aura 65 millions de perdants."

    Gepostet von Pierre-Emmanuel Barré am Mittwoch, 26. April 2017

    «Pourtant, j'ai fait bien pire»

    Joint par Le Parisien, le comédien annonce qu'il ne compte pas en rester là et qu'il claque la porte de l'émission «La Bande originale», animée par Nagui. «Quand on me demande ne pas faire une chronique, je démissionne, justifie-t-il. Alors, j'ai démissionné. Je n'aime pas être censuré. Là, trente minutes avant ma chronique, ils n'étaient pas d'accord avec l'idée générale. Pourtant, j'ai fait bien pire. Mais tout le monde est tendu en ce moment. Tant pis, ça va me permettre de partir en vacances avant l'heure».

    Nagui, animateur et producteur de l'émission, donne une autre version. «Sur le coup, je lui ai simplement dit qu'il n'était pas clair sur l'abstention. Qu'il casse Macron ou Le Pen, ok. Mais qu'il encourage l'abstention, c'est faire le jeu du FN. C'est ma responsabilité de producteur. Mais il a préféré ne pas venir à l'antenne. Après l'émission, je lui ai finalement proposé de faire sa chronique demain (jeudi) sans changer une ligne. Et moi, j'aurais ajouté un mot pour dire d'aller voter. Au lieu de ça, il a préféré le faire sur Internet. Libre à lui».

    Nagui : «Non, ce n'est pas de la censure»

    L'animateur réfute toute censure. «Mais non, ce n'est pas de la censure, surtout par rapport à la vraie censure qui risque d'arriver si Le Pen passe. Je suis sidéré qu'on banalise le fait que le FN soit au premier tour, qu'il n'y ait pas eu de manif. Certains observateurs sont même contents qu'elle ne soit pas arrivée première. Mais on est fous. Ajoutez à cela un long week-end. L'avenir de nos enfants se joue à très peu de choses. Alors, vraiment, encourager l'abstention, ça me parait irresponsable».

    «Nagui a été interloqué par la chronique car il a trop longtemps été victime du racisme ! Mais, chez nous, les chroniqueurs ont une liberté absolue, assure Laurence Bloch, la directrice de France Inter. Et Pierre-Emmanuel plus que les autres, Je l'ai défendu à chaque fois qu'il a été attaqué. Tant que je serai là, toute le monde pourra s'exprimer librement.»

    La radio publique laisse la porte ouverte à l'humoriste. «C'est regrettable et dommage de démissionner dans la presse… J'espère pouvoir lui parler demain (jeudi)», déplore Laurence Bloch. Pierre-Emmanuel Barré, lui, confirme au Parisien son intention de quitter le navire. «J'ai démissionné, ça ne risque pas de changer», assurait-il ce mercredi soir.