Deux ans après Charlie Hebdo : «Faire ce livre est une sorte de rédemption»

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    Deux ans après Charlie Hebdo : «Faire ce livre est une sorte de rédemption»
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Recueilli par Christine Roth-Puyo

L'urgentiste Patrick Pelloux publie «L'instinct de vie», un livre introspectif écrit deux ans après l' attentat de Charlie Hebdo. Ce samedi, il est le parrain de la promotion de Sciences Po à Toulouse qui portera le nom de Bernard Maris.

La reconstruction après l'attentat existe. Il est un vrai chemin de croix, hanté par la douleur et le traumatisme, assommé d'interminables nuits sans sommeil et mutilé par l'absence de l'autre. Que ressent-on face au drame absolu ? Peut-on guérir de l'innommable et surtout comment ? Ce sont ces questions, que le médecin urgentiste Patrick Pelloux pose dans le livre qu'il vient de publier, «L'instinct de vie» (1).

Quelques minutes après le massacre opéré au siège de Charlie Hebdo, en cette fin de matinée du 7 janvier 2015, il arrive sur les lieux du drame. Là, gisent ses frères et sœurs de longue date, douze morts et onze blessés dont quatre dans un état grave. Il aurait dû être parmi eux mais une réunion l'a tenu loin du carnage. Sur cette scène de guerre, l'urgentiste doit prendre les bonnes décisions. Il le fait à la manière d'un automate puis protège les survivants «pour qu'ils ne regardent pas»… Ce n'est qu'après «être allé jusqu'au bout» qu'est venue la sidération, «une bombe à fragmentation qui pulvérise le temps en différents instants». Entretien.

Comment est venu ce livre ?

Ça a été très progressif. Après avoir arrêté Charlie Hebdo, j'ai perdu l'usage de l'écriture pendant presque un an. Puis elle est naturellement redevenue ce qu'elle est, une nécessité. Il y avait le besoin de verbaliser. En discutant avec des collègues psychiatres et tous ceux qui s'occupent des psycho traumatismes l'idée a été de dire : je fais une expérience sur moi, je pose le regard sur le médecin malade pour servir les victimes.

Diriez-vous que la reconstruction participe à la fois d'un accompagnement et d'une démarche personnelle ?

Il y a la démarche personnelle et la nécessité que les proches, les amis comprennent qu'il faut aider et s'adapter. Souvent à vouloir trop aider, on devient maladroit. La présence peut sembler simple mais elle est peut-être ce qu'il y a de mieux. En ce sens, ce livre est plus un essai pour donner une méthode aux gens pour essayer d'aller mieux, avec l'aide des professionnels, en se protégeant des paradis artificiels quels qu'ils soient pour se reconstruire par petites touches.

Vous citez souvent «The rising» de Springsteen. Les paroles de cette chanson ont-elles été réparatrices ?

C'est drôle ce que vous dites car en fait, un créateur, un penseur comme Springsteen qui fait quand même beaucoup référence à des images bibliques – la rédemption, le fait d'être ensemble – ça aide. Ça crée de la douceur. Ce titre écrit après l'attentat du World Trade Center porte en lui quelque chose de très bienveillant. Tout un chapitre du livre est consacré à cet état d'être parce que je crois qu'il faut impérativement rechercher la paix après la violence que l'on n'a pas cherché à subir. Il s'agit de savoir comment se sortir des idées fixes, des cauchemars, des souvenirs et de la tristesse pour se diriger vers un renouveau.

Aux éditions du Cherche Midi. 15


À Toulouse le 29 avril pour Bernard Maris

Émotion. Le dernier chapitre du livre de Patrick Pelloux est consacré à sa bande de potes assassinée le 7 janvier 2015. Bien sûr y figure Bernard Maris dont il parle aujourd'hui… au présent.

«Bernard a quelque chose des grands hommes. Il est tellement accessible et tu as l'impression que ce qu'il fait est superfacile. J'ai beaucoup pensé à lui en écrivant parce que je me suis replongé dans des écrits de Freud sur le traumatisme et les névroses. Et Bernard voulait appliquer les théories freudiennes à l'économie. Le génie de cet homme, c'était de rebattre sans arrêt et avec une grande intelligence les certitudes pour mieux appréhender la société d'aujourd'hui. C'était un économiste parmi les plus fervents défenseurs de l'écologie. Il était un précurseur et je le regrette beaucoup. Bernard était un homme d'engagement, un père absolument merveilleux…» Patrick Pelloux parraine la promotion Bernard Maris à Sciences Po Toulouse ce 29 avril. La veille il dédicace à la librairie de la Renaissance de 15 h à 18 h ( 1 allée Marc Saint-Saëns).

Infos Pratiques

Date : 28 avril au 29 avril
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Les commentaires (2)
ju65 Il y a 6 années Le 27/04/2017 à 14:19

oui question naïve... ce qu'il a vécu personne ne devrait le vivre de nos jours et surtout en France ! si vous suivez un peu les informations durant et après les attentats il apparaît toujours en second plan dans les scènes ou hôpitaux. Merci M. Pelloux d'être celui que vous êtes

Il y a 6 années Le 27/04/2017 à 11:44

Question naïve, quand travaille le docteur urgentiste Pelloux?