Italie : un Français passeur de migrants bénévole risque la prison

Tribunal Imperia, Italie crédit : capture d'écran Google Street View - 1280
La procureur du tribunal d'Imperia a requis trois ans et quatre mois de prison ferme contre Félix Croft © capture d'écran Google Street View
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avec AFP , modifié à
Le Niçois de 28 ans a été arrêté en juillet 2016 du côté italien avec une famille de cinq Soudanais du Darfour qu'il dit avoir rencontrés par hasard. 

Le tribunal italien d'Imperia doit rendre jeudi son verdict sur Félix Croft, un bénévole français. Le parquet a requis trois ans et quatre mois de prison contre lui pour avoir tenté de conduire une famille soudanaise en France. Après les poursuites engagées contre d'autres militants en France, cette affaire est une première côté italien dans la région de Vintimille, qui a vu transiter ces dernières années des milliers de migrants débarqués en Italie et cherchant à gagner le Nord de l'Europe.

Arrêté avec une famille de cinq Soudanais. Niçois de 28 ans, Félix Croft a été arrêté le 22 juillet 2016 du côté italien avec une famille de cinq Soudanais du Darfour - le père, la mère enceinte, deux enfants et un oncle - qu'il avait rencontrés par hasard dans un centre d'accueil de Caritas et décidé de ramener en France.

Pas d'"état de nécessité". Dans son réquisitoire prononcé mi-mars, la procureure Grazia Pradella a requis trois ans et quatre mois de prison ferme et 50.000 euros d'amende pour avoir transporté des clandestins, rejetant tout "état de nécessité". "Ces personnes pouvaient demander d'activer les procédures pour le droit d'asile [en Italie] mais elles ont exprimé la volonté de rester clandestines", a répliqué la procureure.

"Je ne considérerai jamais avoir fait quelque chose de mal ou contraire à la loi", a pour sa part assuré Félix Croft quelques jours avant le verdict. D'un naturel moqueur et ironique, il s'est pourtant dit inquiet. "Ça me fait un peu flipper, ma roue de secours est crevée !", a-t-il expliqué, soulagé uniquement par les assurances de ses avocats italiens sur le fait que le tribunal n'ordonnerait pas son incarcération à l'issue du verdict, attendu dans l'après-midi.

Du soutien en France. Un collectif de soutien a dénoncé "l'énormité des peines requises", rappelant que côté français, le tribunal de Nice a condamné l'agriculteur militant Cédric Herrou à 3.000 euros d'amende avec sursis pour avoir aidé des dizaines de migrants à venir d'Italie. "Moi, c'est pas une peine symbolique, mais de la prison ferme que la procureur a demandée, comme pour quelqu'un qu'on veut retirer de la société", a regretté Félix Croft, dénonçant "un procès politique".

L'Italie se durcit vis-à-vis des migrants. En Italie, son procès arrive au moment d'un changement d'humeur vis-à-vis de l'aide aux migrants, qui continuent de débarquer par milliers chaque semaine. Si le maire de Vintimille a finalement annulé il y a quelques jours son décret interdisant de donner à manger aux migrants, le procureur de Catane (Sicile) multiplie depuis plusieurs semaines les déclarations menaçantes contre les ONG affrétant des bateaux de secours en mer.