L'Assemblée de Corse siège sur fond de duel Macron-Le Pen

Par Anne.-C CHABANON

Deux jours intra-muros pour l'Assemblée de Corse qui se réunit dès ce matin. Au menu, seuls quelques dossiers devraient donner matière à un débat nourri. Mais ce n'est pas tant sur le front des rapports que l'on attend la discussion. Bien plutôt sur celui d'une présidentielle qui crée, depuis dimanche dernier, un véritable mal-être.

Pour le moment, rares sont les élus qui se sont véritablement positionnés entre les deux candidats encore en lice, accentuant la sensation d'un entre-deux politique incertain où ils sont peu à assumer leurs responsabilités d'hommes et femmes publiques. Le malaise est perceptible dans les rangs toutes tendances confondues, à commencer par ceux des nationalistes. On attendait donc avec d'autant plus d'impatience la réaction du président de l'Exécutif Gilles Simeoni, après celle en demi-teinte de Jean-Guy Talamoni. Elle est tombée, hier matin. Si jusqu'à présent, la majorité de la classe politique insulaire s'est timidement contentée de s'écarter de Marine Le Pen, Gilles Simeoni, lui, veut faire barrage au FN et choisit Emmanuel Macron. Il l'écrit.

Mea culpa

" J'estime qu'il est de mon devoir de président du conseil exécutif d'appeler les Corses à dire, par leur vote, "non" à Madame Le Pen. La décision de voter, lors du deuxième tour de scrutin, en faveur d'Emmanuel Macron n'est en aucun cas une caution ou un chèque en blanc à son égard. Elle est le moyen le plus sûr et le plus efficace d'empêcher la victoire du Front national".

C'est sous la forme d'une "déclaration" que s'exprime Gilles Simeoni. Le mot n'est pas anodin. Le président ne communique pas, il déclare, avec toute la solennité que recouvre le vocable. Ce qui traduit, même s'ils s'en défendent, l'embarras des responsables de la collectivité territoriale face à un scénario jusqu'alors impensable : la prégnance du FN dans les urnes. Un embarras à double détente.

Ni blanc ni abstention

Emmanuel Macron propose-t-il mieux ? la vraie question est ailleurs. Les nationalistes arrivés au pouvoir en décembre 2015 peuvent-ils assister en spectateurs à ce qui se passe sous leurs yeux, sur leur terre ? 

Pas du point de vue du Président de l'Exécutif. "Deux possibilités s'offrent aux nationalistes corses. S'abstenir ou voter blanc, en considérant par exemple que l'élection présidentielle ne concerne pas directement la Corse, ou encore que M. Macron n'a pris aucune position par rapport à la situation insulaire qui justifie un vote en sa faveur. Mais ce n'est pas, à mon avis, le choix qu'il convient de faire". 

Sera-t-il suivi ? Réponse dimanche 7 mai.

[...] l'intégralité de cet article dans le Corse-Matin du 27 avril